Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : mon enfance rouge

Les lacs et Juliette A.

Lac connemara.jpg

A quel niveau d'imbécillité obtuse doit-on situer Juliette Armanet avec son analyse de la chanson Les lacs du Connemara, chanson de droite ? A vouloir jouer le phare de la pensée critique anti Sardou Juliette A. a démontré brillamment l'indigence de sa compréhension du texte.

« .. Lorsque l'on se penche sur ce texte, on peine pourtant à y trouver une quelconque portée politique ou sociétale. Michel Sardou y chante "la terre brûlée au vent" et "les landes de pierres" qui entourent les lacs de cette région de l'ouest de l'Irlande. Il y raconte aussi un mariage irlandais, comme le note le site Guide Irlande:... » Source Le Figaro.

Cette Armanet a écrit dans une chanson, « Brûler le feu , que voici :

On va brûler le feu
Y a que du rouge là dans ma tête pour toi
On va briller à deux
Moi je vois rouge et l'allumette pour toi
On va brûler le feu
Brûler le feu

Mets pas ta main sur les yeux
Ça part en fumée, y a plus que toi pour moi
On va brûler, tant mieux
Y a plus qu'à assumer, moi je suis faite pour ça

On va brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu

On va se prendre pour des dieux
Y a qu'une idole qui est dans ma tête, c'est toi
On va brûler, tant mieux
Si j'ai l'air folle c'est que c'est la fête pour moi

On va brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu
On va brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu

On va brûler le feu (brûler)

On va brûler le feu (brûler)

On va brûler le feu

On va brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu
On va brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu

On va brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu
Brûler le feu, brûler le feu

Y a que du rouge là dans ma tête pour toi

Son inspiration se résume à répéter une trentaine de fois « brûler le feu » sur un texte d'une trentaine de lignes, cette détermination incendiaire et pyromaniaque pourrait me conduire à une conclusion abrupte, c'est une obsédée du feu et une indigente de l'inspiration... Et probablement une inculte en matière de chanson... A moins que raconter un mariage irlandais ne soit un acte politico-droitiste ? Tout est possible pour les esprits sectaires. Vu de son angle restreint des choses, on pourrait déduire que Catherine Ribeiro est une droitiste puisqu'elle a chanté cette chanson, dans un album où il y a Barbara, Piaf, Colette Magny, Souchon, Messia, Brel, Ferré, Anne Sylvestre, Félix Leclerc.. 
Mais bon la néo-diva du disco use de cette liberté d'expression dont Mark Twain disait :

« Il vaut mieux se taire et passer pour un idiot que de parler et ne laisser aucun doute a ce sujet ».

Et aussi avec Bernard Dimey «  Quand on n'a rien à dire et du mal à se taire, on atteint les sommets de l'imbécillité. » Chacun ses sommets, Juliette A. atteint le sien.

Post scriptum : dans cette approche malhonnête intellectuellement, Lili Marlène est un chant nazi ? Non, «  Lili Marleen, poème sans prétention devenu chanson culte à travers le monde. Ecrite en 1915 par un soldat allemand nommé Hans Leip, la Chanson d'une jeune sentinelle évoque les deux amours de son auteur : Marleen, blonde infirmière berlinoise, et Betty la brune, baptisée Lili, nièce de sa logeuse à Berlin.

Il faudra attendre 1937 pour que ce poème devienne chanson mélancolique. Le compositeur Rudolf Zink l'offre à sa maîtresse, Lale Andersen, actrice émancipée qui, pour les Allemands, restera à jamais la "vraie" Lili Marleen. Pour le reste du monde, en revanche, c'est évidemment la divine Marlène Dietrich qui l'incarne. » Source :https://www.lemonde.fr/vous/article/2012/04/13/lili-marle...

Et Souliko, que Staline adorait, un chant pro soviétique ? Non : « Souliko (en géorgien : სულიკო) est le titre d'un poème d'amour écrit en 1895 par Akaki Tsereteli, mis en musique par Varenka (Barbara) Tsereteli et considéré comme une chanson traditionnelle géorgienne. Souliko est à l'origine un prénom géorgien, masculin ou féminin, signifiant « âme ». source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Souliko

Si on fait écouter ça à madame Armanet, elle va y trouver un goût de droite peut-être ?


 

Norbert Gabriel

 

Lire la suite

Eloge du scorpion ….

 

Scorpions wallpaper2.jpgTu es la plus étrange des créatures, en somme,

Et s’il y a tant de misère sur terre
C’est grâce à toi, mon frère,

Si nous sommes écorchés jusqu’au sang,
Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non,
Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.

 

Yves Montand et Lavilliers, et surtout Nazim Hikmet, se sont penchés sur ce pauvre scorpion dont on médit sans cesse... comme quoi ce serait un affreux jojo jamais content, carrément méchant, genre à se nourrir de son propre venin pour être conforme à sa nature. C'est pas faux … et la nature est injuste. Elle fabrique des papillons fantasques, des gentils colibris, des gracieuses libellules et des scorpions. Un peu comme l'homme a créé les snipers. Le sniper, c'est un artiste du tir, un esthète. La cible, il s'en fout. Pourvu qu'il mette la balle au centre, que ce soit dans la tête d'un terroriste preneur d'otage, dans une courge ou dans le dos d'une femme qui est allée chercher de l'eau dans les ruines d'une ville en guerre, pourvu que ce soit à 300 ou 500 mètres, sinon c'est pas drôle, ça l'excite, ça justifie son art de tireur d'élite. C'est son métier, comme un jeu, il est payé pour ça, il fait son boulot. Le scorpion aussi, c'est sa nature, il produit du venin, il s'en sert. Qu'est-ce qu'on peut faire contre ça ? Une histoire, qui est peut-être vraie, raconte qu'un scorpion doit traverser une rivière pour fuir un incendie. Mais il ne sait pas nager. Arrive un crapaud, le scorpion l'implore,

- Prends-moi sur ton dos

- Eh oh, y a pas marqué ballot, dit le crapaud, tu passes ton temps à piquer tout ce qui passe...

Le scorpion supplie, promet, et le crapaud, bon gars, l'embarque, et vogue sur l'onde. Et au milieu de la rivière, tchack! Le scorpion pique... Le crapaud à moitié mort a le temps de gargouiller avant de couler,

- Mais enfin, pourquoi ?

- Parce que c'est ma nature dit le scorpion, en coulant de concert.

C'est le résumé d'un conte africain. Rapporté par une sorte de rossignol griot, ou de rousserolle effarvatte, une voyageuse infatigable. Elle fait chaque année la migration d'Afrique à l'Aquitaine, de roseau en roseau, c'est une discrète, et a priori, elle se fout des scorpions et de leurs mauvais rousserlole.jpginstincts. Mais il n'est pas exclu qu'elle ait sous la plume quelques vers de Nazim Hiskmet,

Comme le scorpion, mon frère,
Tu es comme le scorpion
Dans une nuit d’épouvante.
Comme le moineau, mon frère,
Tu es comme le moineau,
Dans ses menues inquiétudes.

Quand on voyage, on glane de ci de là, des bouts de chansons, des bribes de musique, des échos... Tous ne sont pas des échos agréables, il y a des vents mauvais. Il y a déjà quelques décennies Camus avait déploré que « le réflexe remplace la réflexion, et la méchanceté remplace l'intelligence » on voit ça tous les jours dans les étranges lucarnes pour peu qu'on s'y égare. Ou sur des forums, au nom de la liberté d'expression, ça se défoule avec bile et venin, Et parfois la méchanceté se combine à l'intelligence, c'est le principe du scorpion en quelque sorte. Peut-être que ce pauvre petit scorpion n'a pas été aimé par sa maman quand il était petit, c'est triste. On ne selket 2.jpgguérit jamais de son enfance. Peut-être qu'il trouvera un peu de consolation en se souvenant que les Egyptiens l'ont associé à une belle fille, Serket, ou Selkis, laquelle a un bon fond, elle protège des effets néfastes du bestiau. Et puis, il paraît que le venin des scorpions est particulièrement efficace contre les autres arthropodes mais peu contre les humains. Souvent, les piqûres chez ces derniers ne produiront que des effets locaux, éphémères. On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 


Norbert Gabriel

colibri-circe-male-vol3.jpgPS ; mais pourquoi un éloge de cette bestiole assez peu fréquentable ? Sauf si on est un arthropode scorpiones heterometrus spinifer ejusdem farinae (en clair un zigoto du même acabit) parce que finalement, il est bon de savoir que ça existe, et que globalement, dans l'humanité ce n'est peut-être pas la majorité du genre. Il y a aussi les colibris...qui volent assez haut pour ne pas être dérangés par les scorpions. Comprend qui veut, comprend qui peut.

 

 et pour quelques notes de plus, Yves Montand, le premier à mettre en scène ce texte de Nazim Hikmet



 

 

 

 

 

Lire la suite

Chanter et comprendre ...

Chanter et comprendre ce qu’on chante

 

Quelques chanteurs français* sont régulièrement invités dans le monde, hors francophonie, pour porter la langue française avec les chansons... Car des enseignants américains, anglais ou danois l'utilisent (la chanson) comme support pédagogique, n’en déplaise aux beaux esprits qui snobent cette forme d'expression populaire.

 

Je repensais à ça en découvrant sur la play list de France Inter un presque nouveau venu, aux musiques folk séduisantes – style Donovan – avec des arrangements très fins, si vous aimez Kaolin, vous aimerez, mais pour le texte, j’ai été bloqué immédiatement, pas par le texte lui-même, par la façon de le porter... Voilà ce que j’entends :

 

........ le soleil-le.........le ciel-le........ le mirador-re ........ .le por-re

 

Là c’est trop, je décro-che, définitivement. Il faut quand même un minimum de sens musical quand on chante, ajouter un pied (artificiel) pour que ça tombe sur la mesure montre un sens très limité de la compréhension de la musique.

Un exemple célèbre, Trénet s’est aussi laissé aller à ce travers, dans « La folle complainte » avec un « hier soir- re » un peu malvenu pour rimer avec « passoi- re » Mais Charles Trénet jouait avec les mots et les notes en inventeur qui peut tout oser: plus qu'un discours démonstratif pesant, écoutez ce qu'en dit Higelin, dans l'excelllente série** de Dominique Martinot-Lagarde, "Jacques...  Jacques Higelin" dans l'épisode 7 "le domaine des esprits", tout est là.

La même folle complainte interprétée par Pierre Barouh ou Higelin montre qu’on peut chanter « hier soir » sans ajouter un « re » simplement en décalant un peu, à la manière du swing cet impalpable mouvement; essence du jazz qui appartient aux sensibilités musicales affinées.

 

Dans l’album qui est à l’origine de ce petit énervement matutinal , ce qui m’intrigue le plus c’est que personne n’ait entendu ces travers gênants... Entre le moment où l’auteur écrit, et le disque mis sur le marché, il y a une ribambelle d’oreilles : un compositeur , des gens divers, parents, amis, directeurs de labels, ingénieurs du son, musiciens, et personne ne remarque que le ciel-le et le soleil-le, ça sonne bizarre, et inélégant.

C’est le genre de truc qui me rend l’album inécoutable ; parce franchement,  le soleil-le , et le ciel-le, ça vous plombe l’oreille d’entrée, ensuite avec le mirador-re, on peut comprendre, mais le por-re ??? on suppose que c’est un port, mais quand je pense aux enseignants qui essaient de faire connaître les beautés et les subtilités de la langue française, je ne suis pas sûr que ce sera facile d’expliquer que le por-re, est un port qui se prononce « por » comme porc, ça fait peur non ?

Il y a eu un précédent avec le faux swing «  Suzet-te » et son effet marteau-pilon sur la dernière syllabe, une lourdeur incompatible avec la souplesse du swing. Ecoutez Salvador chanter Count Basie, vous verrez la différence, aussi évidente que la finesse d’un bon champagne face à la lourdeur pâteuse d’un mauvais mousseux

 

Cela dit, l’effet de mode langagier assène à longueur de flash info des « bonjour-re » , même sur France Inter-re.... Ce dévoiement de l’accent tonique mis n’importe où, en particulier sur la dernière syllabe qui n’en demande pas tant, est disgracieux à l’oreille, et d’autre part il est assez préjudiciable à la bonne compréhension. Maurice Chevalier parlait anglais dans un style frenchy plutôt rigolo, n’empêche que les américains le comprenaient, parce que malgré une prononciation loin de l’orthodoxie yankee, il posait l’accent tonique au bon endroit.

Une expérience personnelle m’a beaucoup appris sur l’importance de l’accent tonique : j’ai passé mes enfances dans ma famille italienne, et capisco l’italiano -je comprends l’italien- même si je ne le parle pas, ou si peu. Il y a quelques années, chez un bouquiniste, je trouve un bouquin italien, chouette, je vais voir si j’ai gardé quelque chose de mon enfance entre Caruso, Garibaldi, Léonard de Vinci et autres Marco Polo ; et là, surprise, je vois des mots que je reconnais pas, nada, niente, nicht... il faut que je lise en les parlant, plutôt en les chantant pour retrouver la compréhension, exemple, « mio », c’est pas pareil que « mi-o » « mio », c’est un son, « mi-o », c’est deux sons... ça change tout.

Surtout à l’oreille. Et en outre, ça transforme une langue chantante en quelque chose de pesant, lourdingue, comme le « bonjour » qui s’envole et le « bonjou-re » qui se bloque sur le « re ». De plus, quand j’entends « tout est clai-re » je me demande si c’est « tout éclai-re » , c’est pas clair du tout, je reviens au chanteur du début, avec son mirador-re, et son por-re...

