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Le déserteur

Histoire d’une chanson « Le déserteur »

 

Hier, 21 Juin 2009, dans Vivement Dimanche avec Juliette Gréco à l'honneur, Michel Drucker fait une petite digression sur Boris Vian et "Le déserteur" et dans une approximation assez désinvolte, il explique que Boris Vian a réécrit quelques lignes de la chanson pour qu'elle puisse passer en radio...

Suggérons à Drucker de mieux choisir les collaborateurs qui le documentent, car si sa mémoire a des éclipses, il est notoirement connu que cette chanson est l'archétype de la chanson interdite de diffusion radio, et de vente (l'éditeur Salabert a dû retirer les petits formats des magasins) et ce, de 1954 à  1962. Sans faire un développement exhaustif, préciser que c'est Mouloudji qui l'a créée n'aurait pas été superflu.

Cette chanson donne toujours lieu à des commentaires d’autant plus animés que 54 ans après sa création, la légende s’enrichit, ou se déforme selon les témoignages et les interprétations qui en sont faites. En particulier sur les variations et modifications du texte initial, donc revoyons les faits

- Fevrier 1954 : Boris Vian écrit la base du texte qui deviendra "Le déserteur" sur une nappe de restaurant. Dans les variantes* qu'il a ébauchées, une première version émerge, « Monsieur le Président.... qui se termine par « ... que j’aurai une arme et que je sais tirer » qu'il propose à tous les chanteurs du moment, ou presque. Refus de la chanson, pour des raisons diverses, certains ont déjà des chansons antimilitaristes dans leur répertoire, d’autres refusent l’idée de la désertion, d’autres ont d’autres raisons . Seul Mouloudji accepte, mais il en discute certains points avec Boris Vian, ils sont très copains ; d’une part, Mouloudji est résolument pacifiste, il n’a jamais tenu un fusil de sa vie, et la fin le met en porte à faux avec ce qu’il est, d’autre part, dans le contexte de la guerre froide USA-URSS, il lui semble opportun d’élargir le débat. Réponse de Vian « mais c’est toi qui chantes Moulou, tu fais comme tu veux » et en accord avec Mouloudji, il réécrit le début et la fin, dans une version qu’il enregistrera en version mixte : « Monsieur le Président, » et avec la fin « que je n’aurai pas d’armes »

- Mouloudji interprète « Le déserteur » le jour de la défaite de Dien Bien Phu,  pur hasard, il apprendra la nouvelle le lendemain.

(Pour mémoire : tous les experts de toutes les armées du monde étaient d’accord sur un point, Dien Bien Phu (Muong Tanh) est un camp inexpugnable, car inaccessible aux véhicules blindés, chars, canons et autres fourbis militaires. Personne n’avait pensé à la possibilité de démonter tout l’armement, de l’acheminer sur des vélos, dans des sentiers de brousse invisibles du ciel, et d’installer sur les collines une ceinture de pièces de tir. Seuls les aviateurs avaient fait une réserve sur la position en cuvette, mais comme elle était en principe inexpugnable, on les a renvoyés à leurs machines volantes.

C’est donc un camouflet pour toutes les armées, surtout l’armée française ( uniquement des soldats de métier), que cette journée du 7 Mai 1954,  la guerre du Tonkin prend fin, et celle du Viet-Nam commence...

 

De plus, avec la fin de la guerre d’Indochine, on voit arriver quelques mois plus tard le début de celle d’Algérie. Avec la mobilisation du contingent qui va sensibiliser les français, les p’tits gars d’chez nous expédiés dans un département français pour cause « d’évènements », ça passe mal. Et c’est un chanteur nommé Marcel Mouloudji qui envoie Le déserteur dans les bacs à disques !

Le scandale est de taille, censure immédiate sur les radios, disque interdit à la vente. Pourtant en quelques mois, cette chanson est connue de tous les français. Parce que le tissu associatif, syndical, est très actif, et s’il n’y a pas de Zénith ou d’Olympia pour inviter Moulou, il y a les Maisons du peuple, les salles genre Mutualité, qui relaient efficacement ce qu’on n’entend pas à la radio, TSF pas encore transistor.

Toute la jeunesse française va chanter « le déserteur » dans la « version Mouloudji », que Vian enregistrera d’ailleurs, ce qui tend à démontrer qu’il avait avalisé cette version. Et puis, je ne suis pas certain que Vian ait tenu absolument à imposer la version agressive, lisez le texte, on a un mec qui va prêcher la paix sur les routes de France, inciter les gens à refuser la violence, et il aurait un fusil pour tirer sur les gendarmes ... ? ça me trouble un peu, il y a un hiatus que je ne comprends pas, provocation diront certains... Peut-être. Mais c’est une sorte d’option terroriste qui semble ne pas coller avec le personnage de la chanson. Cela dit, vu des années 2000, la glose est facile, en 1954, on est à 10 ans de la fin de la guerre, de la résistance, avec certains policiers collabos, on peut imaginer qu’un fusil était un argument obligé dans les discussions.

Mais ce n’était pas l’option de Mouloudji, le fusil. Et quand 10 ans plus tard en 1965-66, un chanteur reprend « Le déserteur » ‘version avec fusil, c’est un peu facile de reprocher à « un certain » d’avoir trahi Vian. Reggiani réitérera ce propos en 1998 ou 1999, Vian et Mouloudji n’étant plus là pour préciser les choses, et le contexte de la première version.

Et c’était en 1954 qu’il fallait y aller en front de scène, pas en 1964.

Parmi les nombreux interprètes qui ont choisi de mettre « le déserteur » à leur répertoire, bravo à Peter Paul and Mary (les premiers aux USA), à Joan Baez et à ces américains qui la chantaient pendant la guerre au Viet Nam, ils chantaient aux USA, pas sur les Champs Elysées**, où c’est plus facile de crier Paix au Viet Nam qu'à Washington.

Pour ce qui est des choix à faire dans ce genre de situation, on peut réfléchir à ce que disait il y a 2 ou 3 ans un des derniers poilus de 14-18,

Devant moi, il y avait les allemands, derrière moi, il y avait ma famille, qu’est-ce que je pouvais faire ? vous croyez que j’avais le choix ??

Et pour finir en chanson, « la guerre va chanter » de Guy Béart sera un écho tout à fait en accord avec la parole du poilu de 14-18.

 

La guerre va chanter ses hymnes de colère

Moi je ne chanterai ni tout haut ni tout bas

Les mots d’amour ici sont de haine là-bas

J’attendrai ton retour, Il pleut il pleut bergère

Sont des chants de combats repris par mille voix

....

La guerre va finir aux nouvelles dernières

Même si la victoire éclate sur mon seuil

En musiques de joie en drapeaux crève l’œil

Elle est toujours perdue toujours perdue la guerre

Le jour de gloire est là et c’est mon jour de deuil

 

Mais quand je vois venir déguisés en colombes

Et la musique en tête une bande d’exaltés

Pour ne pas vivre esclave il faudra bien lutter

J’irai jusqu’à brandir le fusil ou la bombe

En chantant avec vous vive la liberté.

 

Quelques notes biographiques sur Mouloudji

Moulou.jpgUn des artistes les plus attachants de sa génération, dont la modestie chronique a été sans doute le handicap majeur pour faire « vedette ». Adolescent, il est accueilli par la bande à Prévert; grâce à Sylvain Itkine, metteur en scène du Groupe Octobre ; avec son frère André, c’est un de ces gamins de Paris qui vivent et se débrouillent comme ils peuvent, (toujours honnêtement, on récupère les légumes jetés sur les marchés pour les recycler, et les vendre au détail), mais qui se sont ouverts sur le monde par les associations issues des courants coopératifs, anarcho-libertaires, syndicalistes, ou ajistes (Auberges de jeunesse).

 

C’est Marcel Duhamel qui sera sa famille adoptive, comme Prévert et Grimaud composeront la seconde famille de Crolla. Mouloudji commence dans le cinéma, en 1936-37, puis pendant la guerre, il s’essaie au tour de chant, des textes poétiques accompagnés par la guitare de Crolla, trop décalés dans les ambiances swing exubérants des années de guerre.

Son premier livre, Enrico (en clin d’œil à son copain Crolla) est salué et récompensé par le prix de la Pléïade, en 1945, néanmoins, il n'aura  jamais la tête boursouflée, doué pour la comédie, la peinture, l’écriture, c’est la chanson qui lui vaudra la notoriété. C’est un pur héritier du Groupe Octobre qui ira toute sa vie au devant des publics populaires là où ils sont, dans les usines, dans les banlieues, et il est un des champions des galas de soutien.

