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Rechercher : histoire le déserteur

Fait d'hiver, Janvier 2009

 

Chanter, des fois ça m’fout l’cafard... Chanter ... (Leprest)

 

Demain il f'ra beau à Manille
Si ça s'trouve j'ai rien à y faire
Mais là-bas j'suis sûr qu'y a une fille
Qui va s'mouiller la nuit entière
Pour vingt dollars
Chanter, chanter des fois ça m'fout l'cafard

 

Retour sur image .... La nausée.

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Qu'est-ce que c'est que ces hurlements

Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !

C'est la meute des honnêtes gens

Qui fait la chasse à l'enfant...

 

Dans un moment d’exaltation prévertienne, j’ai glissé dans l’édito du magazine « Le doigt dans l’œil » de Janvier 2009, un extrait de la chasse à l’enfant... C’était avant la guerre de 39-40-45, même moi j’étais pas né, et il me semblait que ces temps étaient révolus. Il y a des cauchemars qui ont la vie dure, mais le cauchemar, comme le pire, n’est pas toujours sûr. Pourtant...

Cauchemar réalisé, une enfant de 12 ans a passé 4 jours en prison, en France, en Janvier 2009, pour délit de « sans papier » (référence Agora Vox 20 Janvier 2009)

 

« Williana 12 ans est en prison ». Comment ? Pardon ? Quoi ? Qu’est-ce ? Ai-je bien lu ? Pour tous ceux qui ont la même réaction que moi la première fois, je répète : « Williana, 12 ans est en prison ». Mais… heu… où ça ? A Gaza ? En Turquie ? En Russie ? En Chine ? Non, non. Williana, 12 ans, est en prison. Ici. En France. A Paris, capitale mondiale de la culture. La ville de l’Amour, des Lumières. En France, le pays de la liberté. En France, quoi ! Bordel ! Réveille toi ! Secoue toi ! Oui, ici ! En France ! A côté de chez toi ! Ou presque… à Orly.(.....)

Mais le propre de la politique des lâches, c’est de s’attaquer aux plus faibles des plus faibles. Ici une politique qui atteint sa quintessence en s’en prenant à une enfant d’un « pays pauvre »

Aurélien Roulland sur Agora Vox.

Les faits : une fillette de 12 ans cherche à rejoindre son père, en France ; à l’aéroport, les policiers trouvent ses papiers douteux, et la seule réponse à cette question par ailleurs légitime, est la mise en détention pendant 4 jours. Sans une énergique et immédiate réaction de la CGT d'Orly et de RESF, qu’est-ce qui se serait passé ? Après 4 jours de prison "administrative"... il n'y a pas de foyers pour mineurs? pas d'autre solution que la prison, même administrative?

Autre question, que fait la France de 2009 de la Déclaration des Droits de l’Enfants ? et de celle de Droits de l’Homme ?

Autre question : cette gamine est africaine, aurait-elle été traitée de la même manière si elle avait débarqué d’un avion venant de New York ou de Los Angeles?

C’est la nausée, le dégoût. On parle de devoir de mémoire sur ce qui s’est passé en 1939-44, mais si on peut mettre en prison pour défaut de papiers d’identité une enfant de 12 ans, aujourd’hui, en France, on ne peut pas condamner les zélés applicateurs des lois qui faisaient du regroupement familial pour envoyer des familles entières vers les camps de la mort. En toute connaissance de cause. J’ai fait mon devoir, dit l’obéissant gardien de la loi. Mais quand ces lois aboutissent à ces aberrations, il y a devoir de désobéissance, au nom d’un devoir supérieur : le respect du principe d’humanité face aux robots décervelés qui ne savent plus exercer leur libre arbitre de citoyen responsable. Et des chansons écrites pour d’autres époques reviennent en échos trop actuels.