 

Brassens mettait un soin particulier à faire tomber la dernière syllabe sur la dernière note en évitant de porter l’accent sur ce « e » dit muet... selon l’usage de la phonétique française.

Moi mon colon cel’ que j’préfèr’ ça sonne quand même mieux que

Moi mon colon celle que j’préfè-re

 

Il me semble qu’on apprend à l’école que le « E » muet est muet par définition, on écrit « une pomme » et on prononce « une pom’ » pas « une pommeuh », vous allez m’objecter que dans le Midi , on prononce volontiers la dernière syllabe, certes mais avec un accent tonique sur l’avant-dernière, pour que ça chante, et pas que ça plombe.

A l’écoute de certains (ou certaines) interprètes, on peut s’interroger sur les indigences textuelles, effet volontaire pour faire peuple, pour jouer les simplets, pour ratisser large ?

« ... qui ressemble à toi, » dit l’un, c’est une chanson qui ressemble à toi, ça c’est pas du Prévert, c’est sûr... Il ne faut pas confondre soupçonner et sonner la soupe, et un langage populaire n’est pas forcément un langage au rabais. Ces pratiques de paroliers usineurs en série , c’est assez méprisant pour le public... C’est assez déprimant comme ces mots saugrenus qui tombent d’un dictionnaire de rimes et qui se veulent un effet poétique...

Verlaine doit rigoler, lui qui écrivait :



"Ö qui dira les torts de la rime!

Quel enfant sourd ou quel nègre fou

Nous a forgé ce bijou d'un sou

Qui sonne creux et faux sous la lime? »

" (Jadis et naguère, Art poétique)

 

Je conteste un peu dans ce quatrain l’expression « nègre fou » car les africains ont un talent fou, justement, pour illustrer et colorier la langue française d’expressions pétillantes de vie et de pertinence.... Et précises, comme par exemple, « faire boutique son cul » qui définit avec précision le statut de certaines prostituées africaines, qui sont des travailleuses indépendantes non soumises à des tutelles maquerelles.

Ou bien « avoir un deuxième bureau » (c’est la position de la maîtresse vis-à-vis de l’épouse légitime).  Angélique Kidjo illustre ce talent de parole imagée, avec "le poulet bicyclette" ces volatiles qui vivent - survivent - en liberté, squelettiques du bidon, mais pourvus de deux cuisses de champion du Tour de France.

Mais revenons à nos moutons chantants, ceux qui enfilent tous les poncifs de langage et de thèmes, pourvu que ça se danse... Comme disait Coluche, « il suffirait que les gens n’achètent pas pour que ça ne se vende pas ; vous n’êtes pas raisonnables non plus... » ( dans la chanson « Misère »)

Ce sera une bonne conclusion, s’affiner les oreilles, on peut rêver, et puis, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 

Nota bene: entre 1942 et 1946, Edith Piaf enregistre plusieurs chansons aux tonalités jazz-blues  subtilement interprétées. C'est très fluide, et quand elle chante "dans la rue" elle ne fait pas "la ru-eu" mais "la ru"" Ce qui montre qu'elle avait bien compris où il faut mettre l'accent tonique, et ce qu'est le swing, pas forcément une trépignation frénétique, mais un balancement harmonieux.

 

* Jacques Yvart est le pionnier de ces chanteurs voyageurs qui sont invités régulièrement sur les campus US pour chanter en français. Au hasard d’un tour du monde façon Kerouac dans les années 70, il a tenu une chaire de chanson française dans une université américaine. (avec un double album publié en 75/76 «  Yvart on the campus »)

    ** "Jacques ... Jacques Higelin" tous les samedis à 16h sur France Inter en Juillet et Août 2008

    Lire la suite

    09/10/2008 | Lien permanent

    Play List...

     Play it again …

    R Capa Leica.jpg

     

    C'est ça la couleur d' l' équipe de France
    Entre bleu d'outre-mer et d' Provence
    Tu prends un Lillois, Marseillais
    Un Rital un peu polonais
    C'est rouge orange, jaune, vert, bleu, Indigo, violet

    Mustapha Dupont
    Quand il allait à la commune de Bécon
    Il disait comm' ça,
    Mes ancêtres s'appelaient les Gaulois

    Abdou Mamadou
    Diplômé des universités
    D'un peu partout
    Mamadou Abdou de notre
    Ambassade de Moscou

    Et moi au milieu
    Qui ne sais pas très bien
    Où sont enterrés mes aïeux
    Et moi au milieu
    Mon sang est-il rouge
    Ou blanc ou bleu
    P' t' êt' les trois, Mustapha...

    Elle est à toi cette chanson, à toi Mustapha Dupont, que Gilbert Bécaud chantait il y a quelques décennies, il aurait pu aussi dédier à Mamadou Abdou tombé au champ d'horreur de Verdun ou du chemin des Dames « C'était mon copain, c'était mon ami .. »


    C'était mon copain
    C'était mon ami
    J'écoute la ballade
    De la Mort, de la Vie
    Le vent de la frontière
    Veut consoler mes pleurs
    Mais l'eau de la rivière
    A d'étranges couleurs

    Cependant dans les bois
    Un mystérieux concert
    M'a dit qu'il faut garder
    L'espoir à tout jamais
    Car ceux qui ont bâti
    Ensemble un univers
    Se retrouveront tous
    Puisqu'ils l'ont mérité

    O mon vieux camarade
    Mon copain, mon ami
    Parmi les terres froides
    Je te parle la nuit
    Et ton pesant silence
    Est un mal si cruel
    Que j'entends ta présence
    Parfois au fond du ciel

    Louis Amade.1953

     

    Avec le printemps prochain les play-list électorales nous promettent que la « Chanson pour l'auvergnat » sera l'hymne perso, le credo et la ritournelle qui va fleurir dans les chemins de campagne. Parfois, au vu des résultats et des suites données aux promesses, c'est plutôt une autre chanson de Brassens qui me vient sur le bout de la langue

     

    Sans être tout à fait un imbécile fini,
    Je n'ai rien du penseur, du phénix, du génie.
    Mais je n' suis pas le mauvais bougre et j'ai bon cœur,
    Et ça compense à la rigueur.

    Quand les cons sont braves
    Comme moi, Comme toi, Comme nous, Comme vous,
    Ce n'est pas très grave.
    Qu'ils commettent,
    Se permettent Des bêtises, Des sottises,
    Qu'ils déraisonnent,
    Ils n'emmerdent personne.
    Par malheur sur terre
    Les trois quarts Des tocards

    Sont des gens Très méchants,
    Des crétins sectaires.
    Ils s'agitent, Ils s'excitent,
    Ils s'emploient, Ils déploient
    Leur zèle à la ronde,
    Ils emmerdent tout l' monde.