Un citoyen résolument humaniste faisant les choses sérieusement sans se prendre au sérieux,

un des premiers à s’affranchir du carcan des majors pour créer un label indépendant, pour être libre de ses choix artistiques. Et quand il fera de l’édition, un des premiers auteurs qu’il publiera est le formidable Bernard Dimey.

Sa réserve est due à sa timidité naturelle, et le fait que fréquenter au quotidien les frères Prévert, Grimaud, Fabien Loris, le peintre Yves Tanguy, Sartre et Beauvoir relativise quelque peu l’ego, surtout pour un gamin des rues face à ces grands intellectuels. (son roman ‘Enrico’ est dédié « Au Castor »)

Le parcours de sa vie prouve qu’il n’a jamais trahi son enfance, qu’il n’a pas vendu son âme aux marchands, et « le déserteur » n’a jamais déserté le combat de la vie.

Dans plusieurs livres autobiographiques, il se raconte, avec beaucoup de pudeur, et de respect pour les gens célèbres qu’il a côtoyés de très près ; sans forfanterie, ce plumitif ou plumiteux, comme il se définit parfois, garde toujours une élégance distanciée et un regard amusé sur les agitations du monde... Communiste par mon père, catholique par ma mère, un peu juif par mon fils, athée ö grâce à Dieu... ‘(Autoportrait)

Avec cette chanson, (Le déserteur) on a un parfait exemple du rôle décisif de la scène dans l’expression libre. Une chanson peut être censurée par la production ; quand elle est enregistrée, elle peut être censurée par les diffuseurs, ou les distributeurs (comme Allah, de Véronique Sanson) ou interdite à la vente, mais personne ne peut empêcher un artiste de s’exprimer en scène. Malgré le consensuel ambiant qui gomme les aspérités (pas de crime économique en diffusant un opéra à 20h30, ou une chanson qui segmente, ou qui provoque, tiens comme ce titre de Tachan, « fais une pipe à pépé » peu de chances qu’une grande chaîne invite Henri Tachan, toutefois, on a pu entendre Agnès Bihl chez Drucker... (invitée par Ségolène Royal, faut pas rêver... ce qui prouve qu’on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle

Norbert Gabriel

 

*Variantes: dans une des variantes, l'humour iconoclaste de Boris Vian lui inspire  "ma mère est dans la tombe et se moque des vers" ... Il l'interprète lui-même dans un album qu'il a enregistré, mais il est pratiquement le seul à avoir osé ce jeu de mots, car de qui se moque-t-on? Des poètes ou des animaux pluricellulaires sans mains ni pieds... ? Sacré Boris !

** "Pauvre Boris" de Jean Ferrat, pour une mise au point. C'était en 1966.

Tu vois rien n'a vraiment changé
Depuis que tu nous a quittés
Les cons n'arrêtent pas de voler
Les autres de les regarder
Si l'autre jour on a bien ri
Il paraît que " Le déserteur "
Est un des grands succès de l'heure
Quand c'est chanté par Anthony
Pauvre Boris

Voilà quinze ans qu'en Indochine
La France se déshonorait
Et l'on te traitait de vermine
De dire que tu n'irais jamais
Si tu les vois sur leurs guitares
Ajuster tes petits couplets
Avec quinze années de retard
Ce que tu dois en rigoler
Pauvre Boris

(...)

Ils vont chercher en Amérique
La mode qui fait des dollars
Un jour ils chantent des cantiques
Et l'autre des refrains à boire
Et quand ça marche avec Dylan
Chacun a son petit Vietnam
Chacun son nègre dont les os
Lui déchirent le cœur et la peau
Pauvre Boris

On va quitter ces pauvres mecs
Pour faire une java d'enfer
Manger la cervelle d'un évêque
Avec le foie d'un militaire
Faire sauter à la dynamite
La bourse avec le Panthéon
Pour voir si ça tuera les mythes
Qui nous dévorent tout du long
Pauvre Boris

Tu vois rien n'a vraiment changé
Depuis que tu nous a quittés

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Histoire de photos...

 robert capa,les frères jacques,valérie mischler,lili cros,thierry chazelle,annick roux

C´que c´est beau la photographie
Les souvenirs sur papier glacé
Pas d´raison pour qu´on les oublie
Les beaux yeux, les beaux jours passés

C´que c´est beau la photographie
Le soleil qu´on fait prisonnier
Pas d´raison pour qu´on les oublie
Les p´tites femmes en p´tite robe d´été

En noir et blanc au 1/50ème
Ça fait d´l´effet sur l´amateur
Et c´est pas rare qu´on s´en souvienne
Comme si elles étaient en couleurs
...
En noir et blanc, on voit pas comme
Ça fait d´l´effet sur l´amateur,
Mais qu´une main ouvre l´album
Et tout se retrouve en couleurs
...
Attention 1, 2, 3, j´appuie!
On sourit pour l´éternité.

 

In illo tempore, comme disait Jules à César, en ce temps-là, la photographie, c'était du boulot, je ne vous parle pas du temps des pyramides où on gravait au petit burin les images sur des obélisques, mais du temps plus récent de l'argentique. Et des émotions que peuvent faire naître des images photographiques. Celles qui naissent de clichés parfois un peu maladroits, mais tellement riches de sensations. Celles qui sortaient des boîtiers rustiques, films qu'il fallait développer, puis tirer sur papier, brillant ou mat, chamois ou granité… Celles qu'on mettait sous cadre, ou dans un album. Celles que la perfection technique des boîtiers hyper techno des années 2000 ont parfois oublié dans l'obsession de la définition maximum. Glacée souvent

 

 

RobertCapa-Leica.jpgIl y a 70 ans et quelques jours, le 6 juin, un reporter de légende, Endre Ernő Friedmann , dit Robert Capa, débarquait sur la plage d'Omaha Beach, en Normandie... Au cœur de l'action, il utilise le Leica III, léger, solide, maniable, et il fait 119 photos. (soit 4 films de 36 poses) les films sont envoyés au labo de Life en urgence absolue, et le laborantin fait une fausse manœuvre en séchant les films, trop chaud, la gélatine fond, et on sauve 11 photos, qui vont entrer dans la légende. Parce que le flou du support fondu donne à ces images une intensité dramatique qu'aucune photo parfaite n'aurait pu restituer. On voit le mouvement, on devine la tourmente …

 

Robert-capa-debarquement-normandie--2-.jpgAvec nos supers boîtiers high tech numériques, à la définition ultra piquée, pourrions-nous retrouver cette intensité ? Certes, on pourrait lire le matricule du G.I ou compter les poils de sa moustache, comme dans une photo bien posée. Trop parfaite pour être vraie ?

 

On peut aussi se souvenir que le studio Harcourt, et les grands portraitistes des années 35-40 qui travaillaient avec des chambres grand format dont le «négatif» faisait parfois 30 cm sur 40, mettaient un tulle très fin devant l'objectif pour adoucir le piqué trop précis, et donner un grain de Jo Baker  harcourt.jpgpeau plus flatteur...

Et qui savaient aussi saisir un regard.

 

 

 

Et souvent la question se pose, qu'est-ce que je veux montrer ? Qu'est-ce que je montre ? Qu'est-ce qui est vu ? C'est plutôt en partant de la dernière proposition qu'il arrive parfois qu'une photo montre ce qui reste dans l'esprit du public après un spectacle.

 

A Roux 16 mai sépia 3 AAA 1584x1706.JPGPar exemple après un spectacle d'Annick Roux, autour de Francis Blanche...

 

Un regard ou deux avec Lili Cros et Thierry Chazelle,

Lili Thierry duo 1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

ou une ambiance particulière en semi clair obscur... avec Valérie Mischler

valérie Mischler 24 janvier 080  atmosphère gros plan 24-01-2013 20-33-16 826x822.jpg

 

 

 

C´que c´est beau la photographie
Les souvenirs sur papier glacé
Pas d´raison pour qu´on les oublie
Les beaux yeux, les beaux jours passés...

 

 

Avec les Frères Jacques pour la chanson...

et merci à l'écureuil curieux.

Norbert Gabriel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Histoire et chanson « la nueve »...

 

Avec un chant républicain

L'Espagne enfuie des catacombes

Un peu de terre dans les mains

Une espérance vagabonde

Avec son casque américain

On l'a pris pour le Nouveau Monde

Portant l'espoir du monde ancien

Quand dormaient toutes les colombes...

 

Un nuage espagnol oublié quand l'histoire à la mémoire qui flanche.

la nueve AAA.jpg1944 : Des anarchistes pacifistes ont libéré Paris … La nueve était une unité de la division Leclerc, composée de républicains espagnols en majorité anarchistes, unité commandée par le capitaine Dronne, dont la jeep avait été baptisée « Mort aux cons » Lorsque le Général de Gaulle arrivé à Paris se trouvera face à la jeep du capitaine Dronne, il aurait déclaré dans un soupir "Lourde tâche, vaste programme"
La compagnie enrôla quelques 150 républicains espagnols souvent libertaires, mais aussi des soldats français, sous commandement français.

 

Ces républicains s'étaient engagés dans l'armée américaine, et c'est en uniforme US sur des véhicules US qu'ils sont entrés dans Paris, en avant garde, précédant les chars de Leclerc trop lents. Cette avant garde a été ensuite la garde rapprochée de de Gaulle défilant sur les Champs, puis elle a continué sa marche en avant jusqu'à Berchtesgaden, laissant l'essentiel de ses hommes morts entre la France et l'Allemagne. Ce qui explique en partie le rapide oubli de tous, y compris du général de Gaulle, mais un livre et une chanson font revivre cette mémoire occultée

 

Il faudra bien, un jour, crier dans le silence

Qu'un nuage espagnol a libéré Paris

Avec un chant républicain

L'Espagne enfuie des catacombes

Un drapeau noir un peu carmin

Une espérance vagabonde

 

Dans cette reconquista de la liberté, les Espagnols donnèrent à leur véhicules des noms rappelant pour la plupart des événements de la guerre d'Espagne. La 1ère section de combat baptisa ses véhicules « Don Quichotte », « Cap Serrat », « Les Pingouins » (d'après le surnom donné par les soldats français aux Espagnols ou « Espingouins » (le nom de « Buenaventura Durruti », proposé par des anarchistes, fut refusé par les supérieurs français), « Madrid » et Guernica. La 2e section de combat donna à ses haltracks les noms de « Résistance », « Teruel », « España Cañi » « Libération »), « Nous Voilà »et « Ebro ». Et la 3e section de combat baptisa les siens « Tunisie », « Brunete », « Amiral Buiza », « Guadalajara », « El Canguro » et « Santander »; les noms de « Catapulte », « Belchite », Rescousse pour le halftrack de dépannage.

half track.jpg<---  Le half-track “Guadalajara”, premier véhicule a être entré sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris, le 24 août 1944.à 21h 22.

 Alors que l'histoire donne le 25 Août pour la libération de Paris.

Il y eût quelques survivants. Luis Royo est le seul membre de la Nueve à avoir reçu un hommage officiel de la mairie de Paris et du gouvernement espagnol en 2004 à l’occasion de la pose d’une plaque sur le quai Henri-IV près de l’Hôtel-de-Ville. En 2011, surveillés de près par la police, une poignée d’ami-e-s de la République espagnole, dont Evelyn Mesquida, s’est regroupée dans l’indifférence quasi générale lors de la commémoration de la libération de Paris.

Une plaque similaire a été posée square Gustave-Mesureur, place Pinel (Paris 13e), une autre au centre de la Colonne_Dronne,_Place_Nationale,_Paris_13.jpgplace Nationale, (Paris 13e).

L'essentiel des données de cet article vient du Forum Anarchiste,

http://forum.anarchiste-revolutionnaire.org/viewtopic.php...

(la chanson de début est de Serge Utgé-Royo, album « L'Espoir têtu » 2013.)

 Il y a quelques années un des derniers de ces républicains réfugiés en France, qui les a très mal traités, c'est le moins qu'on puisse dire, témoignait et avait terminé sur une note douce amère, « nous avons perdu toutes les batailles (de la guerre d'Espagne) mais c'est nous qui avions les plus belles chansons. » La Nueve a gagné sa bataille de France, et comme dit la chanson-drapeau, 

 Pour l´anarchiste à qui tu donnes, l'espoir têtu,libération de paris,républicains espagnols,anarchistes libertaires

Les deux couleurs de ton pays,

Le rouge pour naître à Barcelone,

Le noir pour mourir à Paris

Thank you Satan, mais pour Paris et la France, gracias compañeros !

Une des plus anciennes, de 1806,     « El paso del Ebro"   https://www.youtube.com/watch?v=NgQOkPE0rTI

 autre version https://www.youtube.com/watch?v=Fko5fYIBJFU

 et aussi Canciones de la Guerra Civil Española « Si me quieres escribir » https://www.youtube.com/watch?v=JLxa33HR3gY "si tu veux m'écrire.."

Dans son fameux discours "Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière : c'est-à-dire de la France qui se bat. C'est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. »  le général incluait donc dans le peuple de la France éternelle, la Nueve, que l'histoire, et lui-même oublieront très vite. Cette armée des ombres qu'il rejettera dans l'ombre. 

N'empêche, Paris libéré par des anars espagnols libertaires, ça montre que Don Quichotte n'avait pas tort en s'attaquant aux moulins à vent, ils peuvent vous envoyer dans les étoiles. On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.


Norbert Gabriel

 

 avec la participation musicale de Serge Utgé-Royo, Léo Ferré, pour les extraits de chansons.

 Voici la compagnie La Nueve, au début de la guerre, sur les 144 espagnols 128 sont morts au combat, seuls 16 en sont revenus.

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NB (le 3 janvier 2014)  ci joint le lien d'un excellent article sur la Nueve et la libération de Paris

http://florealanar.wordpress.com/2012/08/25/la-veritable-histoire-de-la-liberation-de-paris/

 Avec la jeep du capitaine Dronne  "Morts aux cons"  Vaste tâche, lourd programme; dit de Gaulle

 

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Histoire de bouche

 

Histoire de bouche....

Ou « la conjuration des forces obscures....... »

 

Mon Dieu quel bonheur d’avoir un mari qui bricole, chantait Patachou... Quand il a écrit cette chanson Brassens montrait que le poète a toujours raison qui voit plus haut que l’horizon, et le futur est son royaume. Comme disait Ferrat.

En ces années 1953-54, la bricolomanie balbutiait entre bout de ficelle et boite de clous, le vrai bricoleur n’avait besoin que d’un couteau suisse, un peu de chatterton et un morceau de fil de fer (galvanisé) pour refaire quasi neuf le vélo de grand père, millésimé 1910, le vélo, pas le grand père, et le relancer sur les routes des vacances, je parle toujours du vélo.

Avec dans la musette, quelques œufs durs, des carrés de chocolat, une banane, un trognon de pain, et une ou deux Vache qui Rit, (ou Veau qui pleure, ou Vache sérieuse... ça existait aussi) ces triangles de crème de gruyère qui égalent le triangle des Bermudes en matière de mystère insondable. Le triangle de fromage fondu enveloppé d’un pyjama de papier aluminisé très près du corps est adorné d’une petite languette rouge, qui fait joli, et qui est, en principe, conçue pour éplucher facilement la victuaille. Toutefois, ainsi que l’a relaté l’éminent Pierre Desproges, il est avéré que l’assembleur de ce trinôme, fromage+enveloppe+languette devait être un pervers chafouin modèle haute compétition, car le dépiautage d’une crème de gruyère a toujours été un exercice de haute précision. De crise de nerfs parfois. Et de questions irrésolues ( C’est là que ça rejoint le triangle des Bermudes, dans les mystères inexpliqués)

De plus, cet inventeur était un précurseur, un prophète des temps où la conjuration des forces obscures atteindrait le zénith de son efficacité.

1 - Le moindre observateur des choses de la vie moderne peut vérifier la prolifération des enseignes de bricolage, première constatation.

2 - Le plus distrait des consommateurs a vécu personnellement les affres d’avoir à désincarcérer un CD de son habit protecteur : le film transparent se rit de vos ongles affûtés, il ne cède que devant l’Opinel affûté que vous cachez au fond de votre sac (arme de 6 ème catégorie, si-si, voyous présumés que vous êtes) quant au Laguiole éventuel, là, vous êtes un redoutable terroriste potentiel... mais bon, il faut avoir un Opinel dans son sac... pour couper le saucisson que vous n’avez pas oublié d’emmener au cas où.

