Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/07/2011

Radio days and french folies


Ça me rappelle un refrain qui disait :

Pour être encore en haut d'l'affiche
Faudrait qu'je sussure en angliche
Si j'veux coller à mon époque
Il me faut braire en amerloque

 

14 juillet 2011, soir de gala au St Jean d'Acre à La Rochelle, entièrement en anglais if you please ! C'est la fête nationale annexée par les rosbifs pure pop façon Manchester ou Liverpool, mais option tricolore. Le premier groupe, français, parle français au public et chuinte anglais au micro chant. Le gros avantage, c'est qu'on n'a pas à s'occuper du texte, son sens, sa pertinence. Ça évite à des trublions anarcho libertaires de rappeler que le 14 Juillet fut un jour de revendication populaire, enfin, c'est ce qui se dit dans les livres d'Histoire (et d'histoires). Donc si on eût une fête à Léo un 14 juillet, ce n'est plus de mise.

 

On pourra chanter sans entrave
Quand les gens n'y comprendront rien
Pour être encore en haut d'l'affiche
J'pourrai sussurer en angliche
Si je n'veux pas finir en loque
Je pourrai braire en amerloque

 

Musicalement, rien à dire, il y a eu des excellents groupes, mais certains symboles ont la peau dure, symboles, ou valeurs, ou points de vue... Il me semble détestable de faire des sortes de fêtes pinard-sauciflard genre « tant pis, c'est bête hein, mais il y en a qui ne viendront pas , ils ne mangent pas de cochonnailles, les sots ! » Là tout pareil finalement, vous aimez la langue de chez nous, celle qui sait se métisser de saveurs africaines ou québécoises, qui la fait vivre avec truculence et humour, tant pis pour vous, ce ne sera pas votre soirée ce 14 juillet.

 

La langue française a fait son temps
Paraît qu'on n'arrête pas l'progrès
Que pour être vedette à présent
Il vaut mieux chanter en anglais

 

C'est du show bizeness, faut être raccord. Comme son nom l'indique … mais sur le plan expression, communication, échange avec le public, à part sautiller sur des rythmes entrainants, il se passe quoi ? Spectateur, mon presque frère, qui tapait des pieds et des mains en poussant des cris d'enthousiasme, ils t'ont raconté quoi tous ces groupes ?? Je ne sais pas trop... Eux non plus si ça se trouve, à part t'exhorter à taper dans tes mains...

Si j'étais de très mauvaise humeur, je dirais volontiers que ces arguties pour justifier la venue de l'anglais sur la scène rock 2011 - faites du bruit!!!! - c'est une sorte d'anesthésie de la pensée, on croit faire de la subversion en faisant du ramdam censé effrayer le bourgeois, mais il rigole le bourgeois devant ces provocs infantiles. On va hurler d'enthousiasme quand le chanteur hulule « Fuck the power» mais on se garde bien d'expliciter la chose en bon français façon Didier Porte.

C'est un peu comme tous ces chanteurs dégagés qui ont mis à leur répertoire « le déserteur ».. en 1963... pour crier sur les Champs Elysées « Paix au Viet-Nam ». Mais en 1954, il n'y avait pas grand monde pour chanter « Le déserteur » sauf Marcel Mouloudji. En 1954, c'était la fin de la guerre d'Indochine, et le début de celle d'Algérie. Fallait les avoir bien accrochées ses convictions pour y aller, pour chanter « Le déserteur » dans les usines, dans les  Maisons du Peuple  quand la radio et le pouvoir avaient interdit de diffusion cette chanson. Que tous les jeunes gens de 16 à 18 ans connaissaient en 1956-58. Sans promo, sans marketing, mais les mots qui cognent. Autres temps, révolus ?

 

Y a p't-êtr' quand même un avantage
A cette évolution sans frein
On pourra chanter sans entrave
Quand les gens n'y comprendront rien

Chantez en anglais, c'est good for the marketing, quant à votre identité, ce sera celle de votre compte en banque. Le bizz, avant le show.

Salut à Bernard Chérèze qui recentre le débat sur la nécessité de garder et sauvegarder ce qui fait la richesse de notre culture. Et vouloir faire de l'erzatz anglo saxon, sorry my dear, mais la copie vaut rarement l'original.

C'était en direct de ma radio qui retransmet les soirées St JA, où de toutes façons je ne serais pas allé. Pas par chauvinisme exacerbé, mais par intérêt plus soutenu pour d'autres spectacles.

Du côté de la Coursive, il y avait de belles choses, dans la rue aussi, où Lili Cros et Thierry Chazelle ont fait leur spectacle, et c'était gratuit en plus. C'est ça la chanson d'expression française, aller dans la rue, et prendre le public par la main , et lui raconter des histoires qui lui ressemblent. Et plus si affinités.

Un dernier conseil, en chanson ? Voilà..

J'ai pris la méthode assimil
My tailor in the pocket
Pour avoir l'air comme les débiles
D'arriver du Massachusetts
Pour être encore en haut d'l'affiche
Faudrait qu'je sussure en angliche
Si j'veux coller à mon époque
Il me faut braire en amerloque

 

 

Chanter, chanter des fois ça m'fout l'cafard répond Leprest ...

 

Merci à Jean Ferrat et ses conseils pour être encore en haut d'l'affiche. Quoi que ...