    Si le sieur X était un lampiste ordinaire,
    Il vivrait sans histoir's avec ses congénères.
    Mais hélas ! il est chef de parti, l'animal :
    Quand il débloque, ça fait mal !

    Si le sieur Z était un jobastre sans grade,
    Il laisserait en paix ses pauvres camarades.
    Mais il est général, va-t-en-guerr', matamore.
    Dès qu'il s'en mêle, on compt' les morts.

    Mon Dieu, pardonnez-moi si mon propos vous fâche
    En mettant les connards dedans des peaux de vaches,
    En mélangeant les genr's, vous avez fait d' la terre
    Ce qu'elle est : une pétaudière !

     

    Depuis Bécaud et Brassens, les ponts de Paris et de partout ont vu de l'eau passer et repasser, comme les nuages qui regardent ça de haut, ils ne sont pas les seuls .. Histoire de Piaf ?


    Nous sommes maîtres de la terre
    Nous nous croyons des presque Dieu
    Et pan ! le nez dans la poussière
    Qu'est-ce que nous sommes : des pouilleux

    Et là-haut les oiseaux
    Qui nous voient tout petit, si petits
    Tournent, tournent sur nous
    Et crient : Au fou ! au fou !

     

    Ça c'était le chant des oiseaux migrateurs qui ont survolé la Syrie récemment, heureusement, ils volaient assez haut pour éviter les mauvais coups. Ce ne fut pas le cas pour quelques reporters qui ont laissé leur vie sur les lieux de combats, comme Gerda Taro, Robert Capa, Gilles Caron, Rémi Ochlik, Marie Colvin et presque 2000 reporters journalistes.

     

    remi et marie.jpg

     

    Dédié à Rémi Ochlik et Marie Colvin

     

    gilles caron.jpg

                                                                    à Gilles Caron,

     

    capa et gerda.jpg

                                                           Gerda Taro et Robert Capa


    Dédié aussi à Ambrose Bierce, le vieux gringo qui était allé rejoindre à l'âge de 71 ans les rangs de l'armée du Nord de Pancho Villa pendant la guerre civile qui suivit la révolution mexicaine de 1910 et n'a jamais été revu.

    A Bierce 2.jpg

     Extrait du « Dictionnaire du diable » d'Ambrose Bierce:

     Cynique: Grossier personnage dont la vision déformée voit les choses comme elles sont, et non  comme elles devraient être.

     et pour les citations « Répétition erronée d'une déclaration d'autrui. Extrait repris avec des erreurs »

    Un exemple : « Le 21 ème siècle sera mystique ou ne sera pas. » Cette phrase qu'on a lue sous différentes versions n'a peut-être jamais été prononcée  par Malraux, mais ce serait  la synthèse d'une soirée de débat.  Depuis, vous avez entendu qu'il serait religieux, ou spirituel, ce XXI ème siècle, ce qui n'est pas tout-à-fait la même chose. (Voir les notes très documentées de Brian Thompson, les liens sont en bas de page)

    Et pour le spirituel-mystique-religieux, et les reporters de terrain, saluons les gens de radio qui sont à peu près les seuls à pouvoir donner des nouvelles du Tibet. (France Inter ce jour)

    Le Tibet en 2012, est totalement bouclé par la Chine, et en voie d'asphyxie. Mais ce n'est pas un gros enjeu stratégique pour l'Europe. Et puis c'est loin. Alors ...

    images?q=tbn:ANd9GcQm3ximCc6OveGV4OU_Zvt6yOI40jJEw025EksYwKN578LGjBkf3w

     

    C'est la tache rouge, là dessus, peut-être que les oiseaux migrateurs qui passent par là-bas nous ramèneront des échos moins préoccupants avec le printemps, peut-être ... 

    On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

    Norbert Gabriel

     

     et tout en haut, Robert Capa et son Leïca M3.

    (Mai 1954 en Indochine sans doute une des dernières photos de Capa)

     

    Avec la gracieuse participation de Pierre Delanoë, Louis Amade et Gilbert Bécaud, Brassens, Jules Gallaud et Raymond Asso, pour les extraits de chansons.

     

     

    26 Février. Complément: La phrase mythique sur le mystique, ou religieux ou spirituel est remise en perspective dans la note très complète de Brian Thompson, transmise ce jour, voici le lien pour la consulter:

    https://docs.google.com/file/d/1ph4F_PnklQwyrs_koxwIdxGfI...

     

    Et si vous êtes curieux de savoir comment un américain devient un expert émérite de la chanson francophone, en plus de préciser les variations sur Malraux et le spirituel-religieux-mystique, c'est là

    https://docs.google.com/open?id=1Qwc8wOeMswJIPklDls_-h3Su...

    Lire la suite

    Pour quelques gouttes de rhum de plus...

    Des routes, du rhum, ou des roms, sur les ailes du vent, et ...


    Dis moi beau navire
    Pour qui tu navigues
    Et quel est ton pavillon ?
    S'il est noir et rouge,
    Nous ferons la route
    Qui nous mène à l'horizon


    Ecrirêveries...

    C'était La Croix du Sud de Mermoz, Joshua de Moitessier, L'Oiseau Blanc de Nungesser et Coli, Le Kon Tiki, de Thor Heyerdahl, le Pourquoi pas de Charcot, la Calypso de Cousteau, le Pen Duick de Tabarly, le Vieux Charles de Guynemer, le Spirit of St Louis de Lindberg, l'Argo de Jason, le Pequod du capitaine Achab, l'Hermione de La Fayette, la Santa Maria de Colomb, la Belle Poule, l'Astrolabe, et le Renard de Surcouf, le Bounty ou le Hollandais Volant, et Géronimo de Kersauzon, le dernier chevalier des mers.

    C'étaient des noms à rêver des voyages fabuleux, à la poursuite des nuages, d'une baleine blanche, à la poursuite de chimères magnifiques dans le sillage d'Ulysse, de Sinbad, de Bougainville, de Jean Bart, de Jacques Cartier, de Magellan, de Monfreid ou du capitaine Nemo. Et même parfois du captain Flint, de Long John Silver et de l'Hispaniola, avec jambe de bois, perroquet sur l'épaule et bandeau sur l'œil. Et un sabre dans la ceinture.

    C'était le temps des héros solitaires, des chevaliers libres et fiers, sans peur et sans fil à la patte, les Don Quichotte superbes que les moulins à vent envoyaient dans les étoiles. Le temps de ces poètes fous d'espaces réinventés, Comme Moitessier, et Joshua, le fils du vent, sans radio, ni rien d'autre pour communiquer qu'un lance-pierre. Ce capitaine anarcho-rêveur d'utopies à découvrir au large des mondes artificiels, envoyait un message au lance-pierre sur le pont des cargos rencontrés, pour donner des nouvelles à la famille.

    Allez savoir pourquoi les nouveaux coursiers des mers me défrisent le folklore et l'imaginaire. C'est Groupama, Crédit Agricole, Véolia, La boite à pizza (!!!) Sodebo, et Primagaz, (pour cuire les Crêpes Whaou?) et William-Saurin qui fendent les flots... Ah William-Saurin... Le rêve marin en forme de boite de haricots-saucisses... Vous, je sais pas, mais pour moi William-Saurin c'est d'abord une boite de conserve sur un rayon d'épicerie, pas vraiment la brise au large des Tuamotou. Pas non plus le fameux trois mâts fin un oiseau, le Shamrock, le Cutty Sark, le Rainbow Warrior, ou Santiano. William-Saurin, ça ne me transporte pas dans les mers du Sud, le Pacifique, les îles sous le vent, le cap Horn, Wallis et Futuna..

    William-Saurin, ça renvoie à la cuisine, celle de l'ouvre boite... Et il y a  Crédit Agricole !!! Dans la Route du Rhum, ça me donne juste envie de me pochetronner avec un grand bol de La Mauny, rhum agricole plutôt que le crédit du même nom, pour oublier les arias et les manigances des banques que mon argent intéresse et que mes agios engraissent au delà du raisonnable.

    Et ce bol de rhum me rappelle que parfois « quand j'ai vu, je bois double...» mais c'est une autre histoire. Quoi que, le rhum et le marin, c'est aussi une longue histoire. A tanguer et à rouler. Sur le pont ou sous la table..

    Dis moi beau navire
    Pour qui tu navigues
    Et quel est ton pavillon ?

    Et voguez beaux voiliers ! En 2010, c'est « La boite à pizza, Crèpes Whaou, Fleury-Michon », et pourquoi pas Moule à gaufres tant qu'on y est ?? Moule à gaufres qui gagne la Route du Rhum, ça fait rêver hein ? Ça fait planer dans la mythologie, Moule à gaufres... Et en plus, Moule à gaufres, il est farci de tout un fourniment de zigouigouis électroniques. Quelque part à Paris, Londres, ou à Novosibirsk, il y a au 37 ème étage d'une tour un ordinateur qui calcule tout, la météo, la navigation, la force du vent, l'age du capitaine et la température du poisson rouge de la fille du capitaine. Oui, je sais ça sert à rien pour la course, mais l'ordinateur qu'on nommera Fozzy, pour faire plus convivial, apprécie les petites fantaisies distractives, comme la gestion de l'itinéraire de l'express Paris-Santiago du Chili,  en passant par l'ile de Pâques, Pierre-Bénite et Sauviat.

    Avec arrêt-buffet à St Paul des Landes où le Cantal est particulièrement goûteux.

    Fozzy surveille aussi la température du poisson rouge. Surtout quand il dort au fond du bocal, et qu'il fait semblant de faire le mort pour affoler la fille du capitaine. Et Fozzy, entre deux aiguillages entre Mozac et Santiago du Chili, il dicte au skipper de Moule à gaufres ce que qu'il faut faire, où, quand, comment, parce que! Et on parle d'une course en solitaire... Mais Fozzy, tout omniscient qu'il soit ne peut prévoir si une baleine facétieuse n'aura pas l'idée primesautière de chatouiller Moule à gaufres d'un coup de patte amical. En l'occurrence un coup de nageoire ou de queue, mais avec une créature de 30 tonnes, la caresse peut être rude. Même pour un Moule à gaufres à trois coques. Heureusement, le nombre de baleines se réduit de plus en plus, quand je dis heureusement, c'est malheureusement de l'humour noir. Et Fozzy, par solidarité, accompagne ses avis documentés de quelques chants de baleines, bleues ou blanches... Mais quand même, Fleury-Michon et Crêpes Whaou...

    Voilà pourquoi je ne rêve plus avec ces objets navigants pseudo-nommés façon marketing. Néanmoins, il me reste une grande tendresse pour ce Don Quichotte des mers qui a apprivoisé les moulins des 4 vents Bernard Moitessier, et pour l'hérétique Joshua, libre, farouchement libre, Avec ses messages au lance pierre, bonsoir m'sieur dames, Joshua va bien, et bonjour chez vous. A charge pour le cargo d'activer le tam-tam interstellaire pour relayer la nouvelle.

    Il aurait pu chanter quelques chansons de marins, Moitessier, pour une sérénade à la lune, aux étoiles de mer ou du ciel, ou bien « la chanson du portageur » ...

    Je ne suis qu'un mot qui danse, sur des silences, comme un canot au fil de l'eau...

    Un mot d'émoi, un mot d'amour qui cherche un écho, quelque part sous les nuages d'un ciel infini. Les nuages, les merveilleux nuages, sur une phrase de poète, et un air de Django.

    Latcho drom, Joshua, ta longue route continue. Pour le rêve...

    Dis moi beau navire
    Pour qui tu navigues
    Et quel est ton pavillon ?

    Qu'importe la route
    Qu'importent les doutes
    Et qu'importe si la fleur
    Est plantée à tes lèvres,
    Tout au bout de ton arme
    Tendue au poing, piquée au cœur


    Mais dans la liste des voiliers, on peut encore voir Gitana, Brocéliande, peut-être l'Héautontimoroumenos  cousin d'un futur géant des mers, comme l'hippocampéléphantocamelos ? On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

    Norbert Gabriel



    Merci à Jacques Yvart pour ses chansons à rêver des voyages magiques, à Gilles Vigneault pour son canot qui danse.. à Fozzy et Lentéric, et à Jean Vautrin « Ecrirêveries »

    "Quand j'ai vu, je bois double." du Leprest grand cru. 

    When Joshua fit the battle of Jericho, il ne se doutait pas que 35 siècles plus tard un marin de légende ferait chanter les trompettes de la renommée pour un petit navire intrépide, Joshua...

    De gauche à droite, Bernard Moitessier, Joshua, le Spray de Slocum, et Joshua toutes voiles dehors.

     

    pano Joshua.jpg



     

    1- Joshua fit the battle of Jericho And the walls come tumbling down .. . (Negro spiritual) La Bible dit que les murailles de Jéricho s'effondrèrent après que Josué et ses soldats aient tourné autour 7 jours en sonnant de la trompette. Des archéologues ont récemment mis au jour des sortes de souterrains qui auraient provoqué la ruine des murailles. Le coup des joueurs de trompettes c'était donc pour faire diversion, ou pour faire plus de bruit que le travail de sape sous les murs. Mais comme dit le journaliste Peabody « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende » (dans « L'homme qui tua Liberty Valance »)

    2- Joshua Slocum canadien fait le premier tour du monde en solitaire sur le Spray (voilier de 11 mètres) "Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres"  relate la longue route qu'il fit de 1898 à 1895 .