Si ce n’est un CD, un DVD, ça peut être un objet, une babiole de 3 ou 4 euros, tiens une clé USB, protégée dans un emballage probablement mis au point par les ingénieurs de la Nasa pour la navette spatiale ... le genre de truc qui pourrait passer 3 siècles dans un égout sans subir d’altération notable... Une matière plastique dure qui nargue l’Opinel, seule la pince coupante en vient à bout sans risquer de se transpercer la main (avec l’Opinel qui dérape) ou un sécateur, qui est rarement l’accessoire ordinaire d’un citoyen urbain résidant au 5 ème gauche. En revanche, le rural est armé d’outillage idoine pour résoudre ces problèmes, la clé  USB ne tient pas le siège plus de 30 secondes, le temps d’aller chercher le sécateur, à condition qu’il n’ait pas été oublié quelque part dans le jardin. Mais pour la crème de gruyère, le citadin et le rural sont à égalité. La languette rouge vous fait de l’oeil, on tire dessus, ça déchire un lambeau, et si vous tenez la chose trop fermement, ça s’écrase... Bien sûr, on peut mordre dedans, puis essayer de trier avec la langue les bouts d’emballage et le fromage, en recrachant les bouts de papier, mais franchement, c’est pas très glamour.

Devant l’énigme toujours renouvelée du mystère de la languette rouge qui devrait mais qui ne fait pas, je m’interlocute sur les incohérences du monde moderne. Je clique sur un clavier d’ordi pour savoir le temps qu’il fait dans la rue d’à côté, avant même que j’aie le temps de dire à mon chat, bouge pas, je vais voir sur le balcon s’il fait beau, j’ai la réponse. Ma question est partie de mon clavier jusqu’à un satellite qui vadrouille dans la stratosphère, le satellite la renvoie vers une banque de données qui va voir le temps qu’il fait dans la rue d’à côté, la réponse refait tout le chemin en sens inverse, allez dans les 10 000 kms, ça revient dans mon ordinateur qui l’écrit sur l’écran, j’ai déjà l’info quand mon chat me répond, j’en viens du balcon, c’est couvert avec température plus basse que les moyennes saisonnières.

On en est là, c’est prodigieux, mais les crèmes de gruyère ne sont guère plus accessibles en 2009 qu’en 1953, c’est là qu’on mesure toute l’incohérence du monde. On est peu de choses, finalement, quand une crème de gruyère résiste à vos assiduités alimentaires.

Et là, devant ce défi insolent et sarcastique, me vient l’image de la languette rouge de la Vache qui rit (je comprends maintenant, pourquoi elle rit, la vache) avec en voix off, le refrain pétulant « chez Casto y a tout s’qu’il faut »*... et j’entrevois la dimension de la conspiration, la collusion occulte entre les fabricants d’emballages quasi inviolables et les fournisseurs d’outils, perceuses, scieuses, chalumeaux, marteaux piqueurs : c’était pour ouvrir tous ces emballages hyper résistants.

Casto se parfume l’ego d’avoir tout, et même plus, Leroy s’est adjoint l’enchanteur Merlin pour parer à toute éventualité, on n’est jamais trop prévoyant... et personnellement, je vous conseille vivement de ne pas oublier la trousse des premiers secours, avec le numéro du Samu écrit en gros dessus. Et contenant un assortiment de tous les machins de la pharmacopée des psychotropes, tranquillisants, euphorisants dont les français usent et abusent parait-il. En enrichissant les laboratoires prospères dont les intérêts sont évidemment liés à ceux des producteurs de fromage fondu et aux fabricants d’outils pour bricolomaniaques, c’est la preuve : ils sont intimement associés dans la conspiration, tout se tient.

Avec la boîte à outils modèle super pro-bricolo new âge, vous êtes quasiment parés pour ouvrir les fromages, les CD/DVD sous scellés, les tranches de jambon polyphosphaté et autres succulences des temps modernes calfeutrées dans leurs armures made in dérivés du pétrole. C’est beau le progrès. Prévoyez aussi un mini labo d’analyse, pour bien mesurer le progrès qui prend soin de vous. La preuve ?

 

Le groupe Lesieur dorlote les consommateurs avec autant de considération qu’un moteur automobile, puisque de l’huile de moteur importée de l’Est a été incorporée dans ses produits alimentaires, et il y a une flopée !!! Voilà, ça vient de la région de Tchernobyl, (!) il y a environ 40 millions de litres d’huile frelatée – à moins de 10%, c’est pas grave dit l’Etat – Allez, une vinaigrette à l’huile de moteur tchernobylée, vous êtes dans le 3 ème millénaire. Ci-dessous le lien avec les marques pouvant vous faire bénéficier de ces produits hautement sophistiqués (au sens propre, si j’ose dire, c'est-à-dire selon Littré ; Sophistication : action de dénaturer une substance médicamenteuse ou alimentaire par le mélange frauduleux de substances inertes ou de qualité inférieure.

On ne saurait mieux dire.
http://www.unilever.fr/ourbrands/foods/default.asp

 

Et ma vache dans tout ça ? elle rigole, parce que la languette infernale n’a rien à voir avec les mutations génétiques, c’est juste l’invention d’un bricolo qui voulait faciliter l’ouverture des enveloppes de courrier. Pour le courrier, ce fut raté, mais ce fut rapté par le fromager fondu de triangle de crème de gruyère. Avec le succès qu’on sait.

Néanmoins, malgré tous ces déferlements de technologies de pointe, on n’a toujours pas élaboré la biscotte capable de supporter le tartinage de beurre sans s’effriter en miettes... Vous me direz qu’il y a toujours la confiture... je ricane, toutes, je dis bien toutes les biscottes ont des trous pour que la confiture dégouline, c’est automatique. Ah , oui, tiens  ? on me souffle que chez BricoTruc, il y a des combinaisons jetables en matière non tissée... je vais pouvoir me tartiner une biscotte avec la confiture que je veux sans être obligé de me passer au karcher après ripaille.... On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 

*  "Chez Casto y a tout c'qui faut"  auteur le crooner Lucky Blondo, information transmise par l'érudit Michel Gosselin, dont l'Usine à sons mérite le détour, et même le voyage, c'est là:  http://www.usineasons.com/

Pour la BO, on peut écouter :

- Georges Brassens « le mari bricoleur »

- Jean Ferrat ( et Aragon) « le femme est l’avenir de l’homme »

- Les Frères Jacques « la confiture »

- Chanson "Patalo" des Têtes raides, "Micro-ondes" de Chanson Plus Bifluorée...

Et « Le moral des ménages » de Céline Caussimon (hautement conseillé)

 



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Histoire d'une photo, Lola et la musique...

Préambule musical,


 

C'était juste après le premier confinement, la première opportunité d'écouter de la musique, La Chope de Puces s'était délocalisée dans l'impasse voisine, et les musiciens étaient venus pour des retrouvailles joyeuses, toniques, amicales, Il y avait les frères Krief, Maxime Bousquet ( sur la photo) et aussi Steven Reinhardt, Alban Chapelle, Marcel Campion, Benji Nini Winterstein, et quelques autres, et .. Lola !

Lola Danse joie 24-05-2020 17-20-47 2639x2047.JPG

Parfois en suivant les leçons de Doisneau, on essaie de trouver un décor, où il peut se passer quelque chose, on ne le saura que le moment venu. Vers 17 h 15, face aux 3 musiciens, il y a une petite fille qui danse, ça swingue allegro vivace, et 3 mn après, Lola danse sa joie.. Ce 24 Mai, il est 17h 20 mn 47 sec, ce sera ma photo de l'année 2020. Un moment de grâce, de joie de vivre, de bonheur et de partage avec tous ces amis qu'on découvre... Aller à La Chope des Puces, cette année, c'était l'art des rencontres, selon le proverbe irlandais :

                                   L'étranger est un ami qu'on ne connait pas encore

Merci à Lola, Elise, Sylvie, aux musiciens, pour ces jours où la vie a mis sa robe blanche.

Et ces moments perdurent en 2021, dans la salle, sur le trottoir, vivement le printemps que ça danse dans la cour, sous les arbres,

Ne pas se taire
Rêver toujours
Pleurer parfois
Chanter encore

A la folie
Aux rêves
A la vie
 Dément Songe ?

