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Rechercher : histoire le déserteur

Le pain des français

 

Le pain des français...

Et la fille du boulanger.

 

Il est venu par le chemin

Qui passe devant la boulangerie

Un garçon au rire enfantin

Qui vagabonde dans la vie

Et c’est comme ça qu’un clair matin

Il vit la fille de vingt ans

Il lui demanda un morceau d’pain

Et son cœur se trouva content

Dans sa musette y avait trois pommes

De l’amitié pour tous les hommes

 

Lui qui était venu, useur de chemin

Rôdeur d’étoiles, buveur de pluie

a fixé un jour son destin

Et resta dans la boulangerie...

 

Vous avez compris, il est tombé amoureux de la fille du boulanger, et réciproquement, le papa n’y voyait pas d’inconvénient, à condition qu’il soit le compagnon dans le fournil pour que le pain continue d’être cuit dans la tradition.

Yves Montand interprétait cette chanson de Martin Trévières (Martin Techner) qu’Henri Crolla avait mise en musique, une de ces chansons mi-fable, mi-bluette, que la musique éclairait d’un soleil amical et bon enfant. C’était en 1958. Un peu plus tard en 1972, Fernand Raynaud mettra en scène un douanier assez obtus, qui ne supporte pas l’étranger qui vient manger le pain des français. Même si cet étranger est boulanger...

C’est donc avec une réjouissante pertinence qu’est arrivée la nouvelle en ce printemps 2010 : la meilleure baguette de pain, garantie traditionnelle, est l’œuvre d’un jeune boulanger que le douanier de Fernand aurait volontiers charterisé selon les us et coutumes qui s’insinuent dans le quotidien des français.

Parmi les valeurs immarcessibles qui font la grandeur de la France, personne ne contestera que la baguette de pain, c’est comme le « baîret » c’est français par essence !

 

Donc la chanson sera spécialement dédicacée à tous ceux qui viennent faire le pain des français, et à ce jeune boulanger de la rue des Abbesses, qui vient d’être distingué par un jury de consommateurs, Djibril Bodian, 33 ans, d'origine sénégalaise, boulanger au "Grenier à Pain" au cœur de Montmartre*, pas loin du café où officie Amélie Poulain . Et surtout aux gens de ce village de l’Isère qui ont résisté et empêché l’expulsion d’une jeune femme et son fils scolarisé.

Halima Krasniqi, 26 ans, et son fils Edi, 6 ans, demandeurs d'asile serbes, ont été « récupérés » in extremis par une action efficace des parents d’élèves, et l’arrêté d’expulsion a été cassé par le Tribunal. C’était hier, 9 juin 2010.

Peut-être qu’il sera boulanger, Edi, histoire de perpétuer le bon pain français.

Il se peut que l’équipe de foot plonge la France dans de noirs désespoirs, dans les semaines qui viennent, c’est pourquoi il me semblait utile de partager ces petites histoires de la vie qui sourit. Malgré tout.

Et qui prouvent qu’on n’est jamais à l’abri de deux bonnes nouvelles.

Norbert Gabriel

 

* C’est à une encablure de l’adresse qu’a occupé Saravah, à sa naissance, le seul label français de chanson, indépendant, vivant et ce depuis les années 66-70. Salut Pierre Barouh , le pain de Djibril doit avoir les mêmes saveurs que les tartines vendéennes du côté de La Morvient.

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10/06/2010 | Lien permanent

Deux gars venus du Nebraska ... en 1944.

Les ricains .. 

 

Julius et   Ludwig  .pngJulius et Ludwig Pieper, nés dans le Dakota du sud au sein d'une famille d'origine allemande s'engagent ensemble dans la marine américaine en 1944. Leur père demande à l'armée que ses deux fils ne soient pas séparés. Au mois de juin, les jumeaux, tous deux opérateurs radio, embarquent à bord du navire de ravitaillement LST 523 (navire chargé du transport de matériel ainsi que du rapatriement des blessés lors des opérations du Débarquement) pour participer à la bataille de Normandie. Le 19 juin, le temps est mauvais et lors d'une rotation la navire saute sur une mine, coule en quelques minutes et sombre avec ses 117 membres d'équipage.
Les jumeaux font partie des victimes du naufrage. Le corps de Ludwig est identifié et enterré dans le cimetière de Colleville-sur-Mer, celui de Julius n'est pas retrouvé : son nom est inscrit sur le mur des disparus.
Le corps de Julius sera retrouvé en 1961 dans l'épave du LST coulé par une mine au large d'Omaha Beach le 19 juin 1944, mais enterré sous un matricule anonyme en Belgique. Dans le cadre d'un projet scolaire, une lycéenne du Nebraska, Vanessa Taylor, se lance dans des recherches sur les soldats de sa région enterrés en Normandie. Émue par l'histoire des frères Pieper, elle demande le dossier de Julius au Defense POW/MIA Accounting Agency (DPAA), un agence gouvernementale américaine chargée de retrouver les corps des militaires prisonniers de guerre ou disparus au combat depuis la Seconde Guerre mondiale. Au cours de son enquête, un lien est finalement fait avec des restes humains retrouvés, en 1961, dans l'épave du LST-523 et ayant été inhumés sous le matricule inconnu X-9352 dans un autre cimetière américain, en Belgique. 

