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19/11/2009

Crumble musical pour une amie qui part

 

Et le spectacle continue... Crumble musical pour une amie qui part.


Un funambule est mort
Il était notre ami
Un de moins... un de plus
Et le spectacle continue !


Dans le creux de mes nuits, pourtant, je voudrais bien
Boire à son souvenir pour lui rester fidèle,
Mais j'ai trop de chagrin et sa voix qui m'appelle
Se plante comme un clou dans le creux de ma main.

Qu'elle est lourde à porter l'absence de l'ami !


Mais le spectacle continue, et d’une île baignée d’eaux turquoises, elle nous laisse ce message personnel,

 

Mes amis, mes amours, la salle est si petite
Que nos cœurs suffiraient, ensemble, à la chauffer
Mais vivent les flambeaux, l'âtre qui danse vite
Et tous ces chaleureux, les cuivres, les marmites,
Les épices, le rhum, le tabac, le café

Dehors, le plus grand gel de tout l'hiver s'orchestre
Les fins archers de l'Est et du Septentrion
Célèbrent dans l'aigu la nuit de Saint-Sylvestre
Et la sévère terre à l'heure où nous rions
Tient plus fort que jamais les défunts sous séquestre

Riez donc, chers vivants, brillez, beaux hommes jeunes,
Femmes encore en fleur dans votre âge fruitier,
Partagez ardemment l'orange et l'amitié,
Un soir, tout l'avenir sera que vous partiez
Observer sans retour le silence et le jeûne

Vous ai-je bien traités ? Dans les sauces profondes
Qui doivent leurs saveurs aux quatre coins du monde,
Le grand vin susceptible et dévotement bu,
Dans le rôti qu'on scie, le gâteau qui redonde,
Avez-vous savouré l'esprit de ma tribu ?

Ah ! Chers civilisés, chères civilisées,
Procédons sous le gui à nos rites fervents
Tandis que sans raison, sans passion, le vent
Vitriole de givre et de poussière usée
Les saintes des parvis, les maisons, les musées

Qu'un vif brouillon de voix mélange nos passés,
Nos songes, nos démons, nos dieux, nos trépassés,
Le Brabant, l'Aquitaine, et ma ville effrénée
Qui fait rieusement ses adieux à l'année
Entre Chartres muette et Versailles glacée

Toi, croyant qui nous vois flanqués d'anges en armes,
Vous, que Goethe ou Stendhal mieux que la Bible charme,
Heurtez vos Gabriel, vos Faust et vos Sorel
Et bien enchevêtrés dans un riche vacarme
Brassons l'intemporel avec le temporel

A tort et à travers, à bouche que veux-tu
Discutez, disputez, bien subtils et bien fauves,
Que sous le proclamé rayonne tout le tu
Et que dans vos regards, beaux couples bien vêtus,
Luisent furtivement vos beaux secrets d'alcôve

Tandis que sans raison, sans plaisir, sans remords,
La bise de toujours lamine les royaumes,
Malmène les oiseaux, les ramures, les dômes
Et ce chaud réveillon haut perché qui embaume,
Petite orange en fête aux branches de la mort

Salut Kriss, on t’embrasse, c’est permis, et même conseillé. En toutes saisons.

Recette de ce crumble:

Un Bécaud pour commencer le crumble , ça s’impose, avec une touche de Louis Amade, et cette chanson d’Hélène Martin, « Mes amis, mes amours » une chanson qui ressemble à ce que tu nous racontais, une chanson qui te ressemble.

(sur un air de poissons volants)

Norbert Gabriel

Commentaires

Comme j'ai eu raison d'attendre d'avoir assez de temps pour cliquer sur votre lien!...
Merci pour le partage de ce moment 'sensible'...et pour la découverte d'Hélène Martin!

Écrit par : Jodel | 21/11/2009

Coup de coeur sur le livre de Kriss:La sagesse d'une femme de radio.

"Amis soyez toujours ces voix sur l'autre rive
qui prolongent dans moi la fièvre,la ferveur...
Amis soyez toujours les veilleuses qui tremblent
cette fièvre dans l'air comme une ombre passant...
Je suis là coeur battant dans certains soirs d'été,
à vous imaginer,à vous réinventer...(Jean Vasca).

Corinne Gorce,alias Kriss Graffiti était l'une de ces voix magique,à tel point qu'une auditrice,la recontrant dans les escaliers de la maison de la radio lui dit un jour:"Je vous imaginais plus,enfin moins...",et devant l'interrogation amusée de Kriss,elle fait un geste d'enracinement...Et dessine avec sa main un oiseau qui s'échappe." "Comme une onde?" Sculptant,élaguant,ciselant,composant avec les silences,les bruits,les mots,pour ne garder que l'essentiel,en respectant toujours l'autre jusqu'à n'arriver qu'à l'essence de ce qu'il a voulu dire,et même de ce qu'il n'a pas dit. Combien de gâteaux partagés les longs aprés-midi des dimanches,combien d'instants de vie,"un bruit d'eau,un bourdonnement de mouche,un instant de soleil,un bruissement de feuilles."Sept-cent-dix-neuf portraits sensibles se sont racontés à l'antenne,des gens croqués dans ce qu'ils ont d'essentiel,et elle se perdait en eux,elle s'oubliait en eux. "Mon métier c'est inventer,et m'inventer sans cesse,au risque de me tromper. Aprés tant d'années de radio,j'ai la chance de pouvoir tout remettre en question. Tout changer pour que le désir vive." Et pour ne pas célébrer le culte du malheur,elle nous donne cette recette:"observez les poissons volants."(Sur un air de poissons volants 1981).Mais :"Il faut prendre congé de soi pour faire les choses les plus ailées,pour que le poisson boeuf devienne poisson volant."(Vialatte).Et Kriss prenait sans cesse congé d'elle,pour tout changer et pour que le désir vive toujours.On croit que les écrits restent et que les mots s'envolent. C'est faux:"Les monuments les plus beaux,les livres,la planète elle même disparaîtra.Mais les voix de radio,vous êtes éternelles. Vos paroles emportées par les ondes herziennes voyageront dans l'univers aussi longtemps qu'il existera." le désir de Kriss d'établir une relation de gourmandise avec ses auditeurs,elle l'a encore réalisé avec ses crumbles,c'était...Sa cerise sur le gâteau,avant de quitter la table,le 21 juin 2009,où elle était la propre invitée de sa dernière émission,avant de nous quitter pour de bon le 19 novembre 2009,nous laissant orphelins,sur l'autre rive.Kriss,ce n'était pas seulement une voix,"c'était la chair". Ses émissions n'étaient pas seulement des émissions,c'était des émotions.

Écrit par : Danièle Sala | 12/03/2010

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