 

 

Norbert Gabriel

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01/01/2021 | Lien permanent

Radio days and french folies


Ça me rappelle un refrain qui disait :

Pour être encore en haut d'l'affiche
Faudrait qu'je sussure en angliche
Si j'veux coller à mon époque
Il me faut braire en amerloque

 

14 juillet 2011, soir de gala au St Jean d'Acre à La Rochelle, entièrement en anglais if you please ! C'est la fête nationale annexée par les rosbifs pure pop façon Manchester ou Liverpool, mais option tricolore. Le premier groupe, français, parle français au public et chuinte anglais au micro chant. Le gros avantage, c'est qu'on n'a pas à s'occuper du texte, son sens, sa pertinence. Ça évite à des trublions anarcho libertaires de rappeler que le 14 Juillet fut un jour de revendication populaire, enfin, c'est ce qui se dit dans les livres d'Histoire (et d'histoires). Donc si on eût une fête à Léo un 14 juillet, ce n'est plus de mise.

 

On pourra chanter sans entrave
Quand les gens n'y comprendront rien
Pour être encore en haut d'l'affiche
J'pourrai sussurer en angliche
Si je n'veux pas finir en loque
Je pourrai braire en amerloque

 

Musicalement, rien à dire, il y a eu des excellents groupes, mais certains symboles ont la peau dure, symboles, ou valeurs, ou points de vue... Il me semble détestable de faire des sortes de fêtes pinard-sauciflard genre « tant pis, c'est bête hein, mais il y en a qui ne viendront pas , ils ne mangent pas de cochonnailles, les sots ! » Là tout pareil finalement, vous aimez la langue de chez nous, celle qui sait se métisser de saveurs africaines ou québécoises, qui la fait vivre avec truculence et humour, tant pis pour vous, ce ne sera pas votre soirée ce 14 juillet.

 

La langue française a fait son temps
Paraît qu'on n'arrête pas l'progrès
Que pour être vedette à présent
Il vaut mieux chanter en anglais

 

C'est du show bizeness, faut être raccord. Comme son nom l'indique … mais sur le plan expression, communication, échange avec le public, à part sautiller sur des rythmes entrainants, il se passe quoi ? Spectateur, mon presque frère, qui tapait des pieds et des mains en poussant des cris d'enthousiasme, ils t'ont raconté quoi tous ces groupes ?? Je ne sais pas trop... Eux non plus si ça se trouve, à part t'exhorter à taper dans tes mains...

Si j'étais de très mauvaise humeur, je dirais volontiers que ces arguties pour justifier la venue de l'anglais sur la scène rock 2011 - faites du bruit!!!! - c'est une sorte d'anesthésie de la pensée, on croit faire de la subversion en faisant du ramdam censé effrayer le bourgeois, mais il rigole le bourgeois devant ces provocs infantiles. On va hurler d'enthousiasme quand le chanteur hulule « Fuck the power» mais on se garde bien d'expliciter la chose en bon français façon Didier Porte.

C'est un peu comme tous ces chanteurs dégagés qui ont mis à leur répertoire « le déserteur ».. en 1963... pour crier sur les Champs Elysées « Paix au Viet-Nam ». Mais en 1954, il n'y avait pas grand monde pour chanter « Le déserteur » sauf Marcel Mouloudji. En 1954, c'était la fin de la guerre d'Indochine, et le début de celle d'Algérie. Fallait les avoir bien accrochées ses convictions pour y aller, pour chanter « Le déserteur » dans les usines, dans les  Maisons du Peuple  quand la radio et le pouvoir avaient interdit de diffusion cette chanson. Que tous les jeunes gens de 16 à 18 ans connaissaient en 1956-58. Sans promo, sans marketing, mais les mots qui cognent. Autres temps, révolus ?

 

Y a p't-êtr' quand même un avantage
A cette évolution sans frein
On pourra chanter sans entrave
Quand les gens n'y comprendront rien

Chantez en anglais, c'est good for the marketing, quant à votre identité, ce sera celle de votre compte en banque. Le bizz, avant le show.

Salut à Bernard Chérèze qui recentre le débat sur la nécessité de garder et sauvegarder ce qui fait la richesse de notre culture. Et vouloir faire de l'erzatz anglo saxon, sorry my dear, mais la copie vaut rarement l'original.

C'était en direct de ma radio qui retransmet les soirées St JA, où de toutes façons je ne serais pas allé. Pas par chauvinisme exacerbé, mais par intérêt plus soutenu pour d'autres spectacles.

Du côté de la Coursive, il y avait de belles choses, dans la rue aussi, où Lili Cros et Thierry Chazelle ont fait leur spectacle, et c'était gratuit en plus. C'est ça la chanson d'expression française, aller dans la rue, et prendre le public par la main , et lui raconter des histoires qui lui ressemblent. Et plus si affinités.

Un dernier conseil, en chanson ? Voilà..

J'ai pris la méthode assimil
My tailor in the pocket
Pour avoir l'air comme les débiles
D'arriver du Massachusetts
Pour être encore en haut d'l'affiche
Faudrait qu'je sussure en angliche
Si j'veux coller à mon époque
Il me faut braire en amerloque

 

 

Chanter, chanter des fois ça m'fout l'cafard répond Leprest ...

 

Merci à Jean Ferrat et ses conseils pour être encore en haut d'l'affiche. Quoi que ...

Norbert Gabriel

 

PS : mais en ouverture Bernard Lavilliers était là pour faire vivre cette flamme des Francofolies qui résiste encore envers et contre tout. Son dernier album s'appelle « Causes perdues et musiques tropicales » … Il n'y a pas de hasard. Et comme disait un poète « Les chants désespérés sont parfois les plus beaux ... » Chanter, chanter des fois ça m'fout l'cafard ...   (cette soirée d'ouverture sur le St JA présentait aussi Zaz, Nolwenn Leroy, Ours et Christophe Maé) Extrait en radio des concerts d'Ours, Zaz, Lavilliers)

 

Flash info : En direct de La Rochelle du 13/07/2011

Deuxième soirée de plateau pour Didier Varrod dans le Patio des VIP ! Pêle-mêle, Didier Varrod reçoit Bertrand Belin, Mademoiselle K, Jean-Louis Aubert... et va à la rencontre de Zazie dans ses loges.

Avec : Mademoiselle K, Jean-Louis Aubert et Bertrand Belin

 

 

Suite :  Chronique d'un auditeur grincheux, mais dont la mémoire ne flanche pas.

Différents échos dans la presse qualifient de grincheux les malengroins dans mon genre qui gronchonnent sur la programmation, genre vous n'y étiez pas, et ceux qui y étaient, les spectateurs, étaient contents.

Extrait presse « «Soit ce sont des grincheux, soit ils ont la mémoire courte. Jean-Louis Foulquier, créateur du festival en 1985 a été le premier à faire des soirées électro dès 1998», a répondu Gérard Pont. »

Ma grincherie vient de ce que j'ai entendu en diffusion radio, qui n'est pas la représentation objective du festival, dont acte ! Mais vieil auditeur de province dans les années 88-89, c'est en écoutant France Inter qui faisait des retransmissions (avec Patricia Martin au micro) d'une partie de tous les concerts, Salle Bleue, Grand Théâtre, Esplanade St Jean d'Acre, que j'ai eu envie d'aller à La Rochelle, parce que j'entendais dans ma radio des échos enthousiasmants de cette fête de la chanson plurielle. Dans ces années là, il y eût le formidable Richard Desjardins, connu uniquement des auditeurs de Pollen, et de Foulquier. Si Desjardins avait été à La Coursive cette année 2011, moi, auditeur lambda de Paris, du Cantal ou des Ardennes, je n'en saurais rien.

Cette année, Maxime Le Forestier a fait un concert d'anthologie (c'est le cas de le dire ) mais en face, il y avait David Guetta et ses 13 000 electro-dancers, ce qui ne me dérange pas, si je peux avoir un écho de Maxime. Ce qui ne fut pas.

Extrait presse « Maxime Le Forestier a interprété en intégralité son premier album publié en 1972 où figurent San Francisco, Mon Frère, Parachutiste. Lors de cette soirée hommage sous la forme "la fête à", Ayo, Juliette, Emily Loizeau, Féfé et bien d’autres ont célébré avec lui la réédition de cet album et ses 40 ans de carrière. » 

Vivre avec son temps en croisant tous les genres de musiques, c'est ce qui me plaisait dans Pollen, mais faire des soirées symboles avec de l'anglo saxon ersatz, non merci. En vertu de l'air du temps, des modes et des envies supposées des jeunes, les années yé-yé sixties ont laminé une forme de chanson d'expression , il a fallu une génération pour qu'elle revienne avec Souchon, Cabrel, Véronique Sanson, et quelques autres.