 

On nous a fait chanter pour un ordre nouveau
D'étranges Marseillaises de petite vertu
Qui usaient de la France comme d'un rince cul
Et s'envoyaient en l'air aux portes des ghettos

(Maurice Fanon)

 

Étudiants et voyous c'est bien la même engeance!
C'est écrit noir sur blanc, dans votre quotidien
Faites dresser des murs et dressez votre chien
Pensez dès maintenant à votre auto-défense...
Et quand des jeunes gens défilent en cortège
Toujours on vous les peint veules et fainéants
Alors vous les reniez, vous tombez dans ce piège
En oubliant qu'ils sont enfants de vos enfants...

Ils savent mieux que nous, de quoi le monde crève
Que le temps des robots vient à pas de géants
Qu'on sacrifie l'Esprit au profit de l'argent
Comme on tue la nature, la joie et le rêve...
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Suivez votre penchant, soyez de la police...

 

Ces deux dernières strophes de la chanson de Jean Roger Caussimon « Les milices » sonnent avec une actualité confondante. Et pourtant...

 

Tiens, j’ai fait un rêve, que tous les saltimbanques s’unissent pour faire une chanson condamnant les pays qui mettent des enfants en prison. Une chanson en français, comme un chiffon rouge pour réveiller les consciences quelque peu anesthésiées, une chanson en téléchargement libre, histoire de prendre par la main les enfants orphelins qui ont rêvé que la France était le phare de l’humanité, le pays des lumières, de Voltaire, d’Hugo, de Zola, qui ne sont plus là, même l’abbé Pierre n’est plus là... Vous me direz qu’en prison, on est à l’abri des mauvaises rencontres de la rue, c’est un point de vue. Qui semble être partagé par pas mal de nos éminences gouvernementales, vu l’enthousiasme pour la solution carcérale... Ça va relancer l’industrie de la construction des prisons, et quand le bâtiment va.... On n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 

Principe premier de la Déclaration des Droits de l’enfant (1959)

L'enfant doit jouir de tous les droits énoncés dans la présente Déclaration. Ces droits doivent être reconnus à tous les enfants sans exception aucune, et sans distinction ou discrimination fondées sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres, l'origine nationale ou sociale, la fortune, la naissance, ou sur toute autre situation, que celle-ci s'applique à l'enfant lui-même ou à sa famille.

 

En bonus, cette carte transmise par Gérard Morel .

 

2009 Morel.jpg

 

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20/01/2009 | Lien permanent

Mal au coeur...

 

.... Je veux que ma chanson soit comme un cri d'alarme
Entre un air à la mode et un chanteur de charme,
Et même si je ne chante pas assez fort,
Qu'on veuille m'écouter trois minutes encore.

Et si je viens chanter à la télévision,
Dans le cadre établi de la consommation,
Avec l'approbation du prince et de la cour,
Ne va pas croire que c'est pour faire un discours.

Ce n'est pas non plus pour te convaincre ou te plaire
Ou chanter les idées qui sont déjà dans l'air
Mais c'est pour demander un aujourd'hui meilleur
En faisant simplement mon métier de chanteur.

Cet extrait d’une chanson de Georges Moustaki m’a servi d’alibi ou de prétexte, pour ouvrir ce blog, je ne suis pas certain que mes éruptions plumitives vont changer la marche du monde, et dans les déferlantes de blogueries qui prolifèrent en floraison exponentielle, un blog de plus, à quoi bon ?

Bloguer... pour faire mon métier de citoyen : l’expression par le bulletin de vote a ses limites, témoin 2002, la moitié ou les trois quarts des électeurs n’ont pas voté pour un candidat, mais contre un autre.

On peut, en groupe en ligue en procession, être de ceux qui manifestent, et même tout seul à l’occasion, eh bien, le blog c’est ça : manifester tout seul, ersatz de Cyrano, « Ne pas monter bien haut peut-être, mais tout seul !)

Puisque qu’il est question de vote, les pros de la profession ont voté, les Césars, les Victoires ... Pour la musique, ses victoires, ses éclats de voix et de télé, je me demande souvent pourquoi je m’ennuie devant l’écran qui nous chante la gloire des postulants à la médaille de récompense.