Norbert Gabriel

 

PS : mais en ouverture Bernard Lavilliers était là pour faire vivre cette flamme des Francofolies qui résiste encore envers et contre tout. Son dernier album s'appelle « Causes perdues et musiques tropicales » … Il n'y a pas de hasard. Et comme disait un poète « Les chants désespérés sont parfois les plus beaux ... » Chanter, chanter des fois ça m'fout l'cafard ...   (cette soirée d'ouverture sur le St JA présentait aussi Zaz, Nolwenn Leroy, Ours et Christophe Maé) Extrait en radio des concerts d'Ours, Zaz, Lavilliers)

 

Flash info : En direct de La Rochelle du 13/07/2011

Deuxième soirée de plateau pour Didier Varrod dans le Patio des VIP ! Pêle-mêle, Didier Varrod reçoit Bertrand Belin, Mademoiselle K, Jean-Louis Aubert... et va à la rencontre de Zazie dans ses loges.

Avec : Mademoiselle K, Jean-Louis Aubert et Bertrand Belin

 

 

Suite :  Chronique d'un auditeur grincheux, mais dont la mémoire ne flanche pas.

Différents échos dans la presse qualifient de grincheux les malengroins dans mon genre qui gronchonnent sur la programmation, genre vous n'y étiez pas, et ceux qui y étaient, les spectateurs, étaient contents.

Extrait presse « «Soit ce sont des grincheux, soit ils ont la mémoire courte. Jean-Louis Foulquier, créateur du festival en 1985 a été le premier à faire des soirées électro dès 1998», a répondu Gérard Pont. »

Ma grincherie vient de ce que j'ai entendu en diffusion radio, qui n'est pas la représentation objective du festival, dont acte ! Mais vieil auditeur de province dans les années 88-89, c'est en écoutant France Inter qui faisait des retransmissions (avec Patricia Martin au micro) d'une partie de tous les concerts, Salle Bleue, Grand Théâtre, Esplanade St Jean d'Acre, que j'ai eu envie d'aller à La Rochelle, parce que j'entendais dans ma radio des échos enthousiasmants de cette fête de la chanson plurielle. Dans ces années là, il y eût le formidable Richard Desjardins, connu uniquement des auditeurs de Pollen, et de Foulquier. Si Desjardins avait été à La Coursive cette année 2011, moi, auditeur lambda de Paris, du Cantal ou des Ardennes, je n'en saurais rien.

Cette année, Maxime Le Forestier a fait un concert d'anthologie (c'est le cas de le dire ) mais en face, il y avait David Guetta et ses 13 000 electro-dancers, ce qui ne me dérange pas, si je peux avoir un écho de Maxime. Ce qui ne fut pas.

Extrait presse « Maxime Le Forestier a interprété en intégralité son premier album publié en 1972 où figurent San Francisco, Mon Frère, Parachutiste. Lors de cette soirée hommage sous la forme "la fête à", Ayo, Juliette, Emily Loizeau, Féfé et bien d’autres ont célébré avec lui la réédition de cet album et ses 40 ans de carrière. » 

Vivre avec son temps en croisant tous les genres de musiques, c'est ce qui me plaisait dans Pollen, mais faire des soirées symboles avec de l'anglo saxon ersatz, non merci. En vertu de l'air du temps, des modes et des envies supposées des jeunes, les années yé-yé sixties ont laminé une forme de chanson d'expression , il a fallu une génération pour qu'elle revienne avec Souchon, Cabrel, Véronique Sanson, et quelques autres.

Et pendant ce temps Anne Sylvestre écrivait des Fabulettes, car ce temps n'était pas à la mode de sa chanson d'expression … Fallait twister hula hoop et mashed potatoes, comme aujourd'hui faut être « dance floor » pour plaire aux programmateurs new time.

Sorry gentlemen , depuis Brassens et sa guitare, Ferré et son piano, Barbara, Brel, Moustaki, il y a un certain esprit de « Résistance Chanson » qui fait son grincheux, néanmoins, dans un grand souci de modernité et d'opportunité marchandiseuse, je vais quand même conseiller à Leprest de revisiter ses chansons en electro dance yaourt british, et là, mon coco, go to the top of the show !!

Avec Berny Dimey en guest star, qui nous fera « the Paris's bestiaire » en slang-rap-hip-hop, ça va déchirer his mother !!

Bon, c'est pas tout de faire le mauvais coucheur grognon, l'an prochain, j'y serai aux Francos, pas forcément sur le St JA, mais à la Coursive, dans les rues, aux Francos juniors, place de l'Horloge, et je vous raconterai tout ça, cochon qui s'en dédit (voire cochon grincheux, mais optimiste )

Et comme tout finit par des chansons – françaises- laissons le mot de la fin à Juliette

 

Tout est bon dans l'cochon
Du groin jusqu'au jambon
C'est bon.
La rate et les rognons
La queue en tire-bouchon
C'est bon.

Désormais je veux chanter l'cochon
Le pâté, l'saucisson
Répétons sur cet air polisson :
"Qui c'est qu'est bon ? C'est l'cochon, c'est bon !"

Je pourrais dire bien des choses
Sur son talent
Il a la couleur des roses
Sans leurs piquants.
Et puis quand on a terminé
Les bons morceaux
Reste de quoi faire des souliers
Et des pinceaux !

 

On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

L'auditeur grincheux Norbert Gabriel

Pour la bande son: Jean Ferrat, Leprest, Juliette.

et aussi "La langue de chez nous" d'Yves Duteil ( avec Diane Dufresne...)  c'est là:



http://www.francetudiant.com/videos/?v=5VZx1_92WWw


et si ça marche pas, courez ici:

http://www.francetudiant.com/videos/?v=5VZx1_92WWw