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28/11/2010

Pour quelques gouttes de rhum de plus...

Des routes, du rhum, ou des roms, sur les ailes du vent, et ...


Dis moi beau navire
Pour qui tu navigues
Et quel est ton pavillon ?
S'il est noir et rouge,
Nous ferons la route
Qui nous mène à l'horizon


Ecrirêveries...

C'était La Croix du Sud de Mermoz, Joshua de Moitessier, L'Oiseau Blanc de Nungesser et Coli, Le Kon Tiki, de Thor Heyerdahl, le Pourquoi pas de Charcot, la Calypso de Cousteau, le Pen Duick de Tabarly, le Vieux Charles de Guynemer, le Spirit of St Louis de Lindberg, l'Argo de Jason, le Pequod du capitaine Achab, l'Hermione de La Fayette, la Santa Maria de Colomb, la Belle Poule, l'Astrolabe, et le Renard de Surcouf, le Bounty ou le Hollandais Volant, et Géronimo de Kersauzon, le dernier chevalier des mers.

C'étaient des noms à rêver des voyages fabuleux, à la poursuite des nuages, d'une baleine blanche, à la poursuite de chimères magnifiques dans le sillage d'Ulysse, de Sinbad, de Bougainville, de Jean Bart, de Jacques Cartier, de Magellan, de Monfreid ou du capitaine Nemo. Et même parfois du captain Flint, de Long John Silver et de l'Hispaniola, avec jambe de bois, perroquet sur l'épaule et bandeau sur l'œil. Et un sabre dans la ceinture.

C'était le temps des héros solitaires, des chevaliers libres et fiers, sans peur et sans fil à la patte, les Don Quichotte superbes que les moulins à vent envoyaient dans les étoiles. Le temps de ces poètes fous d'espaces réinventés, Comme Moitessier, et Joshua, le fils du vent, sans radio, ni rien d'autre pour communiquer qu'un lance-pierre. Ce capitaine anarcho-rêveur d'utopies à découvrir au large des mondes artificiels, envoyait un message au lance-pierre sur le pont des cargos rencontrés, pour donner des nouvelles à la famille.

Allez savoir pourquoi les nouveaux coursiers des mers me défrisent le folklore et l'imaginaire. C'est Groupama, Crédit Agricole, Véolia, La boite à pizza (!!!) Sodebo, et Primagaz, (pour cuire les Crêpes Whaou?) et William-Saurin qui fendent les flots... Ah William-Saurin... Le rêve marin en forme de boite de haricots-saucisses... Vous, je sais pas, mais pour moi William-Saurin c'est d'abord une boite de conserve sur un rayon d'épicerie, pas vraiment la brise au large des Tuamotou. Pas non plus le fameux trois mâts fin un oiseau, le Shamrock, le Cutty Sark, le Rainbow Warrior, ou Santiano. William-Saurin, ça ne me transporte pas dans les mers du Sud, le Pacifique, les îles sous le vent, le cap Horn, Wallis et Futuna..

William-Saurin, ça renvoie à la cuisine, celle de l'ouvre boite... Et il y a  Crédit Agricole !!! Dans la Route du Rhum, ça me donne juste envie de me pochetronner avec un grand bol de La Mauny, rhum agricole plutôt que le crédit du même nom, pour oublier les arias et les manigances des banques que mon argent intéresse et que mes agios engraissent au delà du raisonnable.

Et ce bol de rhum me rappelle que parfois « quand j'ai vu, je bois double...» mais c'est une autre histoire. Quoi que, le rhum et le marin, c'est aussi une longue histoire. A tanguer et à rouler. Sur le pont ou sous la table..

Dis moi beau navire
Pour qui tu navigues
Et quel est ton pavillon ?

Et voguez beaux voiliers ! En 2010, c'est « La boite à pizza, Crèpes Whaou, Fleury-Michon », et pourquoi pas Moule à gaufres tant qu'on y est ?? Moule à gaufres qui gagne la Route du Rhum, ça fait rêver hein ? Ça fait planer dans la mythologie, Moule à gaufres... Et en plus, Moule à gaufres, il est farci de tout un fourniment de zigouigouis électroniques. Quelque part à Paris, Londres, ou à Novosibirsk, il y a au 37 ème étage d'une tour un ordinateur qui calcule tout, la météo, la navigation, la force du vent, l'age du capitaine et la température du poisson rouge de la fille du capitaine. Oui, je sais ça sert à rien pour la course, mais l'ordinateur qu'on nommera Fozzy, pour faire plus convivial, apprécie les petites fantaisies distractives, comme la gestion de l'itinéraire de l'express Paris-Santiago du Chili,  en passant par l'ile de Pâques, Pierre-Bénite et Sauviat.

