08/06/2009
Confitures... ou Le temps des noyaux...
Confitures et déconfiture... le temps de cerises ? ou le temps des noyaux ? en chanson...
La confiture ça dégouline
Ça coule coule sur les mains
Ça passe par les trous d'la tartine
Pourquoi y a-t-il des trous dans l'pain
Et quand ça coule pas ça tombe
Le pain s'écrase entre les doigts
Ça ricoche et puis ça retombe
Côté collant ça va de soi
Oui, ça tombe toujours du côté où ça se mange, les tartines... c’est comme ça... avec des biscottes, c’est pas mieux, les trous sont plus petits, certes, mais la biscotte est fragile, elle peut exploser en morceaux, et si vous l’avez beurrée, en sous couche étanche pour la confiture, la confiture glisse, ça coule par les côtés, et puis si vous serrez trop fort la biscotte, elle peut exploser en milles miettes, on en a partout, y compris dans le café, ou le thé, et ça fait un bouillon un peu dégoûtant... à cause du beurre...
Qu'elle soit aux fraises à la rhubarbe
On l'ingurgite goulûment
La confiture on la chaparde
On l'aime clandestinement
Oui, c’est les doigts dans le pot que c’est le mieux finalement, piratée quand les parents ont le dos tourné. Mais on peut pratiquer à tout âge. Et à toute heure. Ce n’est pas seulement à l’heure matutinale du petit déj’ ou à celle du goûter de quatre heures qu’on peut se confiturer la gargamelle. Et puis la confiture n’est pas seulement l’agrément gourmand de la tartine, elle fut aussi à l’origine de la renommée de Nostradamus, bien avant les Centuries. Monsieur Michel de Nostre Dame publia en son temps un Traité des confitures* un best seller, qui lui assura célébrité et ceinture dorée.
On peut apprécier l’importance de la confiture, quand on constate que la gent politique de toutes les époques a largement utilisé le principe de la confiture, tel qu’il est expliqué à Alice quelque part au pays des merveilles. Démonstration :
- Je vous prendrais, certes, à mon service, avec le plus grand plaisir, déclara la Reine. Quatre sous par semaine, et confiture tous les autres jours.
Alice ne put s'empêcher de rire, tandis qu'elle répondait :
-"Je ne désire pas entrer à votre service et je n'aime guère la confiture."
-"C'est de la très bonne confiture", insista la Reine.
-"En tout cas, aujourd'hui, je n'en veux pas. A aucun prix."
-"Vous n'en auriez pas, même si vous en vouliez à tout prix," répliqua la Reine."La règle en ceci est formelle : confiture demain et confiture hier, mais jamais confiture aujourd'hui."
-"On doit bien quelquefois arriver à confiture aujourd'hui", objecta Alice.
-"Non, ça n'est pas possible," dit la Reine. "C'est confiture tous les autres jours, voyez-vous bien."
-"Je ne vous comprends pas" avoua Alice. "Tout cela m'embrouille tellement les idées !"
(Lewis Carroll)
C’est un peu l’idée générale, marmonna le chat du Cheshire, et ça marche toujours, répondit un ministre en 2009. (au sujet des idées embrouillées)
Les temps ont-ils changé ? pas vraiment, il y a d’un côté les happy few qui sont au régime « confiture aujourd’hui » et la masse des « desperate crowd" » les unhappy forever pour qui c’est confiture demain majoritaire. Mais les communicants sont habiles, ils ont pour souci de ne pas désespérer les foules, alors on élargit le propos, « c’est confiture hier et confiture demain » ce qui laisse supposer qu’il y a eu de la confiture hier. Pour qui ? on sait pas, la cousine Nelly? le cousin Yvon? Tatie Danielle ? le voisin ? le grand-père ? surtout que les confitures d’hier de grandmère, c’était autre chose que les confitures de demain... mais la Reine est généreuse, c’est confiture demain à volonté ! Les ministres d’aujourd’hui sont d’accord, à volonté !!! car c’est promis-juré-craché sur mon honneur, ma foi, mes convictions, jamais je ne céderai un pouce, un demi-pouce, que dis-je ? un demi-quart de pouce sur ce principe fondateur de mon gouvernement « Confiture hier et demain, et à volonté !!! »
Si quelques bolcheviques à l’esprit mal pensant suggèrent pernicieusement qu’on doit bien arriver un jour ou l’autre à confiture aujourd’hui, qu’on leur coupe la tête selon le principe de la Reine Blanche, ça leur évitera la tentation d’une mauvaise pensée.
« Sentence first, verdict afterwards... » Vous n’y couperez pas
La Reine de Cœur propose le châtiment avant le verdict, la punition avant le crime, par prévention en quelque sorte*. La possibilité d’un crime éventuel suffit à justifier la peine.