D’abord, pour qui chantent-ils ? Quand je suis dans une salle de spectacle, une salle normale, où il n’est pas besoin d’avoir un télescope pour entrevoir la scène, je peux voir et entendre qu’on chante pour moi, pour mes voisins de fauteuil aussi. Il y a cette complicité qui naît dès qu’on s’assoit. C’est pourquoi je suis toujours un peu désorienté, surpris, étonné, quand on crie dans le micro « est-ce que vous êtes là ? » j’ai dû passer inaperçu, et ça me désoblige vaguement. Ou alors l’artiste est mal voyant, mal entendant, mais il me semble qu’on la perçoit, la présence du public, sans être obligé de la solliciter comme le torero appelle le toro.

Est-ce pour cette raison que les scènes télés manquent de quelque chose d’essentiel ? Peut-être un vrai public, des gens qui ont choisi de se déplacer, de payer leur place, qui ont envie de partager, est-ce que ça se perçoit du haut de la scène ? A contrario, un artiste qui est invité dans une émission filmée, dans une salle gigantesque dont l’essentiel des spectateurs été recruté pour remplir la salle (et quand je dis « recruté » c’est vraiment aller chercher les gens en insistant beaucoup pour savoir s’ils vont venir ; ça signifie que la plupart des invités n’en a pas grand-chose à faire d’être là, c’est gratuit, on a un moment à perdre, et si ça se trouve le Coca est gratuit...) cet artiste est-il dans de bonnes conditions pour faire passer un embryon d’émotion ? Ça doit expliquer le syndrome du gourou et du kangourou* qui sévit de plus en plus.

Un souvenir de concert me donne toujours un frisson d’émotion, c’était dans une salle de 1200 /1500 places, à Villiers sur Marne, public très mélangé, très intergénérationnel, au bout d’une heure et demie de spectacle, Moustaki commence « Chanson-cri » presque en guitare voix... à ce moment du concert, il arrive que la voix fatigue, et ce jour-là, Jo était un peu enrhumé, et puis ce n’est pas Caruso ou Patrick Fiori sur le plan vocal...

Avec les derniers couplets, on a senti physiquement ce frisson d’émotion partagé par la salle, une sorte de vibration intense, intime, venue sans effets de voix, sans cris exacerbés, et là, j’ai compris ce qu’est une émotion vraie, pas frelatée ou télécommandée par des artifices. Chanter, oui, pour qui, pour quoi ?

 

... pour demander un aujourd'hui meilleur
En faisant simplement mon métier de chanteur.

 

 

C’est un beau métier quand il est abordé cette façon. Un aujourd'hui meilleur ? Pourquoi pas... On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel

 

 

NB : je pense à mes grands parents italiens et espagnols, venus en France en 1920 pour s’éloigner des tendances politiques en émergence dans leurs pays. Si leur ticket d’entrée avait été subordonné à une dénonciation, je ne serais pas un bon français 100% lyonnais. Il y a des choses qui ne sont font pas, c’est pas « commifo » disait mémé Santina. Et les initiatives de certains ministères chargés de l’immigration ou de l’expulsion, me laissent un arrière goût de mal au cœur, on disait ça pour les nausées quand j’étais petit et que j’avais forcé sur le chocolat ou le tiramisu. Mal au cœur, oui...

 

Una mattina mi son svegliato
O bella ciao, o bella ciao, o bella ciao ciao ciao
Una mattina mi son svegliato
E ho trovato l'invasor.

Alors j'ai quitté un pays que je ne reconnaissais plus...

Un matin, on se réveille, et on se dit que Liberté Egalité Fraternité est une belle histoire qu’on nous racontée à l’école, et même, on y a cru. Parfois, on continue d’y croire, envers et contre tout. En faisant son métier de citoyen.

 

* Le gourou et le kangourou, comme dit Baguian, (voir ci-dessous)

http://blogs.myspace.com/index.cfm?fuseaction=blog.view&a...

 

« commifo » j’ai longtemps cru que c’était un mot italien, exprimant une attitude globale, dignité, même si on est pauvre, respect de soi et des autres, bien se tenir, être propre en dehors et en dedans, « comme il faut » c’est assez cyranesque finalement.

 

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06/03/2009 | Lien permanent

Lettre au Père Noël

Chantons Noël...

