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09/09/2015

De la rumeur...

 

De la rumeur et autres pestilences ordinaires

 

 

Comme tout commence par une chanson, au moins ici, initions le débat avec cet introït,

 

La chance n'est pas la vertu
C'est la malchance qui vous tue
Alors, comment certains fautèrent
Ce sont des secrets qu'il faut taire
Qui dit divulguer, dit vulgaire
Je ne m'y galvauderai guère
Pas même en un divan coûteux
Je garde les secrets douteux

 

Cette déclaration de la princesse Micomiconne sera appuyée par un couplet d'Yves Duteil qui précise le débat,


Calomnie, plus on nie
Plus elle enfle se réjouit
Démentir, protester,
C'est encore la propager
Elle peut tuer sans raison
Sans coupable et sans prison
Sans procès ni procession
Sans fusil ni munitions...

 

La nuisance pouvant être amplifiée par une des disciples de la calomnie, que voici, (en tenue de Gala ?)


Salut à toi, dame Bêtise
Toi dont le règne est méconnu
Salut à toi, Dame Bêtise
Mais dis-le moi, comment fais-tu
Pour avoir tant d'amants
Et tant de fiancés
Tant de représentants
Et tant de prisonniers
Pour fleurir notre vie
De basses révérences
De mesquines envies
De noble intolérance

Avec l'alibi de la liberté d'expression que d'aucuns mélangent avec l'injure et la diffamation, le bel outil Internet se fait parfois l'écho des vilénies les plus obscènes.

Les corollaires habituels de la calomnie étant les adages « Il n'y a pas de fumée sans feu » ou « quand il y a  un bruit sur quelqu'un, c'est qu'il y a bien un fondement, que tout n'est jamais totalement faux »  car « « Calomniez, calomniez ! Il en restera toujours quelque chose ! »

Sans se préoccuper de savoir qui a mis le feu qui fait de la fumée, laquelle fumée justifie le soupçon. Donc il suffit d'un peu de fumée, finalement. Immatérielle, légère, sympathique parfois, et ensuite, c'est comme l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, on peut assurer, craché-juré, que l'ours existe. Et même qu'il a des grandes dents, des petits yeux chafouins, et qu'il a chouravé le gigot, ce salopard d'ours. Et si ça se trouve, il n'est pas très catholique avec sa sale tête d'ours mal léché. ( Un ours bien léché serait-il plus fréquentable ? )

 

Georges Brassens n'a pas eu l'occasion de connaître le tam-tam interstellaire, c'est avec les «  Trompettes de la renommée »  qu'il constatait  que la rançon de la gloire était accompagnée d'épices aux parfums douteux :

 

Les gens de bon conseil ont su me faire comprendre
Qu'à l'homme de la rue  j'avais des comptes à rendre
Et que, sous peine de choir dans un oubli complet,
Je devais mettre au grand jour tous mes petits secrets
.

 

Les temps changent ? Pas tant que ça  Beaumarchais en avait fait le constat en son temps,

 

"La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville, en s'y prenant bien ; et nous avons ici des gens d'une adresse !...

D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'œil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.  Qui diable y résisterait ?"

 

Comme tout finit par des chansons, laissons la conclusion à Jean Ferrat, en clin d'œil à Beaumarchais, Brel, Brassens,

 

Tu vois rien n'a vraiment changé
Depuis que tu nous as quitté
Les cons n'arrêtent pas de voler
Les autres de les regarder

 

Les temps changent ? Peut-être, mais tant qu'il restera un baladin et un air qui voyage, malgré tout,

 

On nous dira qu'on a tort de chanter
La fraternité et la liberté,
Que tout cela ne sert à rien,
Que ce n'est pas encore pour demain
Et pourtant dans le monde
Les enfants nous répondent
Et pourtant dans le monde

 

 

Ecoute dans le vent,  Ecoute, la réponse dans le vent. En Mai, c'est le temps des vents oiseleurs, et des cerises. On  n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 

Avec la participation d'Elisabeth Caumont, Yves Duteil, Jacques Brel, Georges Brassens, Jean Ferrat, Beaumarchais, Georges Moustaki

 

14:33 Publié dans Blog, Musique | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : rumeur, chanson, internet