- Vous est-il arrivé d’être vous-même punie ?
- Oui, dit Alice, mais seulement pour des fautes que j’avais commises
- Et je sais que vous ne vous en trouviez que mieux
- Oui mais alors j’avais vraiment commis les fautes pour lesquelles j’étais punie, c’est en cela que réside toute la différence... »
Si des esprits sourcilleux (voire KGBolcheviques) soupçonnent quelque ressemblance avec des actualités gouvernementales contemporaines, je signale que c’est Lewis Carroll qui a développé le principe de la confiture. Et le principe du châtiment préventif.
En ce qui me concerne, c’est le temps des cerises qui m’ emmené sur ce terrain, car nous sommes, en principe, dans le temps des cerises, chanson et saison, cerises qu’on peut cueillir sur l’arbre, si vous avez un cerisier sympa dans votre voisinage, et éventuellement en mijoter des confitures. Et après vous en faites ce que vous voulez, pourquoi pas des tartines ... mais attention,
La confiture ça dégouline,
Faudrait contrôler sa tartine
La tenir droite exactement
On la met en douce elle s'incline
Ça coule irrémédiablement
La tenir droite ??? n’y voyez aucune allusion politique, juste une question d’équilibre... D’ailleurs, tout n’est pas si noir, le temps des noyaux peut passer, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle, la preuve,
Puis un jour on est bien en place
On mène la vie de château
Dans les avions dans les palaces
On vous porte sur un plateau
La confiture, qui dégouline ...
Norbert Gabriel
(avec l’aide précieuse d’Alice, de Lewis Carroll, et de Shamanou, admirateur inconditionnel du chat du Cheshire)
« La confiture » Paroles et musique de Roger Marino (1973) par les Frères Jacques
« Le vray & parfaict embellissement de la Face, & la manière de faire des confitures »
Lyon, (Jean Pullon de Trin ), 1552, in-8. Il a connu un succès considérable puisqu’on en connaît une quinzaine d'éditions, imprimées sous des titres divers et correspondant à une vingtaine de tirages, soit environ une parution par an. De 1552 à 1772.
Les confitures de Nostradamus étaient autant des médications que des gourmandises, l'utile à l'agréable, et que du naturel...
* pour les théories de la Reine Blanche, voici une lettre envoyée par une institutrice de maternelle, ce printemps 2009, comprend qui veut.
Monsieur l’Inspecteur d’Académie, vendredi 6 février 2009 à 11h00 les gendarmes sont entrés dans l’établissement dont j’assure la direction, ils ont traversé la cour au milieu des élèves et ont demandé à me parler au sujet d’un élève,
écrit Armelle Huitric, professeur des écoles et directrice d’école maternelle dans le Gers, au début d’une lettre ouverte qu’elle a choisie de rendre publique.
Les gendarmes m’ont interrogée sur le comportement, l’assiduité et la tenue vestimentaire de cet élève. Je suis directrice d’une école maternelle, cet élève est en petite section, il n’a que trois ans. Je me permets de vous adresser cette lettre car que je suis encore choquée de cette intrusion et des questions posées, relevant beaucoup plus d’appréciations que de remarques reposant sur des faits réels constatés. Comment le comportement d’un élève dans la structure école peut-il être interprété à l’extérieur par des personnes non qualifiées ? Jamais les gendarmes n’ont fait allusion à une suspicion de mauvais traitement à l’encontre de cet élève, ils ne m’ont pas plus questionnée sur ses propres représentations de sa vie à la maison ou à l’école. Que voulaient-ils me faire dire en m’interrogeant sur son comportement, son absentéisme ou sa tenue vestimentaire ?Cet enfant ne pose aucun problème au sein de l’école . En quoi la tenue vestimentaire d’un enfant de trois ans peut-elle poser un problème d’ordre public ? L’école n’étant obligatoire qu’à partir de six ans en quoi l’absentéisme de cet enfant plutôt que d’un autre qui a prolongé ses vacances, peut-il interroger ? Une enquête est-elle en cours ?"
19:14 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Dans la rubrique confiture hier,ça m'a fait penser à la "madeleine"de mon enfance,je n'oublierai jamais la confiture de rhubarbe de ma grand-mère limousine,sur un tourtou chaud avec le café à l'orge et le lait bourru.Quant au temps des cerises,j'espére qu'il va revenir en force,le prochain printemps et qu'on oubliera le temps des noyaux!A bientôt!
Écrit par : Danièle Sala | 10/01/2010
Ah tiens... c'est de nouveau le temps des cerises. Pas dans le genre de celui de 1871, j'espère !
J'arrête ma lecture pour ce soir, mais je la reprendrai dès que possible. Merci, Norbert, pour tous ces billets.
Écrit par : Ephylie | 05/06/2011
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