 

Noël c'est comme un rythme de jazz,
ça commence tout doucement
on n'entend que la contrebasse
comme le coeur d'un petit enfant.
Et sur ce rythme là:
Noël
Chantez tous avec moi,
Noël
Chantez, chantez tout bas,
Noël,
Noël.

C'est la belle nuit de Noël
La neige étend son manteau blanc
Et les yeux levés vers le ciel
A genoux les petits enfants
Avant de fermer les paupières
Font une dernière prière .

 

et le beau sapin se penche doucement pour caresser les rêves des enfants innocents.

On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle, la preuve : je viens d'avoir la confirmation que le Père Noël pense à moi. Ça fait bien 60 ans que je doutais de ses pompes et de ses oeuvres, c'est comme Satan, on doute et des fois, on a la foi en crise (Salut Pierre Charras et Henri Courseaux ...)*

Enfin voilà, je n'ai même pas fini de colorier ma lettre -je fais dans le courrier déco, c'est tendance- que les nouvelles arrivent, et plutôt bonnes. Avant Noël, c'est un signe qui ne trompe pas, IL existe. Ou alors c'est bien imité. Jugez sur pièces.

D'abord les femmes et les enfants,- d'abord- voici qu'il est annoncé la présence d'une péniche jazz, « L'Improviste » et hop, swinguons sur la Seine, (ou sur le canal) qui va être honorée d'un concert d'Elisabeth Caumont « Sophisticated Duke »  ** un vrai bonheur musical de jazz tout doux. C'est l'occasion de signaler aussi que « L'improviste » est un merveilleux petit grand livre sur le jazz, dans lequel les mots dansent avec élégance, c'est de Jacques Réda. Mais revenons à mes cadeaux de Noël, même lieu , même bateau, voici Madame Dodièze, spectacle Jeune Public avec la pétulante Céline Caussimon, talent multiforme, qui a beaucoup fait pour « Le moral des ménages » et ensuite pour rester dans les rêves marins et voyageurs, c'est Jacques Yvart « The french troubadour » qui annonce son 31... pas la St Sylvestre, mais son 31 ème album... Au temps de Jehan l'advenu, c'était ça


Rêva tout haut d'écume et de cavale,
S'entortilla dans d'étranges rafales.
Puis au réveil, quand l'aube se devine,
Chanta, chanta deux chansons de marine.

Puis il revint comme il était parti :
Bon pied, bon œil, personne d'averti.
Aux dents, toujours la vive marguerite,
Aux yeux, toujours la flamme qui crépite.

 

Et ça n'a pas changé Rêva tout haut d'écume et de cavale, pour d'autres voyages et d'autres sagas, dans des pays où un ours de mer un aigle et une petite fille refont un monde à leur idée.

Avec peut-être un père Noël dedans ? Finalement Père Noël, si tu reçois ma lettre, tu fais comme pour les 60 dernières, tu oublies... Mes cadeaux de Noël je les ai. En revanche, tu pourrais peut-être faire un petit effort pour les enfants qui sont l'objet des attentions douteuses de la part de religieux à la religion particulière. Dans ce monde étrange où les intégrismes refont des poussées de fièvre urticante, on a vu des cinémas incendiés, on a vu récemment des pièces de théâtre violemment perturbées par des extrémistes de la foi, de ceux « qui croient sans avoir vu » surtout la pièce en question, (Croire sans avoir vu, c'est bon pour toi, ça papa Noël) et on découvre qu'un moine fort réputé pour ses qualités de musicien se laissait aller à des égarements sexuels sur des enfants de 8 à 10 ans, avec la complicité passive de mal de gens de sa hiérarchie terrestre qui savaient, c'est même lui qui leur avait dit, mais qui n'ont rien fait . Je suppose qu'ils ont délégué aux autorités célestes le soin de régler le problème. Mais rien, que dalle, comme les lettres que je t'ai envoyées depuis 60 ans, sans réponses, tu comprends que ça puisse susciter des doutes raisonnables. Les religieux, je n'ai pas de grief personnel contre eux, j'en ai rencontré de formidables, et j'ai toujours dans l'oreille et les yeux ce soir d'hiver , 1953 ou 54 … Je sortais du collège, les frères maristes de St Genis Laval, et en rentrant chez moi, vers Pierre-Bénite – et néanmoins communiste- la route longeait les murs du monastère, où s'élaborait la très fameuse Arquebuse de l'Hermitage ( là on tutoie les esprits d'alambic, mais c'est une autre histoire) donc, en longeant les murs, il y avait de l'autre côté la chapelle, et les frères maristes qui chantaient l'office du soir. C'était … divin. Les choeurs, l'orgue, et le ciel étoilé, il faisait un froid de canard sibérien, mais je suis resté 5 ou 6 minutes les yeux dans les chemins d'étoiles , avec ces choeurs et grandes orgues... Des trucs à vous faire croire en Dieu, ses archanges, ses anges, ses chérubins et ses évangiles musicales. C'est un de ces maristes qui m'a donné les premiers rudiments de guitare, avec les chansons de Brassens « L'auvergnat » ça tombait bien, ça se passait à Riom, en Auvergne, et celles du Père Duval, la première calotte chantante, comme disait le gorille Georges avec une certaine tendresse, parce que ça swinguait bien les chansons du père Duval, ça parlait de fraternité, la vraie, sans étiquette garantissant la bonne couleur de la fraternité, c'est pour ça que Jésus, Pif le chien, et le père Noël me semblaient d'une même famille, avec les mêmes évangiles d'humanité. Mais revenons à nos actus de Noël et à 2011.

Mon vieux papa Noël, tu pourrais aussi aller faire un tour en Syrie, il y a là-bas des enfants qu'on maltraite, pour éviter que les parents aient de mauvaises pensées révolutionnaires, on met le fusil sur la tête du môme, c'est persuasif semble-t-il quand les parents tiennent à leurs enfants. Mais si tu vas voir ça de près avec des intentions interventionnistes, tu serais bien le seul, mets dans ta hotte quelques grenades et équipe ton traineau d'une batterie de missiles, je sais, c'est un peu hard, mais je crains que si tu te pointes avec un chant de Noël et un rameau d'olivier, le principe de fraternité ne doive être puissamment complété par un principe d'efficacité. Quand je dis « on maltraite » c'est de l'euphémisme pour ne pas te casser le moral, et ta bonne humeur naturelle. On rejoue le massacre des innocents, et dans ce théâtre tragique, faudrait s'enguirlander le sapin de boules lumineuses et de cadeaux choisis parce que c'est Noël et la promesse de paix et de bonheur. Bon, la Syrie, c'est loin, c'est pas chez nous, qu'est-ce qu'on peut faire ? Croire au Père Noël, à un Père Noël énervé qui aimerait bien que le monde change un peu... et qui ferait quelque chose pour. Allez, perds pas de temps à répondre, j'écoute les infos, je verrai si tu as bien compris ma lettre, et si tu as fait quelque chose. En attendant, je vais aller voir dans l'île, au coeur de la ville ...

 

 
La Terre tourne, les planètes aussi.
Elles se saluent parfois quand elles se rencontrent
Il peut arriver que l'une ou l'autre
Décide un beau jour de faire un bout de ciel ensemble
Et de tourner au rythme du monde
Et de planer dans l'autre dimension.
Mais Le fait est rare, beau et grave à la fois
Et je me souviens... L'homme est un dieu tombé du ciel.

 

 ( La saga de l'aigle, de l'ours de mer  et de la petite fille, 9'15"  de conte musical et intemporel de Jacques Yvart)

Pour les crises de foi, ou de foie, l'eau d'Arquebuse de l'Hermitage, c'est souverain ! Et pour toi Père Noël, c'est conseillé, l'arquebuse, comme vulnéraire ou argument, c'est toi qui vois.

pano arquebuse.final.jpg

 Et pour les crises d'identité des ex Lyonnais, suivez Guignol, et les canuts..

                                                Mais notre règne arrivera                                             Quand votre règne finira.                                                     Nous tisserons...                                            Le linceul du vieux monde                                                  Car on entend déjà                                                La révolte qui gronde.

 

Car tout finit par des chansons, même les révolutions.. ( Ou commencent par …) On n'est jamais à l'abri d'un bon Noël, mais quand ?

 

Norbert Gabriel

 

NB c'est aussi le temps des crêches, soyons de notre temps, avec l'âne et le boeuf, je vais mettre un pâtre grec, sa guitare et ses chansons, un p'tit soleil de Naples et de la porte de Choisy, deux Beth de scène, trois p'tites notes de musique, ça ne peut pas faire de mal.

 

*    Pierre Charras, « La crise de foi » (livre) et Henri Courseaux « Ma foi, je doute »(Spectacle)

** « Sophisticated Duke » avec Luca Bonvini  à la slide trumpet et Philippe Milanta au piano.




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Radio days ...

 

 

«Le monde ouvert à ma fenêtre
Que je referme ou non l’auvent
S’il continue de m’apparaître
Comment puis-je faire autrement »

 

Dans mes gènes, il doit y avoir un mélange de spaghettis-opéra, de paella-flamenco, sur fond de TSF , avec quelques beaux nuages de jazz venus par le fil magique qui traversait la cuisine. En ce temps-là, la TSF, c'était du solide, du respectable, du cossu, un bel appareil en bois verni, d'un format imposant, installé sur un guéridon bien campé, un coffre en noyer ou en acajou avec quelques cadrans, pour voyager autour du monde, Llubjana, Novosibirsk, Radio Andorra, Pékin, Moscou, Marseille, Paris, et même radio Lyon qui émettait de Fourvière, 7 kms à vol d'oiseau. Et on entendait aussi bien la mère Cottivet raconter ses gognandises que la voix de Moscou ou de Radio Andorra. Et Rigoletto par les ténors de La Scala de Milan.

Pour ce qui est des langages radioteurs, la mère Cottivet et Radio Andorra m'étaient plus accessibles que Radio Moscou ou Stockholm, mais c'était pas grave, il suffisait de surveiller l'oeil vert du cadran, quand il était bien ouvert, et bien vert, c'était tout bon, que ça parle en lyonnais, en moscovite, ou en bachi bouzouk, septentrional, j'étais branché sur le monde

(pour les non initiés, les « gognandises » ce sont des plaisanteries de canuts et autres gones lyonnais, et la mère Cottivet, c'est l'ancêtre d'Anne Roumanoff, ou de Florence Foresti.)

La TSF, ce fut un des premiers mystères m'ayant confronté aux incohérences du monde des grandes personnes.. Un jour, j'ai appris que ça voulait dire Téléphonie Sans Fil. Or, en fait de fil, il y en avait un qui traversait toute la cuisine-salle à manger-salon-salle de bains-lavabo, il partait de l'angle Nord-Nord-Ouest pour s'amarrer 8 ou 9 mètres plus loin dans l'angle Sud-Sud -Est. Dans l'angle NNO, il était relié au poste de TSF qui était campé près de la fenêtre et du fauteuil. LE fauteuil de pépé Nani.

A l'autre bout, il était fixé à un clou. (le fil de fer, pas pépé Nani)

Donc pour de la téléphonie sans fil, c'était paradoxal. Pépé Nani m'a montré par l'exemple ce qu'il en était, en sortant sur la galerie, ce grand balcon couvert de 27 mètres avec glycines et géraniums, il m'a indiqué vers le Nord Nord Est la colline de Fourvière, et son émetteur radio. Là c'était clair, j'entendais la mère Cottivet jaboter dans la cuisine, alors qu'elle devait être sur la tour de Fourvière, et entre la tour et moi, il n'y avait pas de fil. Voilà pour le sans fil. Quant à mon fil de fer qui traversait la cuisine, c'était pas un bête fil de fer, mais une antenne, nuance ! Branchée on the world ! Avec des voix mythiques, magiques, porteuses de tous les envols oniriques.