    3- si vous passez du côté de La Rochelle, saluez Joshua de ma part, il navigue au large de Fort Boyard et de l'île de Ré. Et pour Moitessier , "La longue route" et son histoire avec Joshua, autour du monde.

    moitessier  livre.jpg




    Lire la suite

    La mangeuse de nuages

    Anouk Aïata Concert La loge 4 décembre 2012

    anouk aiata,nomade,chanson, On dirait qu'on est près d'un feu de camp à côté d'une verdine, ou d'une yourte, peut-être un tee-pee, ou dans l'ombre complice d'un bosquet de bouleaux dont les écorces brillent doucement. Ne pas déranger les sortilèges de l'arbre à plumes. Sous cet arbre, une gypsy western chercheuse d'or et de rêve regarde les ronds de fumée qui montent vers la lune.

    C'est le conte intemporel de toutes les âmes nomades de tous les pays, venues au rendez-vous de la femme qui mange les nuages. Elles passent en valse ritournelle tendre et et légère, ou en swing profond, embarquées par un violoncelle qui donne de la voix et du rythme, souple et puissant à la fois, et une guitare qui pose ses notes comme des pierres précieuses sur les soieries rouges et blanches d'une Carmen orientale. Ou d'une western gypsy.

    C'était un soir à La Loge avec la voix et le geste d'Anouk Aïata, le violoncelle d'Amos Mâh, et la guitare de Jean-Louis Solans. Et tous les mangeurs de lune et de nuages étaient au rendez-vous. Réel ou virtuel, mais tellement perceptible.

    anouk aiata,nomade,chanson,


    Je suis un  souvenir qui marche

    Voyageur qui cherche  les pays imaginaires par delà l’horizon

    J’ai l’âme tatouée d’un chemin destiné à n’arriver jamais

    Je suis de ces oiseaux migrateurs

    Jongleurs musiciens saltimbanques

    Qui effacent les frontières au gré du vent

    Guetteurs d’arc-en-ciel et de chemins d’étoiles

    Ils inventent des musiques métissées de toutes les douleurs

    Des chants de cœur battant

    De cicatrices ouvertes

    Et de ritournelles dansantes  bulles légères de champagne

    Eclats de rêves et de vie   étincelles de bonheur

    d’instants éparpillés gaiement le long du parcours

     

    L’important,  manouche gitan ou bohémien

    Touareg ou bédouin, zingaro, romani

    Ce n’est pas le bout de la route,

    C’est la route

    Je suis un souvenir qui marche

    porté par l’écho des notes d’une guitare

     

    Ce chemin de nuage que le vent effiloche

         Ce violon qui raconte dix mille ans de voyage

                   Cette guitare blues fragile au bord du grand fleuve

                              Ou rouge flamenco dans les rues de Séville

     

                                          Ce chant éternel venu du fond des âges

                                                      Des baladins nomades  des tziganes

                                                                  Des métèques flamboyants de soleils égyptiens

                                                                             Des oiseaux de passage au regard étoilé

     

    C’est la vie qui danse et renaît chaque matin

     

    Latcho (d)Rom

     

    Patchwork de traces  multiples, Garcia-Lorca, Elan Noir, Django Reinhardt, Nina Simone, Nazim Hikmet, Jean Ferrat, Aragon et Ferré.

    Aïta, en langue maorie signifie "la femme qui mange les nuages"

     http://fr.myspace.com/anoukaiata

    Lire la suite

    Welcome chez les Ch'tis !

     

     

    Elle est à toi cette chanson,

    Toi le chtimi qui sans façon

    A donné un morceau de pain

    à un immigré clandestin...

     

    L'article L.622-1 du Ceseda punit de cinq ans de prison toute personne qui aura apporté une
    aide à la circulation irrégulière d'un étranger en France. Nombre de membres de familles ou d'élus sont menacés de poursuites...

     

    Eh oh, fais gaffe le ch’ti, et l’auvergnat aussi, vous tombez sous le coup de la loi, passibles d’embastillement, amendes, casier judiciaire, fichier Stic et tout le fourbi ... Citoyen, attention, même avec un Pass navigo de la RATP, t’es fiché, classé, cible pub potentielle, alors tu penses bien que si tu donnes un sandwich à un clandestin pour lui éviter de tomber d’inanition, t’es fait mon gars, le clandestin reprend son chemin, et toi « ... cinq ans de prison (pour) toute personne qui aura apporté une aide à la circulation... » Circulez, y a rien à boire ??? si en plus tu aggraves ton cas en lui donnant une bouteille d’eau...

    Je comprends de mieux en mieux Leprest « quand j’ai vu, je bois double ! »

    Du côté de Calais, un débat récent radio a mis en évidence que la majorité des gens qui aident les clandestins à survivre sont issus de structures associatives souvent chrétiennes. Voilà des dangereux hors-la-loi, idem les communistes,"les partageux"* idem les musulmans, car un bon musulman est un hors la loi potentiel, un présumé outlaw qui n’a plus sa place sur le territoire français. Et pourquoi ça s’il vous plait ? Parce qu’un bon musulman doit respecter quelques règles de base, parmi lesquelles l’aumône. Normalement un bon chrétien devrait faire la même chose, l’aumône, mais il semble que les bons chrétiens se fassent rares dans les rues et les chemins. Et un croyant qui fait l’aumône, ou qui partage un bout de pain, ou qui aide un frère humain en détresse va tomber sous le coup de la loi s’il n’a pas pris la précaution de s’assurer que le malheureux est bien un malheureux officiel, et pas un malheureux clandestin, ou un clandestin malheureux. C’est comme ça depuis la nouvelle civilisation des années 2009, « aimez-vous les uns les autres, sauf ... » Sauf les imprévoyants qui n’ont pas prévu le passeport pour « être aimable » pour avoir le privilège d’être secouru en cas de péril. Quant aux sauveteurs providentiels, idem, outlaw.

    Art L622... délit de solidarité. Interdit, prohibé...  Condamnables celles et ceux pour qui fraternité n’est pas un terme exclusivement estampillé bleu blanc rouge.

    Les gens de nulle part
    Sont tous de quelque part

    Ils ont tout simplement perdu leur paradis
    Ils sont les rescapés d’immenses tragédies
    Qu’on nomme avec pudeur
    Bavures de l’histoire

     

    Qui sont-ils ces gens de nulle part ? Qu’est-ce que je pourrais dire à Luc 7 ans, Roman 6 ans Clara 5 ans  ? leur répondre en chanson ? en bande dessinée ?

    Un petit garçon est venu me voir tout à l'heure
    Avec des crayons et du papier
    Il m'a dit "je veux dessiner un homme en couleur
    Dis-moi comment le colorier".

    Je voudrais qu'il soit pareil à moi, quand je serai grand
    Libre très fort et heureux
    Faut-il le peindre en bleu, en noir ou en blanc
    Pour qu'il soit comme je le veux.


