19/03/2011
Le spirituel selon Shamanou
et pour quelques notes de guitare de plus...
Certains courent après la vie
Moi la vie me court après
Les gens courent comme des fourmis,
Moi j'les regarde s'agiter
On ne m'a pas mis sur terre
Pour me tuer à travailler
Mais pour vivre à ma manière
Et goûter à la liberté
Et rêver, et sourire, Et bâiller, et dormir.
J'ai fait mon paradis sur la terre
Car la paix règne au fond de mon coeur
Et vraiment si c'était à refaire
Je saurais pour garder mon bonheur, et rêver, et sourire ,
Et bâiller, et dormir.
Voilà ce que c'est de chanter du soir au matin et du matin au soir, comme un pinson guilleret, et d'écouter des albums de chanson, toute la maison en est imprégnée et quand il y a discussion et débat, même mon chat me répond en chanson. Et parfois en chanson de 1953-54, alors qu'il a 4 ans et demi, il a dû être chat de troubadour dans une vie antérieure. Chez Brassens, peut-être... Je venais de lui dire, gentiment, qu'il aurait pu faire un effort et ranger au moins la boule de papier qu'il avait réduite en charpie (je lui ai mis un but, il a pas apprécié) et il m'a répondu avec la chanson ci dessus. En s'éloignant de l'aspirateur que je passais dans le salon pour ramasser les morceaux. Ça m'a cloué le bec ! Mais je lui ai donné rendez-vous pour en discuter après les travaux ménagers.
Il y eût un soir, il y eût un matin, et Dieu vit que cela était bon. Et pour que ce soit meilleur, il a créé le chat. (les dits de Shamanou)
Car au temps de la Genèse quand Dieu a créé le paradis, il y a mis le chat, animal parfait comme chacun sait, et puis dans un moment d'égarement Dieu a créé le bipède humanoïde, et les ennuis ont commencé. Mais ceci est une autre histoire... Les chats ne s'en sont pas trop mal tirés, pas obligés de gagner leur pitance à la sueur de leur front, juste invités à chasser les souris, ce qui joint l'utile à l'agréable. Surtout pour le chat. En principe. La souris peut ne pas être du même avis. Pas par esprit de contradiction, juste par esprit de conservation. Et non de conversation, c'est un débat, dont nous ferons état un autre jour. A la mi-Août par exemple.
Mais pour la conversation, dont il est question plus haut, avec Shamanou, on a donc tchaté, c'est la version moderne de la tchatche, avec ou sans chat, et même parfois sans personne de réel, rien que des tchatcheurs virtuels qui tchatent sur le web, ou dans le web, c'est une sorte de tamtam interstellaire, pour converser avec des inconnus qu'on ne sait même pas qui c'est vu qu'ils ont un pseudo, on ne sait même pas où ils sont, vu que le mot que je tape sur le clavier arrive plus vite en Ouzbekistan septentrional que chez la voisine de palier à qui je pourrais demander quelque chose pour tchater entre voisins. Des nouvelles de son chat par exemple. Heureusement que c'est un mâle, sinon on pourrait vite s'éparpiller dans le grivois limite inconvenant.
Le chat de la voisine ayant eu les honneurs d'une chanson, dont j'ai évoqué la pertinence, la chanson, pas le chat, a suscité des jalousies de la part de Shamanou qui a pris ça au premier degré.
Il joue volontiers les intellos, mais il est parfois très premier degré surtout au niveau de la croquette nourricière et de l'ego félin. Et c'est sans doute pour ça qu'il est venu me ronronner à l'oreille gauche (celle du coeur) « Dessine-moi une chanson » Intello-chat oui, aristo-chat non, métissé gouttière-auvergnat, émigré à Paris, et quasi végétarien! On a ses valeurs et ses bases anarcho-libertaires, voire anarchat-libertaires.
Voilà comment c'est arrivé. Il y eût un soir, il y eût un matin, et ... la quête du spirituel.
Dans l'incessante poursuite des chimères et utopies dont je nourris mon ordinaire depuis un certain temps, et un temps certain, il y a l'ambition modeste mais assidue d'apporter un atome de spirituel dans les marasmes économiques du quotidien, celui chanté par Léo Ferré dans « la vie d'artiste » quand les fins de mois ponctuent 7 fois par semaine le cours inexorable des jours. Et des nuits aussi.
Et pour extraire la minuscule et journalière pépite de spirituel, je suis un adepte résolu d'un moment de méditation et d'introspection mystique horizontale afin de transcender et optimiser la circulation des idées .. En langage courant usuel, c'est la cérémonie de la sieste.
Et dans ces exercices spirituels, il est bon d'avoir un maître, un expert, un professionnel émérite de la chose, un artiste dont l'excellence des avis et de l'exemple est la meilleure garantie pour approfondir avec profit cet art de l'auto analyse méditative.
Mon gourou personnel est très ponctuel, comme un coucou suisse, chaque jour à 14h, tel la statue du commandeur, il s'installe sur la couette, côté mur, et j'obtempère à son regard impératif, « couché, là, couché! » je m'installe à côté de lui et on discute.