J'ai l'impression d'avoir connu personnellement Geneviève Tabouis qui attaquait ses chroniques politiques « les Dernières nouvelles de demain, par son célèbre « Attendez-vous à savoir...» et on savait de quoi demain serait fait. Même si à 8 ou 9 ans , on se sent plus concerné par les nouvelles de la Croix Rousse ou du Tour de France que par les amphigouris diplomatiques entre le Kremlin et Washington, la musique des mots et la voix de Geneviève Tabouis, c'était comme des contes un peu ésotériques, avec de temps en temps un nom familier croisé dans une leçon de géographie ou d'histoire. Ou dans une chanson...

 

Sa voix claquait comme l'écume
Et parlait d'horizons perdus

C'est à Hambourg à Santiago
à White Chappel ou Bornéo
C'est à Hambourg, à Santiago
à Rotterdam ou à Frisco

ou à Valparaiso, et dans un port quelque part, « le bar des 5 parties du monde » attendait nos futures escales en espérant y rencontrer une de ces chanteuses qui vous tatouent les souvenirs d'empreintes indélébiles Irène Lecarte hier, Valérie Mischler aujourd'hui, grâce à qui on devinait que

 

« Tout ce qu'on apprend dans le regard des femmes, "

« Ni le feu, ni le fer n'y pourront jamais rien »


Finalement les temps n'ont pas changé depuis la mère Cottivet qui me parlait par le truchement des fils de fer et des ondes invisibles. Aujourd'hui, en 2011, j'ai des nouvelles du monde par le voisin du dessus, figurez-vous que ce garçon est journaliste, il traverse les pays pour allez voir là bas si nous sommes concernés par les frères humains qui subissent les cahots et chaos des agitations et révolutions faisant l'ordinaire de la vie des hommes depuis la nuit des temps.

Mais recevoir ces infos par le voisin du dessus, Etienne de la radio, ça ajoute une dimension supplémentaire. D'abord, il pourrait prendre un mauvais coup, ça me fait souci parfois... Ensuite, « le monde ouvert à ma fenêtre » prend un relief et une présence intenses, on lit un truc dans le journal, on voit des images à la télé, c'est loin, c'est un peu abstrait, mais quand c'est une voix familière, une voix qui correspond à quelqu'un qu'on croise dans l'escalier, ça change beaucoup de choses, me voilà  devenu témoin privilégié, celui qui connait la voix qui raconte, qui ME raconte.. Et je deviens un auditeur particulier, j'ai une sorte d'exclusivité, un supplément de conscience citoyenne et mondialiste.

 

Le monde ouvert à ma fenêtre
Et que je brise ou non la glace
S’il continue à m’apparaître
Que voulez-vous donc que j’y fasse

 

Je ne sais pas pourquoi, mais la plupart des images proposée par la télévision ne m'apportent pas grand chose, pourquoi n'ont-elles pas la puissance d'une photo de Capa, de Cartier-Bresson, de Gilles Caron, d'Eugène Smith, et quelques uns de ces chevaliers du Leica qui allaient au contact?

Au prix de leur vie parfois.

Mais la radio … elle me dessine des paysages plus vrais que ceux que j'aperçois dans les étranges lucarnes, et comme elle ne me souligne pas les différences de bronzage, de vêtures, d'habitation, j'ai souvent le sentiment que les bombes qui tombent ici ou là-bas pourraient bien me tomber dessus, ici et maintenant. Et parfois j'ai même le parfum d'une recette exotique en prime..

Quand Manu Dibango chante « et la nuit descend sur le village » avec la grand mère qui prépare le bon « foufou » j'en ai eu l'eau à la bouche... Il m'a fallu plusieurs années pour l'avoir vraiment sur la langue, en passant à Yaoundé sous Montmartre, côté marché Dejean pour les voisins qui connaissent le quartier...