Et pendant ce temps Anne Sylvestre écrivait des Fabulettes, car ce temps n'était pas à la mode de sa chanson d'expression … Fallait twister hula hoop et mashed potatoes, comme aujourd'hui faut être « dance floor » pour plaire aux programmateurs new time.

Sorry gentlemen , depuis Brassens et sa guitare, Ferré et son piano, Barbara, Brel, Moustaki, il y a un certain esprit de « Résistance Chanson » qui fait son grincheux, néanmoins, dans un grand souci de modernité et d'opportunité marchandiseuse, je vais quand même conseiller à Leprest de revisiter ses chansons en electro dance yaourt british, et là, mon coco, go to the top of the show !!

Avec Berny Dimey en guest star, qui nous fera « the Paris's bestiaire » en slang-rap-hip-hop, ça va déchirer his mother !!

Bon, c'est pas tout de faire le mauvais coucheur grognon, l'an prochain, j'y serai aux Francos, pas forcément sur le St JA, mais à la Coursive, dans les rues, aux Francos juniors, place de l'Horloge, et je vous raconterai tout ça, cochon qui s'en dédit (voire cochon grincheux, mais optimiste )

Et comme tout finit par des chansons – françaises- laissons le mot de la fin à Juliette

 

Tout est bon dans l'cochon
Du groin jusqu'au jambon
C'est bon.
La rate et les rognons
La queue en tire-bouchon
C'est bon.

Désormais je veux chanter l'cochon
Le pâté, l'saucisson
Répétons sur cet air polisson :
"Qui c'est qu'est bon ? C'est l'cochon, c'est bon !"

Je pourrais dire bien des choses
Sur son talent
Il a la couleur des roses
Sans leurs piquants.
Et puis quand on a terminé
Les bons morceaux
Reste de quoi faire des souliers
Et des pinceaux !

 

On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

L'auditeur grincheux Norbert Gabriel

Pour la bande son: Jean Ferrat, Leprest, Juliette.

et aussi "La langue de chez nous" d'Yves Duteil ( avec Diane Dufresne...)  c'est là:



http://www.francetudiant.com/videos/?v=5VZx1_92WWw


et si ça marche pas, courez ici:

http://www.francetudiant.com/videos/?v=5VZx1_92WWw

 

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Lettre à François Lavergne

Salut l'ami

C'est par une chanson que ça commence, parce qu'elle a été la bande son de toutes ces histoires roannaises, avec Le déserteur, et «Le temps des cerises ...  avec François et quelques autres ...


 

Neuf mois … c'est le temps d'une naissance.  L'embryon devient un petit humain ... Parfois, on a la chance de naître une seconde fois … C'est ce qui m'est arrivé entre Septembre 1960 et Juillet 1961, plus exactement Octobre 60 , grâce à François Lavergne … Flash back sur cette année là.

Je suis arrivé à Roanne en juin, mais entre un voyage en Autriche et un stage chez Berliet, à Vénissieux, c'est début septembre que j'arrive vraiment à Roanne, 142 rue de Villemontais tout en haut, vers le Mayollet. Mon père qui est à Roanne depuis Mars ou Avril, a lu dans Le Pays Roannais, l'hebdo incontournable de la région, un  article qui annonce l'ouverture de la saison du groupe ajiste, c'est la soupe aux choux, au Pic de Rochefort. Et il y a un contact François Lavergne, rue Claude Bochard. (ou rue Arago?) Quelques coups de pédales, j'y suis, un jeune homme mince me reçoit, m'explique ce qu'est le groupe AJ, et rendez-vous est pris pour la réunion hebdomadaire dans l'ex Caserne Werlé*. Il me semble que c'était le mardi ou le mercredi... Première rencontre avec ces ajistes, un mélange heureux de gens de différents milieux, entre 18 et 30/35 ans, dans un groupe qui multiplie les activités, cyclotourisme, marche, sorties culturelles, gestion des deux auberges de jeunesse, celle du Pic de Rochefort** et celle de Balbigny***... Des maisons rustiques, celle du Pic de Rochefort est une sorte d'ancienne maison de forestiers, l'eau courante est une source dans la cave, on peut y dormir à 25/30, garçons et filles en toute amitié... Dans le groupe - François en est la cheville ouvrière et le président de l'asso 1901- il y a le couple Rabeyrin, et leur tandem, le couple de jeunes mariés Georgette et Robert Frasse, les frères et sœurs Cascarino, Mic Chantelauze, Robert Jeune, et son frère Marc, et d'autres dont je vois le visage mais oublié le nom.

Au cours de ces 10 mois, ce sera dans l'ordre, la soirée soupe aux choux au Pic, la marche Changy-Villemontais**** en octobre, puis Balbigny-Roanne en novembre, et Roanne-Thiers en décembre.... A cette époque, on était entre 50 et 90 marcheurs, tous plus ou moins familiers des sorties cyclo et des activités associatives.

François Lavergne, sur le plan vélo, j'en ai des souvenirs très précis, d'abord, il avait un super vélo, cyclo haut de gamme, le mien , c'était le genre  percheron -sympa- à côté d'un pur sang racé de haut vol ... et le terme n'est pas usurpé, François, c'était le type qui me faisait penser à Fausto Coppi, visage fin et « pointu », et dans la montée du Pic (dans les 15 kms) il décollait et arrivait en haut un bon quart d'heure avant moi ... et toujours quelques minutes avant les meilleurs cyclistes du groupe . Ensuite, outre ces sorties marche et cyclotourisme, avec ce groupe AJ toujours animé par François, il y avait un activisme culturel assez exceptionnel... Par exemple, inviter un chanteur presque inconnu John Littleton, et ses négro spirituals que j'avais découvert quelques années avant par la radio . Avec François, le groupe AJ et quelques assos amies JOC/JAC/JEC, les sections jeunes CGT, CFTC, on a rempli une salle de plus de 400 places (le Marivaux) et par la suite, avec quelques autres actions de ce genre, toujours en union avec d'autres assos très diverses, les « jeunes » ont pu prendre une part active de responsabilités dans le jumelage Roanne-Reutlingen . Ce que la mairie de ces années là mettait en place, sans aucune personne de moins 50 ans ...

Ensuite, les tribulations de la vie m'ont éloigné régulièrement de Roanne, j'ai croisé François quelques fois dans la librairie de la rue du Lycée où il travaillait, et il y a quelques jours, j'ai appris qu'il est mort le 15 Mars, il y a 10 ans ... "mort", ce mot m'est étranger quand je pense aux rencontres de ces années-là, François Lavergne est pour toujours ce jeune homme voltigeant sur son vélo dans la montée du Pic de Rochefort, et quand j'entends le temps des cerises, c'est aussi le temps des balades ajistes dans les montagnes de la Madeleine, c'est un temps de jeunesse quand le cœur n'abdique pas quoi qu'il arrive. Salut François …

 

PS : Je dédie d'abord cette lettre à Claire Lavergne, et à celles et ceux qui l'ont croisé, en partageant quelque chose comme ce texte de Jean Vasca

 

Amis soyez toujours ces veilleuses qui tremblent
Cette fièvre dans l'air comme une onde passant
Laissez fumer longtemps la cendre des paroles
Ne verrouillez jamais la vie à double tour

Je suis là cœur battant dans certains soirs d'été
A vous imaginer à vous réinventer

Amis soyez toujours ces voix sur l'autre rive
Qui prolongent dans moi la fête et la ferveur
Des fois vous le savez il fait encore si froid
Le voyage est si long jusqu'aux terres promises

Je suis là cœur battant dans tous les trains de nuit
Traversant comme vous tant de gares désertes

Amis soyez toujours l'ombre d'un bateau ivre
Ce vieux rêve têtu qui nous tenait debout

Peut être vivrons-nous des lambeaux d'avenir
Et puis nous vieillirons comme le veut l'usage

Je suis là cœur battant à tous les carrefours
A vous tendre les mains dans l'axe du soleil

 

 

  • * L'ex caserne Werlé, un grand bâtiment de 3 ou 4 étages qui était le sièges de toutes les assos 1901 de Roanne, et il y en avait beaucoup, certaines salles étaient partagées par plusieurs assos qui avaient chacune leur jour, et ça générait des liens entre groupes très différents.