Au passage, je note que je dois être le seul humain au monde qui obéit quand son chat lui dit « couché! »
Donc on discute, et en bon chat-nalyste , je parle, il écoute. Comme je raconte parfois des histoires à dormir debout, couché, ou roulé en boule, on finit par ronronner de concert. Un peu comme les « AUMMM » tibétain, mais en version ronflette. Et c'est là qu'il m'est venu une idée, un peu farfelue, mais pas inintéressante. Quand Shamanou m'a ronronné à l'oreille -gauche- « Dessine-moi une chanson! » ... Ça c'est sûrement parce que je lui ai donné à lire l'histoire du mouton qui avait dit à un pilote « dessine-moi un navion » ou quelque chose du genre. La question était intéressante, certes, mais dessiner une chanson, quelle idée saugrenue … Quoi que …
Il n'est pas si bête que ça Shamanou, ce n'est pas n'importe quel chat, d'accord, c'est un intellectuel, en tout cas il fait tout pour en avoir l'air. Cette photo en témoigne :
Et il a bon goût, « Les balades en jazz » d'Alain Gerber est un excellent livre, très belle écriture, pour des promenades jazz et de belles rencontres (on y rencontre Henri Crolla)
La musique, la chanson, c'est un voyage. Un de mes premiers souvenirs, et même deux premiers, c'était « Ma cabane au Canada, » et «Une chanson douce » - le loup la biche et le chevalier- ah, la chanson douce ... c'était tout le monde des fées, des elfes, des farfadets, des lutins et korrigans, les sylphes, vouivres et trolls de tout acabit, et des bergères qui deviennent princesses, ou des bergers qui deviennent chevaliers..
Ma cabane au Canada, j'avais une autre raison d'y être attaché, la chanson est née au moment où mon oncle François venait d'émigrer au Québec, et ça me rassurait de savoir qu'il y avait une cabane qui l'attendait, lui le trappeur aventureux, chercheur d'or intrépide, chasseur d'ours, d'orignal, de daim ou de caribou, entre la baie James et le Klondique, vers Natashquan ou Chicoutimi. Je ne dois pas être le seul à avoir rêvé de la cabane au Canada, à la suite de l'oncle François, Nelly, Jean-Claude, Véronique, Muriel, puis Christiane, Armand, Lisette, Paul, cousines-cousins, et ascendants-descendants ont rejoint les rives du St Laurent, et de temps en temps, les voilà en visite dans leur vieux pays de France.
C'est précisément avec Nelly et Véronique que j'ai pu satisfaire à la demande de Shamanou:
« Dessine-moi une chanson ... s'il vous plait .. »
(J'ai toujours l'air de me perdre en digressions erratiques, mais pas tant que ça, la preuve, je retombe toujours sur mes pattes, c'est mon côté chat) Donc dessinons une chanson.
Dans nos explorations de la French Way of parisian life, (le folkore parisien, quoi !) nous sommes allés assister à une soirée de swing manouche, où nous avons découvert un authentique enfant prodige de la guitare. Pas un de ces hyper speedés de la 6 cordes qui font des concours de virtuosité façon sprint guitaristique pour jeux olympiques, ceux dont Sarane Ferret disait en 1944-45, « C'est bien toutes ces notes, mais on n'a pas le temps de voir le paysage » et depuis quelques mois, j'en avais ras le médiator du swing mitraillette boosté aux amphétamines. J'en avais plus qu'assez des concerts TGV alors que je rêve d'une verdine nonchalante allant au pas des chevaux vers les horizons de nuages qu'on n'atteint jamais. Et heureusement d'ailleurs. C'est comme un chercheur d'or, quand il a trouvé, son Eldorado, il a perdu son rêve … Et ça … Je ne connais rien de plus triste que perdre ses rêves.
Ce jeune homme musicien Antoine Boyer, 14 ans, apporte à la musique ces suppléments d'âme qui transportent les spectateurs dans des paradis mélodiques rares, raffinés, et grâce à Sébastien Boyer, son père, il nous offre des compositions peu connues, de Francis-Alfred Moerman, de Sarane Ferret, de Yorgi Loeffler, quelques uns de ces poètes de la musique dont la discrétion a un peu occulté les talents de musiciens élégants, frères de musique de Django, qu'ils n'ont jamais copié, pour tracer leur propre sentier harmonique comme le fit Henri Crolla, ne pas copier, ne pas imiter, mais chercher un autre chemin. L'important, ce n'est pas le bout de la route, c'est la route.
Grâce à Antoine et Sébastien Boyer, vous pourrez écouter l'exceptionnel talent de ceux qui font chanter la guitare, en lui faisant l'amour, et non en la violant, chacun son approche de la musique. Ceux qui dessinent ces paysages musicaux de rêve, sensibles, subtils, et des chansons à faire danser les anges, je crois que Paganini disait des choses comme ça. C'est cette chanson là que j'ai dessinée, enfin dessinée, disons transmise, celle d'Antoine et Sébastien d'Esmeraldjazz.
La musique , le mieux c'est de l'écouter, au lieu d'en parler, c'est ici que ça s'écoute:
http://www.myspace.com/esmeraldjazzandfriends
et en particulier Super Carburant (F.A. Moerman)
autres infos
http://www.esmeraldjazz.com/extraits.html
Le nouvel album d'Esmeraldjazz 'Leské' vient de sortir, c'est une merveille.
Prochainement, une création proposée par Antoine et Sébastien Boyer, un projet original, que j'aurai le bonheur de vous raconter dès les premiers jours du printemps, ce qui confirme qu'on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle. Ou deux.
Norbert Gabriel
Merci à Eddie Constantine pour son intro musicale, et aux cousines du Québec, Nelly et sa dynastie grâce à qui ce fut Esmeraldjazz vendredi, Lapin à Montmartre samedi, et Roissy dimanche à l'aube, pour dessiner un avion à mon mouton..
Et puisqu'il est question de chat de sieste et de guitare, cette image s'impose
Last, but not least, comme disait Ernest
Le chat est d'une honnêteté absolue : les êtres humains cachent, pour une raison ou une autre, leurs sentiments. Les chats non. (Hemingway)
18:45 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : chat, guitare, spirituel, chanson