Les mondes bariolés de musiques et de couleurs exotiques, je les croise tous les jours, entre Dejean et Ornano, c'est un patchwork des gens du monde, il y manque bien quelques Inuits, un ou deux Cheyennes, mais pour le reste, on voyage sans frontière. J'ai même rencontré un australien aborigène au coin de la rue Labat et du boulevard Barbès

Et dans les agoras improvisées qui fleurissent avec enthousiasme dès que le printemps revient, il arrive des scènes que Prévert aurait aimé conter sur une photo de Doisneau et un air de Crolla. Sur une placette, près du kiosque à journaux, des groupes informels devisent avec animation, il y a des africains de toutes les Afriques, des maghrébins, quelques hindous, vêtus à la mode de Guerrisol ou des marques en vue, des dames en boubou, en robes créoles, en pantalons djean Denim et de Tati, certaines en petites jupes à fleurs dansant sur leurs jambes bronzées caramel, et contrairement au folklore montmartrois de naguère, ce n'est plus à la longueur de la jupe qu'on suppute de la vertu de ces dames. C'est même exactement l'inverse, les petites vertus se parent de pantalons sobres, et de tenues plutôt discrètes, revoyez vos fondamentaux sur les attributs vestimentaires et les uniformes de profession, aujourd'hui, la péripatéticienne qui attend le chaland émoustillé sur le banc public n'expose plus la marchandise à l'étal, elle fait boutique son cul sans ostentation, question de précaution policière, mais je digresse, revenons à nos agoras improvisées.

Dont l'une m'a laissé ébloui, voilà : sur la placette précitée, plusieurs groupes de 4 ou 5 personnes discutent, je passe près de quelques africains bon teint, les uns avec casquette US, dûment siglée, un autre avec un bonnet rasta, un autre porte une sorte de panama, ils semblent écouter un grand gaillard taillé footballeur américain, maillot « les lions indomptables » avec un timbre vocal cuivré à la Manu Dibango, et au moment où je passe à portée de voix, cet athlète body buildé Rambo est en train d'expliquer le mythe de la caverne de Platon... Je suis revenu sur mes pas pour faire semblant de voir les affiches du kiosque, et vérifier que ce n'était pas une hallucination auditive, mais non, et il avait un contradicteur-débatteur, un jeune homme mince, plutôt africain de l'Est, et look étudiant. ..

Le mythe de la caverne, en débat à 19h15, dans la rue...

En vérité je vous le dis, un monde où on croise sur un trottoir banal de quartier cosmopolite, des gens qui dissertent de Platon et sa caverne, alors que le groupe voisin s'excite sur la finale Lille-PSG de la Coupe de France, ce monde ne peut pas être foncièrement mauvais.

Et même si Etienne me raconte parfois des trucs pas drôles de Lybie ou d'ailleurs, le monde ouvert à ma fenêtre n'est pas toujours aussi désespérant quand je le visite entre Barbés et Ornano.

Le mythe de la caverne, un soir d'Avril, sur un banc parigot, c'est bien la preuve que le plus inattendu peut surgir à chaque coin de rue.

Et merci le printemps pour ces jolies passantes qui fleurissent de ci de là, avec des jupes aussi courtes qu'une pensée du front national. Et ça fait des économies de tissu par dessus le marché.

On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 

Portrait de famille: mon grand-père Giovanni - pépé Nani- avec l'accent tonique sur le "Na" pour que ça chante, avait dans ces années-là entre 55 et 56 ans, et pour bien le situer, il ne craignait pas de faire des roulades dans l'herbe en lutte amicale avec des gamins de 20 ans... qu'il mettait minables ... C'était un grand père mais pas un pépé, d'ailleurs pépéNani, c'est en un seul mot que je l'entends, et puis on l'appelait Nani, pas pépé...  jusqu'à ce qu'il soit arrière grand-père.

 

Crédits:  « Le monde ouvert à ma fenêtre » Jean Ferrat

- Chris Gonzales, des jupes aussi courtes qu'une pensée du front national, c'est un extrait d'une chanson « le centre ville » de l'album Zipholo, c'est pas tout neuf, mais c'est extra.

- avec l'aide bienveillante de quelques uns de mes maîtres de pensée ou de lecture, ou de chanson,

Mac Orlan, Moustaki, Dimey, 


et surtout , spéciale dédicace à Etienne Monin, de Radio France, ma TSF  indispensable.

(avec un merci pour différentes raisons à Kriss, Jean-Charles Aschéro, Claude Villers, qui ne sont plus sur les ondes, et à ceux qui continuent le voyage, là-bas si ....  la vie continue.)

 

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