Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/05/2010

Déclaration d'amour

 

Déclaration d'amour à Bernard Dimey

 

Rendre hommage à un auteur, et lui rendre un hommage à la dimension de son talent, n'est pas chose facile. Et ça ne se fait pas en bricolant une compil' de ses succès, pour que ça percute dans le public, en surfant sur les airs connus, qui réduisent un auteur à une ou deux chansons, et à une caricature. Ce dont Bernard Dimey a été la victime très souvent. Il n'est pas que l'ogre clownesque du folklore du trottoir montmartrois, Dimey, c'est beaucoup plus, c'est un auteur d'une dimension rare. Avec des textes grandioses, tragiques et superbes, désespérés et truculents, humains jusqu'au plus profond de l'être.

 

« J'avais dans le regard des feux inexplicables »

« Et je disais des mots cent fois plus grands que moi »

 

Voyageur sans frontière sur les voiles du rêve,

« Nous referons le monde, oscillants mais debout »

« Heureux de découvrir que si la terre est ronde »

« On est aussi ronds qu'elle , et on s'en porte bien.. »

 

Dans des sillages risqués, où l'on se perd parfois

 

« Je sens que le jour vient de la nuit qui s'installe »

« Une superbe nuit, sans planètes ni rien »

« Où j'irai naviguer, visitant les étoiles »

«  Et parler de la terre où l'on était si bien . »

 

On a cherché l'Eden de nos enfances, mais

« Quand on se prend pour un seigneur »

« Il faut être armé jusqu'aux dents »

« Regardez bien la gueule que j'ai »

« C'est le grand Guignol en partance »

« C'est du désespoir en vacances »

« C'est impossible à corriger »

 

Et l'enfance qui réinvente la vie est passée,

« Il est terrible, mais vraiment terrible le jour où cette chose arrive »

«  Le jour où cette vérité vous éclate à la gueule, »

« Il est vraiment épouvantable de se voir en pied

« Et de réaliser brusquement qu'on est moche et gros »

« Qu'on est l'inverse absolument de ce qu'il aurait fallu »

« L'inverse exactement de ce qu'on voulait, de ce qu'on cherchait »

 

qu'on aurait voulu être, et qu'on ne sera jamais. Alors

« Ivrogne et pourquoi pas ? «

« Ivrogne ça veut dire un peu de ma jeunesse »

« Un peu de mes trente ans pour une île au trésor »


 

Pour connaître des envols et des naufrages superbes,

« Je croyais autrefois, à l'âge des étoiles, et des sources »

« et des rires, et des premiers espoirs,

« Etre né pour tout dire, n'être là que pour ça »

« Je me suis avancé parmi vous, pas-à-pas, »

«  et l'on m'a regardé comme un énergumène »

«  Un polichinelle au sifflet bien coupé, qui savait amuser son monde...

«  à la rigueur le faire un peu sourire, le faire un peu pleurer.. »


 

Et chanter les mirages qui font briller les yeux

« Pépère écoute pas ça, c'est du mélancolique »

« à chaque fois qu'tu l'entends, tu t'fais ton cinéma »

« Ça te rappelle des trucs cette espèce de musique »

« Ça te rappelle Germaine, mais ça tu l'diras pas »


 

La chanson cette fille des rues qui se donne gratis, qu'on partage à l'envi,

cette belle voyageuse,  amoureuse,  indomptable  feu follet

 

Les chansons... Les refrains qu'on fredonne en sourdine
Entre l'île Saint-Louis et le pont Mirabeau
Quand Mon pote le Gitan s'endort dans sa verdine
C'est comme un beau poison qu'on aurait dans la peau
Moi qu'écris des chansons pour occuper mes heures
Je voudrais en faire une qu'on n'oublierait jamais
Afin que, parmi vous, un peu de moi demeure
Comme une fleur vivace aux Marches du palais.


 

D'un manque à vivre, en bestiaires truculents, la mer à boire n'a pas suffi à désaltérer cet albatros volant vers des soleils superbes, vers tous les horizons, par-dessus les montagnes, par-dessus les nuages, cet enfant maquillé  qui ressemble à vos rêves, archange désabusé d'un dieu inexistant qu'il faut réinventer, et moi qui n'y crois pas j'écrirais des cantiques, mais,

 

« Mais l'âge m'est passé des sermons de ce genre, »

«  Je ne dirai pas tout, »

«  Or, tout me reste à dire. »

 

Salut Bernard Dimey.

 

Depuis quelques années, Valérie Mischler a créé un spectacle sur Bernard Dimey, sans doute le plus  abouti, dans sa mise en majesté de ce Dimey trop souvent réduit à un cliché pour touriste du gai Paris. Au lieu de surfer sur les airs les plus connus, elle est entrée dans la vie de Dimey, et son spectacle est une superbe déclaration d'amour, et toi qui n'y croyais pas, Bernard, quand

«  tu taillais des succès d'ombres et de  superbes amertumes en alexandrins de bazar »

tu verras si tu passes par là, à l'Archipel en Mai 2010, que Valérie Mischler et Catherine Bedez ont su trouver la forme et le fond d'un bel hommage amoureux. En passant, signalons la mise en musique par Catherine Bedez de « Pépère », avec une mélodie dans la lignée des compositions de Chris Carol, Francis Lai, ou Gaby Wagenheim. Autre chanson originale au crédit de Catherine Bedez et Valérie Mischler, « La dame aux camélias » une revue façon Pigalle en 3' 05''.

Pour en savoir plus sur la genèse de ce spectacle, un entretien avec la maîtresse d'œuvre Valérie Mischler,

http://www.ledoigtdansloeil.com/rencontresM.html

pour écouter quelques chansons (je vous conseille vivement « j'aimerais tant savoir « )

http://www.myspace.com/valeriemischlerchansons

 

et il y a aussi un disque 12 titres, chez EPM  « Valérie Mischler chante Dimey 985 202)

 

En bonus final, quelques images du spectacle le 22 Mai à l'Archipel (Paris)

 

pano 2 VM 22 Mai.jpg


 

pano 3 VM 22 mai.jpg

 

Actuellement, Valérie Mischler et Catherine Bedez terminent une série de concerts à la Manufacture de chansons de Paris, dernière lundi 31 Mai. (avec Michel Glasko à l'accordéon)  S'il y a un peu de bon sens dans ce monde du show et du biz,  ces deux spectacles doivent figurer dans les agendas des programmateurs  en quête de pépites à partager.  J'espère qu'il en reste, des programmateurs avisés,  on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel