26/11/2013
Radiotages ....
Quand je vois passer un bateau J'ai envie de me foutre à l'eau Et d'enjamber le bastingage Et vivre entre le ciel et l'eau Le reste de mon âge
Regarder les champs de pavots
Semés de filles à la démarche étrange
Le pan de la jupe fendue
Bat l'amble sur des jambes nues
Juteuses comme des oranges. La mort est un bateau aux bas résilles
Qui appareillera peut-être demain
S´il nous faut partir, que ce soit en marin
Quand on arrive au bel âge
On peut mourir comme on voyage...
Si dans ma descendance il naît quelque marin
J´aimerais qu´il s´élance, voyageur de demain
Il quitterait la Terre le corps en apesanteur
Et reviendrait peut-être bel oiseau migrateur...
Les néons, les Léon, les noms de dieu
Sublime décadence la danse des panses,
Ministére de la biére artére vers l'enfer
Place de Brouckére
Ohé du bateau
Qu´importe la route
Qu´importent les doutes
Et qu´importe si la fleur
Est plantée à tes lèvres
Tout au bout de ton arme
Tendue au poing, piquée au cœur
Depuis mes premiers pas dans la vie, j'ai été nourri par la TSF (et aussi les spaghettis al dente, à la sauce tomate - du jardin, la tomate ) et c'est par les voix de radio que j'ai commencé à faire des voyages sans frontières, Novosibirsk, Ljubljana, Moscow, Milano, Roma, et Radio Andorra, et Radio Lyon et la mère Cottivet...
Je n'ai jamais perdu ce goût des voix lointaines et amies... Même le speaker moscovite ou norvégien était une sorte d'ami familier dont j'aimais retrouver les mots et le son, sans avoir le sens. Mais ça je m'en foutais. Le premier livre que j'ai dû consulter, c'était un vieil atlas très fatigué que mon grand père avait beaucoup visité avec Wanda et Adda, ses filles, ma mère et ma tante, et là, dans cet atlas, il me montrait les pays lointains de mes copains de radio. En attendant de conquérir le monde, j'avais mes vaisseaux de haut bord avec ces voyages radiophoniques, j'avais mes aéronefs Latécoère, Morane-Saulnier, Potez ou Caudron, et en route pour la gloire. « Mon copain d'Pékin » je l'avais chez moi tous les jours, quand je voulais.
Je n'ai jamais perdu le goût de ça, ces voix et ces contes entre rêve et réel, m'ont beaucoup nourri et incité à lire tout et presque n'importe quoi … Y compris un roman Harlequin dans les années 80, à cause d'une jolie fille qui en parlait avec tant de passion et d'émerveillement que ça m'a troublé... Mais pas pour autant converti à la prose Harlequin, ou à la chanson du même métal.
Parce que la TSF, c'était des dizaines de chansons par jour, il y avait même des revues hebdo, qui détaillaient les programmes en donnant les titres des chansons prévues en diffusion. C'est fou, ces temps quasi préhistoriques... Dans la même journée, sur la même radio, presque à la même heure, Luis Mariano et Stéphane Golmann, Lily Fayol et Marianne Oswald... Gilbert Bécaud et André Dassary … et Trenet … et Montand, notre rital préféré.. avec Rina Ketty...
Tout ça vous tatoue indélébile une certaine approche des autres, d'abord écouter ce qu'ils disent, ou ce qu'ils chantent, avant de savoir quel air ils ont... Physiquement parlant... Pour l'air et la chanson, je me fie plus à mes oreilles qu'à mes yeux. Le ramage étant plus important que le plumage, mes phénix n'ont pas vielli.
Depuis Stéphane Pizzella et ses nuits du bout du monde, d'autres voix sont venues m'inviter au voyage, Jacques Yvart, Guy Bontempelli « quand je vois passer un bateau... »
Partir sur un bateau espagnol et revenir en mal d'Andalousie, au Cabaret des minteux, raconter mes voyages. La voix de Kriss m'a beaucoup promené, sur des airs de poissons volants, ou dans des portraits sensibles, portés par la voix... Le rêve n'a pas de limite...
Dans ces voix, il y eût pour la chanson Foulquier et ses escrimeurs du verbe, c'est chez lui que Desproges a fait ses premiers billets, puis il y eût Laurence Lefèbvre, Syvie Coulomb, Didier Varrod, tous exerçant leur verve passionnée avec une belle écriture incisive et colorée. C'est leur style et leur esprit qui m'a séduit, et qui me séduit toujours.
Il se peut que je sois devenu un vieux con passéïste et obsolète, j'avais déjà des dispositions pour l'obsolescence dans mon jeune âge, au temps des yé-yés j'écoutais surtout Django, Pauline Julien, Francesca Solleville, et Ferrat, et Pagani, et Debronckart... c'est dire …
Dans les extraits qui ouvrent cette lettre, un des auteurs serait un hurluberlu qui produit de la bouillie imbitable et absconse, c'est possible, mais moi qui essaie d'écrire comme ça, qui aurais aimé signer ces lignes, je vois maintenant ce que pensent les quelques possibles égarés qui passent sur un site où je m'épanchais... Pour éviter ces avanies textuelles à des gens qui ne m'ont rien demandé, mieux vaut réserver mes babillages à un carnet intime strictement confidentiel. Ce que je ferais désormais, et pardon pour le dérangement.
Il paraît que le Beaujolais nouveau est arrivé, et qu'il n'est pas pire que les années précédentes, on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.
Norbert Gabriel
PS : merci à ceux à qui j'ai emprunté les extraits, vous les reconnaissez ?
PS 2: le récepteirr radio en image est exactement celui qui m'a élevé, avec mes grands parents, choisi par mon ébéniste de grand père, autant pour ses qualités à capter la Scala de Milan que pour la beauté de l'ébénisterie.
Et salut à Moitessier et son Joshua... avec cette superbe chanson des Enfants Terribles ...
http://www.youtube.com/watch?v=uP-nAnaGn1U
14:49 Publié dans Blog, Musique, Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : chanson, radio, norbert gabriel, jacques yvart, guy bontempelli, foulquier, pollen, varrod, sylvie coulomb, france inter