    J’ai eu envie de dire :  « Tiens voilà une bonne question, demande à Hugues Aufray la bonne réponse... »

    Si tu le peins en bleu, fils, il ne te ressemblera guère
    Si tu le peins en rouge, fils, on viendra lui voler sa terre
    Si tu le peins en jaune, mon fils, il aura faim toute sa pauvre vie
    Si tu le peins en noir, fils, plus de liberté pour lui.

    S'il fallait trouver une morale à ma chanson
    Je crois qu'il faut dire à tous les enfants
    Que la couleur ne fait pas l'homme.


    Du côté de Calais, il y a des gens en détresse, il y a des gens qui n’acceptent pas de regarder ailleurs, qui pensent que le devoir de solidarité et la non assistance à personne en danger priment sur les arguties législatives, comme cet article l 622, qui est en contradiction avec les directives européennes. Et je commence à être convaincu que nous sommes tous des européens humains. Y a-t-il des humains clandestins de l’humanité ?

    Bon, alors, comment on fait pour reconnaître un clandestin ? ça je sais pas, mais je vais me renseigner. Ce délit de solidarité serait tout-à-fait opposable à Coluche et l’abbé Pierre, mais ils sont intouchables, ils ont émigré vers d’autres cieux. Où on ne demande pas de passeport, ni de visa, ni de carte de séjour. Un jour ou l’autre, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

    Norbert Gabriel

     

    avec la complicité bienveillante de Georges Brassens (Chanson pour l'auvergnat)    Herbert Pagani (Les gens de nulle part) et Hugues Aufray (Les crayons de couleurs adaptation d'un chanson anglo saxonne, écrite dans les années 60, quand l'apartheid était la loi en Afrique du Sud, et les pancartes White only banales aux USA)

    *"les partageux": c'est ainsi qu'on appelait les communistes vers 1900, et dans mon innocence enfantine, j'étais fier de dire au catéchisme que mon grand père était un partageux, un communiste... Le curé a levé les yeux au ciel, pour un curé, c'est assez normal, je ne sais pas ce qu'il y a vu, et s'il a vu quelque chose, il m'a demandé qui était mon grand père... Giovanni Païer, Jean Païer, quoi ! Ah je vois... le curé avait l'air amusé... En ce temps là, c'était Don Camillo et Peppone qui squattaient les écrans de cinéma, et un communiste italien est une sorte d'exception idéologique, qui déteste le Pape, mais irait bien faire les 400 coups avec Jésus et sa bande de va-nu-pieds. Du côté de Calais par exemple.

    Lire la suite

    Chantons Noël

     



    Noël Noël, chantons Noël.

    Un peu de légèreté ne nuirait pas dans le propos du temps de l’Avent, car enfin, quoi, toujours les fulminations de Ferré-Ferrat-Colette Magny ou Lavilliers, diantre, il n’y a pas que les opprimés, les pauvres, la preuve :

    Regarde les riches

    Arrête de pleurer Babelou
    Arrête de dire que t'es toute seule
    Ici c'est chacun pour sa gueule
    ...
    Autour de toi tout l'monde s'en fout
    Arrête de pleurer Babelou
    Regarde les riches
    Ils sont coiffés comme leur caniche
    Regarde les riches
    Ils roulent en Rolls sur la corniche
    Regarde les riches
    L'important c'est tout c'qu'ils affichent
    Les riches.
    ...
    Arrête de chanter Babelou
    Ce blues des banlieues qui rend fou
    Arrête de ramer pour personne
    Tu vois pas qu'on t'prend pour une conne
    Arrête de lire Ici-Paris
    Faudra r'tourner bosser lundi


    (Didier Barbelivien, François Bernheim)

    Dans ces extraits, on voit deux choses, la capacité de visonnaire, euh visionnaire, (qu’est-ce que le vison vient faire ici ?) de Barbelivien, qui a l’air de savoir de quoi il parle (mais de QUI parlait-il ?) et aussi que cette chanson date des années révolues où les riches (et les rock-stars) roulaient en Rolls. Aujourd’hui, les riches sont plutôt discrets, en général, le genre gourmette-Rolex-bague ostentatoire, c’est plus tellement bien vu, surtout quand c’est trop vu, je me comprends.

    Il faut avoir un peu de pudeur en ces temps difficiles ; montrer qu’on a largement de quoi, c’est d’un commun, du vulgaire de parvenu, dans la vraie bonne société, il faut savoir se tenir. Pas comme ces pauvres qui s’affichent sans retenue, on en voit plein les rues, sur le trottoir, et en train de fouiller dans les poubelles en fin de marché, même des vieux farfouillent dans les cageots... Quelle époque !

    C’est pas Liliane B. ou Vincent B. qu’on verrait frimer comme des pipoles en goguette et en prime-time avec leurs colifichets tintinabulants, même signés Cartier ou Van Cleef, l’ostentatoire n’est pas très classe. C’est juste « voyant » et le bon goût, c’est d’être pas trop voyant. Ce qui montre bien que les pauvres n’ont pas bon goût, pas tous, je reconnais que certains ont la discrétion d’aller camper dans des fourrés inextricables du bois de Vincennes, à l’abri des regards, on peut même y mourir sans déranger personne, voilà des pauvres bien élevés, pas comme ces mal-polis qui installent leurs tentes déglinguées rue de la Banque, franchement, quel sans gêne... Et on s’étonne que la Bourse déprime ? Mais elle est sensible la Bourse, ça lui désoblige le regard et les tréfonds de l’âme, car la Bourse a une âme, parfaitement. Toutes ces subprimes en déliquescence, ça la mine.

    Rue de la Banque, c’est propre, et quand on y met des trucs qui encombrent le paysage, la justice sévit. Normal, non ? Donc, la loi a parlé, les tentes des mal-logés qui ont occupé un trottoir rue de la Banque, c’est comme des détritus, des immondices, c’est réprimé, et c’est justice. Mais j’aurais mal au gosier à dire « la justice de mon pays », ça passe pas, ça me coince la glotte. Une sorte de boule qui bloque... J’ai souvent entendu des notables entrant au tribunal déclarer avec solennité « j’ai confiance en la justice de mon pays » un type ordinaire dirait «  je suis innocent », mais non... et il me vient une arrière-pensée, le notable a surtout confiance en ses avocats et les magistrats, comme s’il y avait une justice à deux ou trois vitesses, mais je m’égare, revenons aux propos de saison.

    Notre bon Père Noêl est en train de réviser son traîneau, de passer au mirror les clochettes, de réveiller ses feignants de rennes qui roupillent depuis 11 mois, et comme il est prévoyant, papa Noêl, il a prévu d’ajouter une remorque au traîneau, mais une remorque sobre, pas bariolée de couleurs clinquantes, entre gris foncé et noir léger... comme ça, s’il trouve quelques morts de froid, de fatigue, ou de désespoir dans les rues de Paris, hop, dans la remorque... Faut s’adapter aux temps modernes. Merci papa Noël.

