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28/11/2008

Chantons Noël

 



Noël Noël, chantons Noël.

Un peu de légèreté ne nuirait pas dans le propos du temps de l’Avent, car enfin, quoi, toujours les fulminations de Ferré-Ferrat-Colette Magny ou Lavilliers, diantre, il n’y a pas que les opprimés, les pauvres, la preuve :

Regarde les riches

Arrête de pleurer Babelou
Arrête de dire que t'es toute seule
Ici c'est chacun pour sa gueule
...
Autour de toi tout l'monde s'en fout
Arrête de pleurer Babelou
Regarde les riches
Ils sont coiffés comme leur caniche
Regarde les riches
Ils roulent en Rolls sur la corniche
Regarde les riches
L'important c'est tout c'qu'ils affichent
Les riches.
...
Arrête de chanter Babelou
Ce blues des banlieues qui rend fou
Arrête de ramer pour personne
Tu vois pas qu'on t'prend pour une conne
Arrête de lire Ici-Paris
Faudra r'tourner bosser lundi


(Didier Barbelivien, François Bernheim)

Dans ces extraits, on voit deux choses, la capacité de visonnaire, euh visionnaire, (qu’est-ce que le vison vient faire ici ?) de Barbelivien, qui a l’air de savoir de quoi il parle (mais de QUI parlait-il ?) et aussi que cette chanson date des années révolues où les riches (et les rock-stars) roulaient en Rolls. Aujourd’hui, les riches sont plutôt discrets, en général, le genre gourmette-Rolex-bague ostentatoire, c’est plus tellement bien vu, surtout quand c’est trop vu, je me comprends.

Il faut avoir un peu de pudeur en ces temps difficiles ; montrer qu’on a largement de quoi, c’est d’un commun, du vulgaire de parvenu, dans la vraie bonne société, il faut savoir se tenir. Pas comme ces pauvres qui s’affichent sans retenue, on en voit plein les rues, sur le trottoir, et en train de fouiller dans les poubelles en fin de marché, même des vieux farfouillent dans les cageots... Quelle époque !

C’est pas Liliane B. ou Vincent B. qu’on verrait frimer comme des pipoles en goguette et en prime-time avec leurs colifichets tintinabulants, même signés Cartier ou Van Cleef, l’ostentatoire n’est pas très classe. C’est juste « voyant » et le bon goût, c’est d’être pas trop voyant. Ce qui montre bien que les pauvres n’ont pas bon goût, pas tous, je reconnais que certains ont la discrétion d’aller camper dans des fourrés inextricables du bois de Vincennes, à l’abri des regards, on peut même y mourir sans déranger personne, voilà des pauvres bien élevés, pas comme ces mal-polis qui installent leurs tentes déglinguées rue de la Banque, franchement, quel sans gêne... Et on s’étonne que la Bourse déprime ? Mais elle est sensible la Bourse, ça lui désoblige le regard et les tréfonds de l’âme, car la Bourse a une âme, parfaitement. Toutes ces subprimes en déliquescence, ça la mine.

Rue de la Banque, c’est propre, et quand on y met des trucs qui encombrent le paysage, la justice sévit. Normal, non ? Donc, la loi a parlé, les tentes des mal-logés qui ont occupé un trottoir rue de la Banque, c’est comme des détritus, des immondices, c’est réprimé, et c’est justice. Mais j’aurais mal au gosier à dire « la justice de mon pays », ça passe pas, ça me coince la glotte. Une sorte de boule qui bloque... J’ai souvent entendu des notables entrant au tribunal déclarer avec solennité « j’ai confiance en la justice de mon pays » un type ordinaire dirait «  je suis innocent », mais non... et il me vient une arrière-pensée, le notable a surtout confiance en ses avocats et les magistrats, comme s’il y avait une justice à deux ou trois vitesses, mais je m’égare, revenons aux propos de saison.

Notre bon Père Noêl est en train de réviser son traîneau, de passer au mirror les clochettes, de réveiller ses feignants de rennes qui roupillent depuis 11 mois, et comme il est prévoyant, papa Noêl, il a prévu d’ajouter une remorque au traîneau, mais une remorque sobre, pas bariolée de couleurs clinquantes, entre gris foncé et noir léger... comme ça, s’il trouve quelques morts de froid, de fatigue, ou de désespoir dans les rues de Paris, hop, dans la remorque... Faut s’adapter aux temps modernes. Merci papa Noël.

Tiens mais qu’est-ce qu’il chante le père Noël ? « Le travail c’est la santé ? » non, il sifflote, il marmonne, « ah ça ira, ça ira, ça ira... » c’est vrai que de la part d’un type en rouge, on aurait dû se douter... Sacré coco, comme dit Leprest...

Lequel vient d’avoir un Grand Prix de l’Académie Charles Cros, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel