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13/05/2012

Premières parties

 … en chanson,

 «Make love 

Last chance

Happy Birthday 

No choose

No cheese 

But I say Mister B »

 

Traduction

 « Faire l'amour, la dernière chance, bon anniversaire, pas de choix, ou pas de fromage,

mais je dis monsieur B... »

 Explication et contexte (et pas texte con, quoi que...)

C'est souvent l'occasion de découvrir des artistes quand ils sont invités en première partie, surtout quand il y a une certaine cohérence avec l'artiste principal. Un trop grand décalage n'est pas forcément profitable à l'harmonie du spectacle, Orelsan en première partie d'Anne Sylvestre, je ne suis pas sûr que le public d'Anne Sylvestre trépignerait avec enthousiasme.

Une expérience récente me laisse très réservé sur l'intéret de certaines premières parties. Dans une belle salle parisienne pas très loin de Pigalle, la vedette qui va présenter un nouvel album et un nouveau spectacle a invité un groupe en première partie. Ce qui part d'un bon sentiment. Et à 20h pile, ça commence. Musicalement pop rock, textuellement 100% anglais. Bon. Durant les 30 minutes, je saisis, dans l'ordre des chansons : « Make love » puis « Last chance » puis « Happy Birthday » puis «  No choose, ou No cheese » puis « But I say Mister B »...

Si je fais une tentative de traduction de ces réminiscences, ça donne donc : « Faire l'amour, la dernière chance, bon anniversaire, pas de choix, ou pas de fromage, (à moins que ce ne soit pas de choix dans le fromage pour l'anniversaire?) mais je dis, monsieur B. » Moi je dis drôle d'histoire … Avant de me traiter de turlupin malengroin qui ne comprend rien aux nouvelles tendances de l'anglo-saxon dans la chanson, et qui manque de recul au motif que l'anglais n'est pas ma langue familière, deux ou trois précisions : la première fois que j'ai entendu « Fleuve profond » et le negro spiritual, « Sometimes I'fell like a motherless child » ou «  Swing low, sweet chariot » ou « Nobody knows the trouble I've seen » j'étais en première année d'anglais classique, et je n'ai pas eu besoin de traduction pour être touché au plus intime, pour saisir toute la dimension émotionnelle de ces chants.

Idem 20 ans plus tard avec « The end » des Doors, même si mon anglais avait évolué, les termes d'argot poétique ne me sont pas familiers, mais ce long texte d'écorché vif n'avait pas besoin de sous titres pour en comprendre la signification, un chant désespéré, un immortel sanglot* ...

Et ce n'est que plusieurs années plus tard, après avoir souvent écouté cet album et ces 11 minutes de pur génie -avec 1'15 d'intro guitare solo- que j'ai cherché la traduction, pour un ou deux détails à préciser. Et le texte traduit n'a pas déçu la formidable émotion de la première écoute.

Mais revenons à notre première partie. Donc après la synthèse du texte saisi en 5 ou 6 bribes, j'ai eu une bonne demi-heure pour « analyser » la chose, le temps de démontage de tout le fourbi de la première partie et du montage du fourbi de la vraie soirée. Qui commence donc à 21 h, ce que des petits malins ont pressenti, puisqu'ils arrivent à 21 heures, et se glissent vers les premiers rangs, car en bas, c'est public debout, et le spectateur imprudent qui fait un pas de côté se fait aussitôt piquer sa place. Et ceux qui viennent d'arriver et qui ont déjà le téléphone en main pour faire des photos floues ou de travers, n'ont pas l'intention de dégager la place qu'ils viennent d'usurper.

Ainsi, les innocents qui sont arrivés à 20h, ont eu une demi-heure en anglais, une demi-heure de déménagement-aménagement, et ça fait quand même un peu longuet. Pour ma part, j'ai pu meubler en essayant de trouver quelque chose de positif sur la première partie, la seule question en suspens étant finalement: "C'est birthday avec no choose ou no cheese...?" Ça fait quand même léger comme souvenir de spectacle. Et sans être un anti anglosaxon primaire, il me semble que les artistes qui font de la scène devraient peut-être songer à ceux qui les écoutent, au cas où ils auraient quelque chose à leur dire.

Parce que la chanson de cette première partie ne m'a pas raconté grand chose. Et je ne suis pas sûr que les frenchies qui jaspinent english pour faire moderne aient vraiment quelque chose à dire.

Billie Holiday, Vladimir Vissotski, Mahalia Jackson, Maria Callas, Carlos Gardel ou Amy Winehouse n'ont jamais eu besoin de faire des pseudos effets de langue pour taper au coeur et au corps.

Tout ça m'a donné l'occasion de réécouter « The end », pour vérifier un ou deux détails, en voilà deux versions, un live à Toronto, expurgé, et la version studio intégrale.

                                                                     « The end »

 doors rouge.jpglive Toronto 1967

 http://www.dailymotion.com/video/x86kw_doors-the-end-live...

 (10'38 de scène, il manque un couplet très violent et provocant, suggéré par une partie musicale incandescente, auto censure  suite à des problèmes d'interdiction, ou coupure de la la vidéo ? Si c'est le cas, le morceau aurait duré 13 minutes ..)

Et ici, l'intégrale: http://www.youtube.com/watch?v=aGmAmJFUvzM (11'47 sur l'album)

Mais il arrive que l'artiste invité en première partie soit une vraie découverte, c'est arrivé souvent, ce qui montre bien qu'on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel

 *Dédié à Jim Morrison, de la part de Musset :

 Les chants désespérés sont les chants les plus beaux

Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.