Avec arrêt-buffet à St Paul des Landes où le Cantal est particulièrement goûteux.

Fozzy surveille aussi la température du poisson rouge. Surtout quand il dort au fond du bocal, et qu'il fait semblant de faire le mort pour affoler la fille du capitaine. Et Fozzy, entre deux aiguillages entre Mozac et Santiago du Chili, il dicte au skipper de Moule à gaufres ce que qu'il faut faire, où, quand, comment, parce que! Et on parle d'une course en solitaire... Mais Fozzy, tout omniscient qu'il soit ne peut prévoir si une baleine facétieuse n'aura pas l'idée primesautière de chatouiller Moule à gaufres d'un coup de patte amical. En l'occurrence un coup de nageoire ou de queue, mais avec une créature de 30 tonnes, la caresse peut être rude. Même pour un Moule à gaufres à trois coques. Heureusement, le nombre de baleines se réduit de plus en plus, quand je dis heureusement, c'est malheureusement de l'humour noir. Et Fozzy, par solidarité, accompagne ses avis documentés de quelques chants de baleines, bleues ou blanches... Mais quand même, Fleury-Michon et Crêpes Whaou...

Voilà pourquoi je ne rêve plus avec ces objets navigants pseudo-nommés façon marketing. Néanmoins, il me reste une grande tendresse pour ce Don Quichotte des mers qui a apprivoisé les moulins des 4 vents Bernard Moitessier, et pour l'hérétique Joshua, libre, farouchement libre, Avec ses messages au lance pierre, bonsoir m'sieur dames, Joshua va bien, et bonjour chez vous. A charge pour le cargo d'activer le tam-tam interstellaire pour relayer la nouvelle.

Il aurait pu chanter quelques chansons de marins, Moitessier, pour une sérénade à la lune, aux étoiles de mer ou du ciel, ou bien « la chanson du portageur » ...

Je ne suis qu'un mot qui danse, sur des silences, comme un canot au fil de l'eau...

Un mot d'émoi, un mot d'amour qui cherche un écho, quelque part sous les nuages d'un ciel infini. Les nuages, les merveilleux nuages, sur une phrase de poète, et un air de Django.

Latcho drom, Joshua, ta longue route continue. Pour le rêve...

Dis moi beau navire
Pour qui tu navigues
Et quel est ton pavillon ?

Qu'importe la route
Qu'importent les doutes
Et qu'importe si la fleur
Est plantée à tes lèvres,
Tout au bout de ton arme
Tendue au poing, piquée au cœur


Mais dans la liste des voiliers, on peut encore voir Gitana, Brocéliande, peut-être l'Héautontimoroumenos  cousin d'un futur géant des mers, comme l'hippocampéléphantocamelos ? On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel



Merci à Jacques Yvart pour ses chansons à rêver des voyages magiques, à Gilles Vigneault pour son canot qui danse.. à Fozzy et Lentéric, et à Jean Vautrin « Ecrirêveries »

"Quand j'ai vu, je bois double." du Leprest grand cru. 

When Joshua fit the battle of Jericho, il ne se doutait pas que 35 siècles plus tard un marin de légende ferait chanter les trompettes de la renommée pour un petit navire intrépide, Joshua...

De gauche à droite, Bernard Moitessier, Joshua, le Spray de Slocum, et Joshua toutes voiles dehors.

 

pano Joshua.jpg



 

1- Joshua fit the battle of Jericho And the walls come tumbling down .. . (Negro spiritual) La Bible dit que les murailles de Jéricho s'effondrèrent après que Josué et ses soldats aient tourné autour 7 jours en sonnant de la trompette. Des archéologues ont récemment mis au jour des sortes de souterrains qui auraient provoqué la ruine des murailles. Le coup des joueurs de trompettes c'était donc pour faire diversion, ou pour faire plus de bruit que le travail de sape sous les murs. Mais comme dit le journaliste Peabody « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende » (dans « L'homme qui tua Liberty Valance »)

2- Joshua Slocum canadien fait le premier tour du monde en solitaire sur le Spray (voilier de 11 mètres) "Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres"  relate la longue route qu'il fit de 1898 à 1895 .

3- si vous passez du côté de La Rochelle, saluez Joshua de ma part, il navigue au large de Fort Boyard et de l'île de Ré. Et pour Moitessier , "La longue route" et son histoire avec Joshua, autour du monde.

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