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08/04/2012

Faut vivre...

 

Cette chanson est apparue en 1973, enregistrée dans l'album « Faut vivre »

(Texte de Mouloudji, musique de madame Cris Carol)faut vivre 2.jpg

 

Entre 1973 et 1982, Mouloudji a apporté quelques variantes, des nuances, des mises à jour ? Voilà ….


Il y a peut-être 150 millions de galaxies contenant chacune 120, 150 millions d'étoiles...
A des centaines de milliers d'années lumières... Il y a des centaines d'autres galaxies contenant encore des milliards d'étoiles... Poussières dans un Sahara d'étoiles.
..




Malgré les grands yeux du néant
c'est pour mieux te manger enfant

nous manger
et les silences et les boucans...
Faut vivre

Et bien qu'aveugles sur fond de nuit
entre les gouffres infinis
des milliards d'étoiles qui rient...
Faut vivre...

Malgré qu'on soit pas toujours beau
et que l'on ait plus ses seize ans
et sur l'espoir un chèque en blanc
Faut vivre...

Malgré le coeur qui perd le nord
au vent d'amour qui souffle encore
et qui parfois encore nous grise
Faut vivre...

Malgré qu'on ait pas de génie
n'est pas Rimbaud qui veut pardi
et qu'on se cherche un alibi
malgré tous ces morts en goguette

nos
qui errent dans les rues de nos têtes
Faut vivre...

Malgré qu'on soit brave et salaud
qu'on ait des complexes à gogo
et qu'on les aime c'est ça le pire
Faut vivre...

Malgré l'idéal du jeune temps
qui s'est usé au mur du temps
et par d'autres repris en chantant
Faut vivre...

Malgré qu'en s'tournant vers l'passé
on est effrayé de s'avouer

on en est parfois effrayé
qu'on a tout de même un peu changé

de voir combien on a changé
Faut vivre...

Malgré que l'on soit de passage

Malgré qu'on soit du même voyage
qu'on vive en fou, qu'on vive en sage
tout finira dans le naufrage

un
Faut vivre...

Malgré qu'au ciel de nos poitrines
en nous sentinelle endormie
dans un bruit d'usine gémit
le coeur aveugle qui funambule
sur le fil du présent qui fuit
Faut vivre...

Malgré qu'en nous un enfant mort

si peu parfois remue encore

parfois si peu sourit encore
comme un vieux rêve qui agonise
Faut vivre...

Malgré qu'on soit dans l'engrenage
des notaires et des héritages
où le coeur s'écoeure et s'enlise
Faut vivre...

Malgré qu'on fasse de l'humour noir
sur l'amour qui nous en fera voir
jusqu'à ce qu'il nous dise au revoir
Faut vivre...

Malgré qu'à tous les horizons
comme un point d'interrogation
la mort nous regarde d'un oeil ivre
Faut vivre...

Malgré tous nos serments d'amour
tous nos mensonges jour après jour
et bien que l'on ait qu'une vie
une seule pour l'éternité
malgré qu'on la sache ratée....

Faut vivre...

 

C'est une de ces grandes chansons qui vous percutent au plexus dès la première écoute... Même si on est convaincu d'un grand sentiment d'éternité, vaut mieux assurer un peu de présent plutôt que

Malgré qu'en nous un enfant mort
si peu parfois remue encore
comme un vieux rêve qui agonise

                                                                                                    d'attendre un incertain avenir.

Variantes de textes, ou erreurs ? Ou les deux...

Il est extrèmement agaçant de voir sur les sites de « paroles de chansons » ou de « Lyrics » des chansons au texte parfois maltraité, sans oublier les fantaisies orthographiques très désobligeantes pour les auteurs, et d'être dans l'impossibilité de corriger. Il y a une nuance très marquée entre

« de ne pas être un seul instant avec Paulette »

et « ne pas être seul, un instant, avec Paulette »

La première version est celle qu'a enregistrée Montand, mais dans « à bicyclette » Pierre Barouh avait écrit la seconde, Montand a ensuite chanté « être seul, un instant » mais voilà … c'est la version enregistrée qui est entendue le plus souvent.

Dans « Faut vivre » Mouloudi écrit :

«  Malgré qu'en nous un enfant mort
si peu parfois sourit encore
comme un vieux rêve qui agonise..

 

et on lit dans les « lyrics »

Malgré qu'en nous un enfant mort
parfois si peu sourit encore
comme un vieux rêve qui agonise

il a écrit:

Malgré l'idéal du jeune temps
qui s'est usé au mur du temps

et on lit :

«  Malgré l'idéal du jeune temps
qui s'est usé au nerf du temps

plus étonnant ,

Malgré que l'on soit de passage

s'est transformé en :

Malgré qu'on fasse le même voyage

et c'est cette dernière variante qui suggère de pousser plus loin l'investigation. Car, là, on n'est pas dans une erreur d'audition, comme d'ailleurs dans l'enfant en nous qui sourit, ou qui remue encore ?

Explication ; Mouloudji crée la première version en 1973, il a 51 ans, il va bien. Dans la seconde version, en 1982, il a été malade, sa voix a beaucoup changé, et il a 60 ans . Et il modifie quelques mots, les nuances se précisent, et la résonance de « Faut vivre » prend une intensité émotionnelle particulière.

 

- Version originale1973 http://www.youtube.com/watch?v=Yh4WNJlS1Ss

en 1973, Mouloudji a une voix bien équilibrée, dans une interprétation toute de justesse sobre.

- Version modifiée 1982 http://www.dailymotion.com/video/xa2zot_mouloudji-1982-fa...

en 1982, la maladie a affecté sa voix, une nouvelle voix très « appréciée » des imitateurs...

Entre les deux versions Mouloudji passe d'une première interprétation sobre, à une seconde version plus vibrante, mais entre les deux, la première me semble plus juste, la force du texte, et cette musique remarquable n'ont pas besoin d'en sur-ajouter dans l'effet vocal. Mais en 1982, la voix de Mouloudji ne lui permettait sans doute plus la sobriété retenue de la premère version.

La fuite du temps, irrémédiable, on peut la ressentir de différentes manières. Grâce à une photo par exemple... C'est à peu près dans les mêmes années de la découverte de « faut vivre » qu'une fleur m'a fait prendre conscience de la fuite inéluctable du temps. C'était en Haute Provence, dans un village en ruine, un matin, vers 10H, une superbe marguerite devant un mur de pierres. Clic-clac, dans la boite. Le lendemain, je réalise que je peux améliorer la prise de vue, mais le lendemain, la lumière avait un peu changé, la marguerite était un peu flétrie, le moment était passé. Et il ne reviendrait jamais. Un instant d’éternité, mais un instant fugitif, à cueillir, à garder, et puis ne jamais oublier  “Faut vivre”… 

D'ailleurs, c'est le printemps, la preuve les amoureux squattent les bancs publics... sans s'occuper des regards obliques et des objectifs indiscrets..

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et même se bécottent devant tout le monde..

Montmartre printemps 2 le baiser 3 AA 1571x888-1.JPG

On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle, ou d'un bisou cueilli en passant.

Norbert Gabriel