En 2018 les deux frères sont réunis dans la même tombe.

 

Cimetière_américain_de_Colleville-sur-Mer.JPGOctobre 1961.  Dans un T6, ( avion école américain devenu patrouilleur dans l'Armée de l'Air)  un pilote, un vieux d'au moins 45 ans emmène un jeune appelé survoler le cimetière américain d'Omaha Beach.  En 1943-45,  il  pilotait un Spitfire de la bataille d'Angleterre. 

1970, l'ex-jeune appelé découvre dans un album de Michel Sardou  "Les Ricains",  ces héros venus sauver la France en apportant le chewing gum, le Coca et autres merveilles de l'american way of life...  (je résume)  Nous avons tous cru que tous ces gars qui dorment sous l'herbe de Normandie avaient débarqué pour nous, eux aussi devaient le croire.  On a appris ensuite que les motivations du gouvernement étaient plus nuancées. Sans la bataille de Stalingrad, l'enthousiasme ricain aurait sans doute été plus mitigé.  N'empêche que.. Si les ricains .. 


 

Pour l'histoire de cette chanson, et de son intro coupée dans les versions CD,  la suite ici  --> http://postescriptum.hautetfort.com/archive/2018/06/06/le...

 

Le North American T6, en vol ...

6 juin,les ricains

Norbert Gabriel

 

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Lettre à la guitare perdue, et la demoiselle triste...

 

La guitare n’est pas un instrument de musique

comme la harpe à queue,

le piano domestique

ou le lamentorium ou la fraise du dentiste.

La guitare simplement appelle la musique quand la musique appelle la guitare.

Crolla n’est pas un instrumentiste, il a besoin de la musique et l’appelle avec sa guitare,

il l’appelle si ingénument, si simplement, si tendrement, qu’elle vient.


Et elle fait la belle, la tendre, l’insolite, la sauvage, la lointaine, la désarmante, la déchirante.


Crolla l’aide à faire ce qu’elle veut.


Jacques Prévert

 

Lettre à la guitare perdue, et la demoiselle triste

 

demoiselle triste.jpgUne demoiselle avait une guitare qu'elle chérissait tout spécialement, c'était sa compagne, sa complice, son fétiche, celle qui avait donné les jolies notes, les notes justes pour les jolis mots de la demoiselle qui faisait des chansons. Des chansons partagées avec des amis, de toujours ou de rencontre qui ont vécu, avec elles, la demoiselle et sa guitare, des émotions, des rires, toutes ces choses qui naissent des chansons.

Les violons, les guitares, ont un charme particulier, un sortilège, qui crée des liens, peut-être grâce aux bois qui continuent à vivre une vie d'arbre qui avait commencé les pieds dans la terre et la tête dans le ciel.

Et cette vie se prolonge en notes de musique, en accords et échos qui gardent l'écho des vents oiseleurs, des oiseaux de passage faisant chanter les feuilles.

Il y a un peu de tout ça dans une guitare ou un violon, un chant venu du fond des âges... Imaginez un peu, le Viotti, violon créé par Stradivarius en 1709 , dont l'épicéa qui le compose avait sans doute quelques dizaines d'années, des racines plantées dans une terre millénaire, et dans le chant du Viotti*, c'est le chant d'un monde oublié qui se prolonge... Qu'y avait-il dans les bois qui faisaient vibrer la guitare de la demoiselle ? Un chant des Mille et une nuits ? Puisque la guitare est née arabe et nomade, c'est bien possible.