  • ** Le Pic de Rochefort, près de la Loge des Gardes et de la frontière bourbonnaise, la maison était plus ou moins hantée par une histoire de règements de comptes entre maquisards et miliciens .. Mais nous n'avons jamais vu de fantômes .

  • *** Balbigny, une maison au bord de la Loire, à l'entrée des gorges de la Loire, où on allait chanter le Mai, récolter des œufs dans les fermes , en chantant, et faire des omelettes géantes.

  • **** Changy Villemontais, marche organisée par le groupe alpin, 33 kms sans route goudronnée, chemins et sentiers uniquement

 

Norbert Gabriel

 

 

 

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16/04/2020 | Lien permanent

Autocritique

 

Après trois semaines entières
De bonheur que rien n'altérait
Mon amant dont j'étais si fière
Un triste matin me plaquait
Pour calmer mon âme chagrine
Je résolus en un sursaut
De me piquer à la morphine
Ou de priser de la coco
Mais ça coûte cher tous ces machins
Alors pour fuir mon noir destin

J'ai fumé de l'eucalyptus
Et je m'en vais à la dérive
Fumant comme une locomotive
Avec aux lèvres un rictus
J'ai fumé de l'eucalyptus

Dès lors mon âme torturée
Ne connut plus que d'affreux jours
La rue du désir fut barrée
Par les gravats de notre amour

(Toute ressemblance … etc)

Un jour où l'autre, les cruelles révélations de la réalité vous rattrappent et et vous crucifient avec les clous de vos contradictions intimes.. (C'est beau comme du Marie Dubas surtout les deux dernières lignes de l'extrait ci dessus, «  La rue du désir barrée par les gravats de notre amour... » c'est irrésistible )

- Mékesskispassdon ?

Zazie ?? Toi ici ? Quelle surprise ! Chère Zazie, je suis une vieille souche ancrée sur ses certitudes comme une moule à son bouchot, je ne comprends rien à cette nouvelle mode des chanteurs français qui chantent en anglais. Bon, je sais qu'il y a de menues préoccupatiions comme la faim dans le monde, la fin du pétrole, la fin des haricots, la fin des dinosaures, la fin de l'année, la déforestation de l'Amazonie, la fin possible de la banquise, la fin de droits, la fin du monde qui arrivera un de ces jours, la fin de mois 7 jours par semaine, mais moi, mon truc, mon hobby, ma passion, mon obsession, ma croisade, ma mission sacrée par Ste Anne, St Georges St Jacques, St Pierre Barouh, St Léo, et St Michel, ma misssion en ce bas monde c'est la CHANSON ! Pour l'autre monde, on verra plus tard. Figure-toi chère Zazie, que la réalité évoquée plus haut me fait savoir que je dois être un vieux pervers qui va au spectacle de chansons en espérant voir les artistes « se foutre à poil » et ça, parce que je suis un fervent amateur de la chanson, francophone, de préférence.

  • Méké méké skecé ksett histoire ?

Alors voilà : une chanteuse française qui chante en anglais a justifié ce choix en arguant que si elle chantait en français, elle aurait l'impression, je cite «  de se foutre à poil.. »

Ça m'a fait un choc. Serais-je un libidineux honteux qui ne guette que l'effeuillage de l'artiste devant son micro ? Quand j'écoutais la TSF – oui quand j'avais ton âge, mes grands parents disaient la TSF pour la radio, ce truc que tu regardes dans ton Iphone – je n'avais pas l'image, mais j'avais l'imagination, et finalement, en vibrant avec Bécaud « mes mains dessinent dans le soir....» je devais déjà avoir l'oeil en coin, pas pour déshabiller Bécaud, bien qu'il fût joli garçon, mais pour mieux apprécier « ...la forme d'un espoir qui ressemble à ton corps » je devais déjà être obsédé à 10 ans sans le savoir. Mais j'aurais dû m'en douter, mon intérêt soutenu pour les films avec Ava Gardner, Rita Hayworth, Martine Carol, ou Gina Esmeralda, c'était un signe … ah Gina … Victor Gina-Lollobrigida.jpgavait rêvé Esmeralda, et il n'aurait pas pu rêver mieux que Gina. Et puis elle avait une chèvre très mutine... Mais je digresse, revenons à nos moutons. Et nos chansons. 

Il n'y a pas que les french chanteuses qui m'ont révélé des émotions intenses, je succombais volontiers et à répétition aux charmes musicaux de Mahalia Jackson, de Sidney Bechet, de Louis Armstrong, de Bix Beiderbecke, de Billie Holiday. Qui m'ont transporté dans des mondes de merveilles imaginées ou de drames entr'aperçus dans ces étranges arbres fruitiers du vieux Sud . Et puis Crolla, et Django, avec leurs envolées poético lyriques de musiciens inspirés, avec leurs mélodies qui racontent quelque chose touchant souvent à l'universel. Et tu vois, Zazie, quand j'entends ces néo-pop-rockers (de Clermont Ferrand) qui babillent en anglais (de Clermont Ferrand) ça ne me fait rien. Ou pas grand chose, ni chaud, ni froid, à peine tiède.

Au mieux, cette jolie ballade folk  (de Clermont-Ferrand) me donne envie de réécouter Peter Paul and Mary, « a tiny sparrow » ou « Puff the Magic Dragon » ou « le déserteur » qu'ils chantaient pendant la guerre du VietNam... Et puis elle était belle Mary Travers....mais la première fois, je n'avais pas l'image, juste les voix. Ces folksingers osaient les chansons de cette poésie rebelle qui se bat sans mégoter ni barguigner, ni torticuler pour faire le top du hit du show avec des artifices discutables.

mary t.jpg

Et même en anglais, (de New York City) il se passait quelque chose.

Tu vois Zazie, c'est pas une question de langue, c'est une question d'histoire, ou d'histoires, il y a des chansons qui racontent des histoires, ou une histoire, celle des hommes. Et que ce soit en français, en anglais, en espagnol ou en javanais, c'est ce genre de chanson que j'aime. Une anecdote pour finir, il y a 30 ans je faisais tourner pendant des heures un album de Leonard Cohen, avec une chanson « My gypsy wife » et chaque fois, cette chanson provoquait la même émotion intense, je n'ai jamais cherché à traduire, sauf il y a quelques jours, en rangeant des vieux souvenirs, tu trouves un truc qui en découvre un autre, et un autre, et m'est revenue cette chanson avec ce solo de violon extraordinairement émouvant, et j'ai jeté un oeil sur le texte traduit, c'est en effet une belle histoire très émouvante, mais je n'ai pas eu besoin de la traduction pour le ressentir.

Parce que dans cette chanson Leonard Cohen s'est « foutu à poil » justement.

Last but not least, il est prévu qu'il vienne chanter en France en 2013 ; on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 Norbert Gabriel

 Bande son;

 « Puff the magic dragon » « http://www.youtube.com/watch?v=Wik2uc69WbU

 « My gypsy wife » http://www.youtube.com/watch?v=inLC2cYyJwU (première version) cette chanson est toujours au répertoire de Leonard Cohen. Et autant par son contenu que par la fidélité de l'auteur, cette Gypsy Wife me fait penser à Suzanne, je ne sais s'il y a eu des indications en ce sens?  

 PS : que l'Auvergne n'entre pas en éruption, je n'ai rien contre Clermont-Ferrand, j'aime beaucoup cette région, et ses indigènes, Riom, Mozac, Vialatte, Gergovie, Thiers, et St Paul de Landes et du Cantal, c'est juste le rock anglo-arverne qui m'agace. Et le bal folk de Laroquebrou mérite le détour.

 PS 2 : L'agacement n'étant pas mon état favori, et puis ça finit par gâcher le teint, j'ai pris la résolution ferme de commencer la nouvelle année avec un salut à L'espoir têtu de Serge Utgé-Royo (au sujet de la chanson francophone) et aussi à Henri Courseaux dont le projet de conférence didactique sur la chanson à texte promet quelques bons moments de culture et d'humour... Plus que quelques heures... Ce n'est qu'un début, continuons le débat.

 

 

 

 

 

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Radiotages suite …

 

Aujourd’hui je suis ce que je suis
Nous sommes qui nous sommes
Et tout ça c’est la somme
Du pollen dont on s’est nourri...