    Tiens mais qu’est-ce qu’il chante le père Noël ? « Le travail c’est la santé ? » non, il sifflote, il marmonne, « ah ça ira, ça ira, ça ira... » c’est vrai que de la part d’un type en rouge, on aurait dû se douter... Sacré coco, comme dit Leprest...

    Lequel vient d’avoir un Grand Prix de l’Académie Charles Cros, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

    Norbert Gabriel

    Lire la suite

    28/11/2008 | Lien permanent

    Chanson métèque...

    Cette chanson métèque était inspirée, et dédicacée à Jo ...  Le chat d'Alexandrie est parti en voyage, il paraît que les chats ont 7 vies, et en Egypte, le chat est un dieu... En un sens Moustaki est éternel. Au moins dans nos coeurs.

     

    Je suis un  souvenir qui marche

    Voyageur qui cherche  les pays imaginaires par delà l’horizon

    J’ai l’âme tatouée d’un chemin destiné à n’arriver jamais

    Je suis de ces oiseaux migrateurs

    Jongleurs musiciens saltimbanques

    Qui effacent les frontières au gré du vent

    Guetteurs d’arc-en-ciel et de chemins d’étoiles

    Ils inventent des musiques métissées de toutes les douleurs

    Des chants de cœur battant

    De cicatrices ouvertes

    Et de ritournelles dansantes  bulles légères de champagne

    Eclats de rêves et de vie   étincelles de bonheur

    d’instants éparpillés gaiement le long du parcours

     

    L’important,  manouche gitan ou bohémien

    Touareg ou bédouin, zingaro, romani

    Ce n’est pas le bout de la route,

    C’est la route

    Je suis un souvenir qui marche

    porté par l’écho des notes d’une guitare

     

    Ce chemin de nuage que le vent effiloche

         Ce violon qui raconte dix mille ans de voyage

                   Cette guitare blues fragile au bord du grand fleuve

                              Ou rouge flamenco dans les rues de Séville

     

                                          Ce chant éternel venu du fond des âges

                                                      Des baladins nomades  des tziganes

                                                                  Des métèques flamboyants de soleils égyptiens

                                                                             Des oiseaux de passage au regard étoilé

     

    C’est la vie qui danse et renaît chaque matin

     

    Et pourtant dans le monde, d'autres voix nous répondent... Salut l'ami ...

    Norbert Gabriel

     Patchwork de traces  multiples, Garcia-Lorca, Elan Noir, Django Reinhardt, Nina Simone, Nazim Hikmet, Jean Ferrat, Aragon et Ferré.

    Lire la suite

    Vivre ou survivre, tranches de vies

     

    454 sans-abris morts en 2013 en France, dont 15 enfants

     


    Le clochard
    A quoi peut-il penser
    Peut être à son passé
    Qui peut le dire
    Dans un bar
    De l'autre côté de la rue
    Y'a un drôle de chahut
    Des chants, des rires
    Un clébard qu'a un beau petit manteau
    Vient renifler le clodo
    Puis il se tire
    Vers le bar
    Sifflé par son papa
    Qui aime les bêtes mais pas
    Pas les clochards

     

    Quel regard sur le clodi-clodo SDF, sans abri, le squatter des bancs publics, bancs qu'on encercle de grilles ou qu'on équipe de clous rétractables moyennant finance pour éviter que des mal vêtus, mal lavés ne polluent le paysage de leur misère visible ? Cachez ces pauvres qui désobligent le regard des braves gens trop sensibles... et puis il y a des enfants qui pourraient voir ces horreurs, des pauvres qu'ont même pas la décence de se cacher sous les ponts.

     

    Trois points de vue qui se croisent,

     

    Soyons bonne poire, versons un pourboire
    Dans la patte noire du clodo
    Pendant que tout foire, lui sur la mer Noire
    De son rouge pinard, ho hisse et ho
    Il craque et titube comme un vieux rafiot
    En gueulant un tube de tuberculo
    Litron dans la fouille, traînant sa gadouille
    Il part en quenouille dans l'avenue Junot
    Clodi Clodo

     

    C'était le temps du folklore parigot, mais les temps changent, les mots aussi, on fait dans le politiquement correct, Ouste le clodo de l'argot de Pantruche, voici le SDF de l'énarque qui parle corrèque et réguyer !

     

    Ce qui me blesse esse - esse
    C'est d'être soldé dé dé
    Pour pas bézef ef ef
    S.D.F.
    J'ai pas d'adresse esse - esse
    Rien à garder der der
    J'ai pas l'téleph eph eph
    S.D.F.

     

    Et encore heureux, le SDF de Leprest peut aller chez Youssef trouver un peu de chaleur humaine, c'est pas le cas de « Chiffon » qui illustre bien la tendance lourde des temps présents,

     

    Je suis cette silhouette
    Cette voix qu’on envoie
    Comme un vent
    Si souvent promener
    Cette main parchemin
    très usée mais rusée
    qui s’approche et s’accroche
    aux passants
    Ce poisseux et crasseux
    de bonhomme qu’on surnomme
    la verrue de la rue Maupassant

     

    Celui là n'a pas le repos pittoresque de Clodi-Clodo, pas non plus l'asile intermittent du père Youssef, lui c'est un coin de rue comme champ de repos... avec épilogue moins réjouissant, mais lucide...

    Je suis ce   Malchanceux

    Mal peigné   Moins soigné

    Qu'un rasta   Piteux tas

    De chiffons

     Cette dépouille  Qu'on dépouille

    A son gré  Sans regrets

    Ni remords

    Un'fois morte de froid.

     

    Le monde a la beauté du regard qu'on y pose, mais la misère n'est ni belle à voir, ni à vivre, on n'est pas obligé de hurler comme un stentor avec effets tonitruants pour peindre les tableaux de la vie rugueuse comme disait Doisneau, et comme le fait Pierre Lebelâge dans cette chanson tendre et désespérée, sans jugement, sans indignation trop bien surjouée, juste un regard amical envers ces

    Frères humains qui parmi nous vivez …

    N'ayez les cœurs contre nous endurcis,

     

    Février est arrivé, il y a encore des frimas dans l'air, mais on n'a jamais été aussi proches du printemps, on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle... Même quand on est sans abri.

    Norbert Gabriel

     

     

    Boulevard de Clichy, un soir de Juin 2014, dans la résidence permanente de deux femmes de 6o ans environ.

     

    SDF  Juin 2014 01-07-2014 19-44-14.JPG

    - Avec la participation d'Henri Salvador, Claude Nougaro, Allain Leprest, Pierre Lebelâge et François Villon pour la conclusion...

    - La chanson « Chiffon » de Pierre Lebelâge est dans son album « Babel » et cette chanson est une des plus belles et réussies sur ce thème de la rue.

     

     

     

     

     

     

    Lire la suite

    Page : 1 2 3