La demoiselle avait perdu sa guitare, elle avait disparu, comme ça, après un soir de concert, sans bruit, sans tapage, sans savoir comment, elle n'était plus là. Et comme dans la chanson de Félix**, partie sans voir le grand trou qu'elle laissait dans le cœur de la demoiselle.

Mademoiselle, ne pleurez pas, pas trop... peut-être que cette guitare vous avait tout donné, le meilleur d'elle-même, elle ne pouvait pas aller plus haut, peut-être a-t-elle voulu vous faire comprendre que vous deviez poursuivre votre chemin avec une autre, comme l'enfant quitte la main de sa mère pour une autre main. Mais ça, c'était trop difficile à dire tout de go, alors, elle s'est éclipsée discrètement, en douce.

Peut-être qu'aujourd'hui elle apprend à un jeune musicien un certain art du bonheur musical. Peut-être... Comme disait Prévert à Vian, une guitare n'est pas un moulin à légumes ni une tourniquette à vinaigrette. 

woody.jpgLa guitare de Woody était une machine de guerre contre les fascistes, celle de Crolla*** une amoureuse de la vie… 

crolla sourit.jpgTiens en parlant de Crolla, il avait offert à JacquesHigelin, pour ses 20 ans, une guitare, une Antoine Di Mauro, guitare qui a un jour disparu, volée dans une rue de Paris... Et quelques années plus tard, dans un village de Provence, Jacques voit près d'une décharge publique, SA guitare, sa Di Mauro, reconnue sans doute possible grâce à un détail très particulier.

Di Mauro coeur.jpgQuel angelot ami s'était donné la mission de rendre à Jacques, la guitare que Crolla lui avait offert ? On sait pas, on constate. Ce qu'elle a fait entre temps, on sait pas non plus. Ce qu'on sait, c'est qu'entre temps, Higelin était devenu un grand de la chanson. Et quand il a fait le Casino de Paris vers 1990, il a demandé à un luthier une réplique de cette guitare aux couleurs du spectacle, rouge et bleu... C'est une belle histoire, non ? Et en plus elle est vraie.

Pour finir sur les aléas de la vie d'artiste, voici comment le hasard est parfois heureux. Enrico Crolla, 12 ou 13 ans est un surdoué du banjo-mandoline, il fait les terrasses des cafés chics de Paris et gagne bien sa vie. C'est là qu'il est adopté par la bande à Prévert. Vers 1935, il a 15 ans, on lui vole son banjo, et Paul Grimaud chez Crolla 1938.jpgqui il a une chambre, le convertit à la guitare. En 1938, il sera un des espoirs du jazz dans les clubs où il rencontre Bill Coleman et quelques ténors du jazz venus à Paris. Il a sans doute été triste de perdre son vieux banjo d'enfance, mais l'histoire d'amour avec sa guitare Selmer Maccaferri l'a bien consolé. Et cette histoire d'amour n'a jamais cessé.  Demoiselle triste, votre chérie guitare aura toujours une place privilégiée dans votre cœur, même si une autre prend la suite...

On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle...

Norbert Gabriel

 

*Le Viotti est un des violons mythiques d'Antonio Stradivarius, un de ceux qui ont traversé les siècles et jouent avec les meilleurs violonistes du monde. Les meilleurs violons de Stradivarius ont été élaborés quand il avait plus de 70 ans.

**Le p'tit bonheur « J’eus beau le supplier, le cajoler, lui faire des scènes,
                                           Lui montrer le grand trou qu’il me faisait au fond du cœur.. »

*** Henri Crolla, le prince des accompagnateurs selon Philippe Meyer. Voir ici pour quelques infos :https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Crolla

 

NB Cette histoire étant malencontreusement réelle voici la disparue, si vous croisez quelque part quelqu'un qui vend une Tanglewood Sundance tw47B en étant un peu flou dans ses explications, sonnez le tocsin. Je ferai suivre, ou bien allez sur ce lien :http://carnetsdivresse.blogspot.fr/2015/07/ma-guitare-dis...

 

tanglewood-tw47e-sundance.jpg

Dernière heure, 6 Août 2015, message de la demoiselle : "J'AI UNE NOUVELLE GUITARE ET ELLE EST MERVEILLEUSE !!!" Nous attendons la suite, son prénom, son anatomie, sa chanson..

 

Et tout est dans les carnets: http://carnetsdivresse.blogspot.fr/2015/08/jai-une-nouvelle-guitare-et-elle-est.html

Nouvelle guitare demoiselle...png

 

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Faits divers...