 

kriss  AA.jpgDécembre 2013 France Inter fête ses 50 ans... Merci aux chercheurs de pépites qui ont retrouvé des moments de radio drôles, émouvants, toujours jeunes. Les voix n'ont pratiquement pas changé, Kriss, en 1980 ou en 2009, c'est la même voix, éternellement jeune et vivante. Sur un air de poissons volants, toujours à coeur et à Kriss.. en roue libre ou Portraits sensibles..

 

 

Samedi 7 à midi, Philippe Meyer remet à la une quelques belles pages de Pollen, et des souvenirs surgissent, tiens, le premier passage de Juliette dans Pollen, je vois exactement où j'étais ce soir là... au bord de la Saône, en Bourgogne...

 

au large.jpgDans ce salut à Foulquier, et à son éclectisme musical exemplaire, Philippe Meyer lit des extraits d' Au large de la nuit, le roman biographique de Foulquier, un livre publié en novembre 1990, un très beau témoignage, sans fausse pudeur ni artifice, très bien écrit.

Avec l'histoire et les histoires d'un passionné de la vie qui a fait de la chanson et ses multiples facettes son étendard de bourlingueur saltimbanque.

 Au passage, dans les extraits de Pollen offerts par Philippe Meyer, j'entends Louis Chedid, il y a plus de 30 ans, que la chanson selon son approche, est celle qui raconte des histoires, je sais maintenant d'où je tiens cette présentation de la chanson que je préfère à « chanson à texte » … C'est aussi Juliette qui rappelle que dans les bars à Foulquier, on pouvait croiser Maurane, Higelin, Mama Béa, Charlélie Couture, Vanessa Paradis, Barbara, Souchon, Elisabeth Caumont, la diva du jazz, Elisabeth Wiener, la diva tout terrain, Lavilliers ou Thomas Dutronc... C'était la chanson dans tous ses états, sauf en conserve. La scène, la scène, la scène... avec la chanson flibustière, sans code barre, comme celle de Richard Desjardins, un artiste entendu souvent dans Pollen, alors qu'il n'avait aucun album diffusé en France. Tu m'aimes tu ? Beaucoup...

Jean-Louis Foulquier a été mis en retraite, comme ça, en 2008, auparavant l'émission avait été progressivement amputée, de quotidienne, elle était passée en fin de semaine, c'est toujours comme ça avec la chanson, quand les directions de programmes annoncent la fin de partie, et Pollen, emblême de la chanson plurielle, a été limogé sans aucun remplacement sous quelque forme que ce soit. On a retrouvé le même processus avec « Sous les étoiles », porté disparu sans succession. Alors que le radio crochet semble témoigner de la quantité de postulants, pour la qualité, on saura bientôt ce qu'il en est. A la radio, il y a, depuis 20 ans une érosion constante de la part « chanson » dans les programmes. Mais pas de chialage,

Mettre un bicorne à la romance,

et la mener à l'institut,

avec des orgues et que ça danse,

La poésie est dans la rue

 

Et c'est aussi dans les rues que naissent les révolutions. Pour revenir aux souvenirs de radio, et à l'anniversaire de France Inter, avec l'hommage à Foulquier par Philippe Meyer, aux extraits qu'il a lus  Au large de la nuit, un détail à signaler, ce que n'a pas fait Philippe Meyer pour ne pas être suspecté de flagornerie, la voix de Foulquier a été mise en page par la plume de Varrod, et mémoire qui ne flanche pas, je me souviens très bien de l'émission dans laquelle Jean-Louis saluait le travail de Didier, pour l'avoir si bien compris, traduit, écrit... C'était en 1990... Hier quoi …

On ne saurait passer dans ce paysage de souvenirs, sans évoquer celle …

 

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Qui pourrait être un hommage à la chanson, celle qui vit sans abdiquer, malgré tout.

Dans quelques jours, Noêl, qui prouvera peut-être qu'on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 Merci à Pierre Barouh, Léo Ferré et Moustaki pour leur aimable participation.

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Try Yann, Before Ireland Can Go Free...

Prolégoméne : Il y a quelques années, voire quelques décennies, le negro spiritual m'a saisi comme si j'avais dans les gènes une partie de cette histoire. Quelques années plus tard, même effet avec Tri Yann quand ils chantent Yé jacobites avec un poème de Sean O'Casey en intro, et une transition avec un solo de flûte qui vous emmène d'une ambiance poético nostalgique vers l'histoire d'une tragédie, je me suis senti irlandais asservi par l'Angleterre. Comme le peuple du blues avait été asservi par les colonisateurs européens . Ye Jacobites by Name est une chanson traditionnelle écossaise qui fait référence aux révoltes jacobites qui ont eu lieu en Écosse entre 1688 et 1746. La chanson est à l'origine une attaque contre les Jacobites vue du point de vue whig, mais Robert Burns la réécrit vers 1791 pour en faire une chanson avec une vision antiguerre et humaniste plus générale. Cette version est celle qui est connue au XXIe siècle. Quand Tri Yann compose l'album, c'est avec le souci d'une certaine cohérence dans la succession des chansons, et bien évidemment le poème de Sean O'Casey se situe avant Ye jacobites avec la transition de la flûte. Or dans quelques rééditions en CD, le poème de O'Casey a disparu. Et l'ordre des chansons est assez différent. Quelque employé de la maison de disque a refait à son idée , en supprimant ce poème parlé , quoi ? Dans un album de chansons, un texte et pas de musique ? Dans la même logique, un ignare a supprimé des inserts parlés dans Mégalopolis une comédie musicale, ce qui fait que sur la version CD on ne comprend plus ce qui se passe... Pour revenir à Tri Yann, c'est une séquence de 6'26 qui avait été composée sur l'histoire de l'Irlande, la voilà dans sa version originale, le poème de Sean O'Casey suivi de Ye jacobites..

anti wars songs

AVANT QUE L'IRLANDE NE SOIT LIBRE (traduction de Jean-Louis Jossic)

Au début de la bataille
Plus d'un homme, d'une femme ou d'un enfant
Avaient quitté travail, mari et jeux
Un enfant foudroyé sur le pas de la porte
Un vieillard les bras en croix sur la chaussée
Un jeune homme près d'un réverbère
Qu'il a agrippé quand la balle l'a touché
Il a glissé, toujours cramponné et il est mort
Son visage curieusement blanc
Regardant le ciel
Comme s'il demandait pourquoi
Son bras raidit enlaçant toujours le réverbère
Une jeune femme en vêtements d'été
Peut être rentrant en hâte à la maison
En entendant la fusillade
Mais pas assez vite…
Sur son corsage blanc brillant
Une tâche pourpre de mort
S'étendant en plein milieu du dos

Vous n'aviez signé aucune proclamation
Forcé aucune porte
Pressé aucune gâchette
Oh je sais cela
Mais l'Irlande, l'Irlande avait besoin de vous tout de même
Et d'autres mourront encore
Avant que l'Irlande ne soit libre.

You Jacobites by Name, lend an ear, lend an ear,
You Jacobites by Name, lend an ear;
You Jacobites by Name,
Your thoughts I will proclaim,
Some says you are to blame for this Wear.
  ( suite ICI.)

 

Version intégrale Tri Yann Cliquez sur l'album, tri======>

 

et en bonus Le texte original de Sean O'Casey

In the battle's prologue
Many a common man, woman and child had said
Goodbye to work and love and play
A child surprised in the door way
An old man stretched in the street
A young man near a lamp post
Which he had clutched when the bullet struck him
And down which he had clip when he died
His curiously white face containing
Wide eyes staring upwards
As if asking the sky : why this had happened
A stiff arm still half-encircling the lamp standard
A young lacy in holiday attire
Lying on her face maybe hurrying home
When she heard the uproar
But going too slow...
Or on the brilliant white blouse
A purple patch of death
Spreading over the middle of the back

You signed no proclamation
You invaded no building
You pulled no trigger
I know
I know but Ireland needed you all the same
Many will die like that
Before Ireland can go free.

 

tri yann,irlandeMoralité, quand vous voyez des rééditions d'albums, essayez de vérifier si c'est bien fidèle à l'album original, conçu et réalisé les par les artistes et non par des gestionnaires de fonds de catalogue qui ne connaissent pas grand chose  des artistes qu'ils "compilent"...

Mais parfois on trouve des CD qui respectent les originaux, on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle...

 

Norbert Gabriel

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