 Faits divers

 ça se passe au siècle vingt au pays des hommes
quelques chiens mourants place du silence
des Causses vidés pour l’armée de France
un Raton bouclé avec tolérance
des âmes rasées dans les matins rances
ça se passe au siècle vingt au pays des hommes
rue de la vertu y’a comme une odeur
des relents de fric et de conseilleurs
de têtes coupées, de larmes et de peur
et des colonels qui attendent l’heure
ça se passe au siècle vingt au pays des hommes
des sexes parias aux amours proscrites
des peuples niés - des langues maudites
des murs renégats où elles sont écrites-
graffitis bretons - patois sodomites
quò se passa au segle vint au pais daus omes
pour cent mille gueux un ventre repu
des prisons bourrées de gosses perdus
délits d’opinion délits de refus

 

Et c'est aussi au siècle vingt et un qu'il passe des choses..

raymond-gureme recadré.jpgRaymond G.* a 89 ans, c'est un personnage important, dans les 1m65 – avec casquette - et dans les 55 kgs - avec casquette - sans doute très impressionnant, car un policier faisant irruption dans sa caravane a ouvert la discussion à grands coups de matraque. On ne sait jamais, quand on est un trentenaire taillé superman, et policier, la meilleure défense c'est l'attaque. Les multiples contusions constatées sur Raymond G. témoignent de la conscience professionnelle de ce serviteur de l'état qui n'a pas ménagé sa peine. Mais qui est ce Raymond G. ?

Raymond Gurème : au sein du Secrétariat général du ministère de la Culture et de la Communication, le groupe de travail « Culture et gens du voyage », a proposé à l’unanimité, et obtenu, que soit remis en avril dernier à Raymond Gurème, grand témoin des Gens du voyage, la distinction honorifique de Chevalier des Arts et Lettres, décernée pour « contribuer à lutter contre les discriminations que subissent encore les Tziganes dans notre pays, implantés pourtant sur ce territoire depuis le XVème siècle, et citoyens français à part entière »

C'est un vieil homme de 89 ans, français, gitan, ce qui lui valut en d'autres temps d'être déporté dans un de ces camps que l'état français réservait à certains citoyens, Linas-Monthléry fut un de ces camps d'internement. sans nourriture, sans hygiène, sans chauffage. Mais Raymond Gurème s'évade et entre en résistance. Il ne retrouvera les siens que neuf ans plus tard. Tous ces menus détails sont superflu pour ce policier, la résistance ? Faudrait beau voir qu'il résiste encore, d'abord on bastonne, on discutera plus tard, la question insolente portait sur les raisons de l'irruption... La policière en chef responsable de l'opération était occupée ailleurs, elle n'a rien vu, et puis dans ce genre de situation, elle semble trouver normal qu'il y ait quelques bousculades. C'est pas l'affaire Malik Oussekine, faut pas exagérer non plus. Si ça se trouve ce Raymond il s'est contusionné tout seul en faisant un roulé boulé dans l'escalier … Ou en se jetant violemment sur la matraque du gentil policier, va savoir avec ces vieux increvables... C'est d'ailleurs tellement flou, que tous les médias ont gardé un silence pudique, sauf Médiapart, toujours à l'ouvrir en grand sa gueule de métèque...

 

R Gureme G.jpgRaymond Gurème a 89 ans, il est français, gitan ou manouche, de ces bohémiens qui sont en France depuis le 15 ème siècle, il vit avec sa famille, a écrit son histoire, celle de nombreux tziganes, il peut y ajouter un chapitre, le vingt et unième siècle sera comme les précédents. Les barbares massacrent pas loin de chez nous, et la police garde ses traditions, avec une avancée toutefois, plus de discrimination dans la bastonnade, les jeunes , les vieux, tous égaux devant les cognes. C'est l'égalité républicaine sous un gouvernement de gauche... On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle, ou d'un mauvais coup.

Il y a deux ans, Raymond Gurème était présent à la Roma Pride, devant le Panthéon...

 

pano roma pride.jpg

 

à droite, Titi Robin ...        

 

 

PS : Il y a quelques années, lors de la pose d'une stèle commémorative où était le camp d'internement de Linas Raymond Gurème, dernier témoin de l’internement des nomades, s’adressait à Jérôme Guedj, le président du Conseil général, en questionnant l’histoire : « Pourquoi ils nous ont fait ça ? Surtout, faut pas oublier ce qu’on a subi. (…) On n’avait rien fait de mal, on vivait tranquillement dans nos roulottes ». Oui pourquoi en 2014 ?

On peut finir en musique avec "Faits divers"  de Joan Pau Verdier, c'était il y 30 ou 35 ans...

 




 

 

 

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Ye jacobites

 

Prolégoméne : Il y a quelques années, voire quelques décennies, le negro spiritual m'a saisi comme si j'avais dans les gènes une partie de cette histoire. Quelques années plus tard, même effet avec Tri Yann quand ils chantent Yé jacobites avec un poème de Sean O'Casey en intro, et une transition avec un solo de flûte qui vous emmène d'une ambiance poético nostalgique vers l'histoire d'une tragédie, je me suis senti irlandais asservi par l'Angleterre. Comme le peuple du blues avait été asservi par les colonisateurs européens . Ye Jacobites by Name est une chanson traditionnelle écossaise qui fait référence aux révoltes jacobites qui ont eu lieu en Écosse entre 1688 et 1746. La chanson est à l'origine une attaque contre les Jacobites vue du point de vue whig, mais Robert Burns la réécrit vers 1791 pour en faire une chanson avec une vision antiguerre et humaniste plus générale. Cette version est celle qui est connue au XXIe siècle. Quand Tri Yann compose l'album, c'est avec le souci d'une certaine cohérence dans la succession des chansons, et bien évidemment le poème de Sean O'Casey se situe avant Ye jacobites avec la transition de la flûte. Or dans quelques rééditions en CD, le poème de O'Casey a disparu. Et l'ordre des chansons est assez différent. Quelque employé de la maison de disque a refait à son idée , en supprimant ce poème parlé , quoi ? Dans un album de chansons, pas de musique ? Dans la même logique, un ignare a supprimé des inserts parlés dans Mégalopolis une comédie musicale, ce qui fait que sur la version CD on ne comprend plus ce qui se passe.. Pour revenir à Tri Yann, c'est une séquence de 6'26 qui avait été composée sur l'histoire de l'Irlande, la voilà dans sa version originale, le poème de Sean O'Casey suivi de Ye jacobites..

 

anti wars songs

AVANT QUE L'IRLANDE NE SOIT LIBRE (traduction de Jean-Louis Jossic)

Au début de la bataille
Plus d'un homme, d'une femme ou d'un enfant
Avaient quitté travail, mari et jeux
Un enfant foudroyé sur le pas de la porte
Un vieillard les bras en croix sur la chaussée
Un jeune homme près d'un réverbère
Qu'il a agrippé quand la balle l'a touché
Il a glissé, toujours cramponné et il est mort
Son visage curieusement blanc
Regardant le ciel
Comme s'il demandait pourquoi
Son bras raidit enlaçant toujours le réverbère
Une jeune femme en vêtements d'été
Peut être rentrant en hâte à la maison
En entendant la fusillade
Mais pas assez vite…
Sur son corsage blanc brillant
Une tâche pourpre de mort
S'étendant en plein milieu du dos

Vous n'aviez signé aucune proclamation
Forcé aucune porte
Pressé aucune gâchette
Oh je sais cela
Mais l'Irlande, l'Irlande avait besoin de vous tout de même
Et d'autres mourront encore
Avant que l'Irlande ne soit libre.

...

You Jacobites by Name, lend an ear, lend an ear,
You Jacobites by Name, lend an ear;
You Jacobites by Name,
Your thoughts I will proclaim,
Some says you are to blame for this Wear.
  suite ICI.

 

 

Version intégrale Tri Yann Cliquez sur l'album, ======>tri

 

 

et en bonus Le texte original de Sean O'Casey

In the battle's prologue
Many a common man, woman and child had said
Goodbye to work and love and play
A child surprised in the door way
An old man stretched in the street
A young man near a lamp post
Which he had clutched when the bullet struck him
And down which he had clip when he died
His curiously white face containing
Wide eyes staring upwards
As if asking the sky : why this had happened
A stiff arm still half-encircling the lamp standard
A young lacy in holiday attire
Lying on her face maybe hurrying home
When she heard the uproar
But going too slow...
Or on the brilliant white blouse
A purple patch of death
Spreading over the middle of the back

You signed no proclamation
You invaded no building
You pulled no trigger
I know
I know but Ireland needed you all the same
Many will die like that
Before Ireland can go free.

Et quelques liens musicaux,

 

 

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Moralité, quand vous voyez des rééditions d'albums, essayez de vérifier si c'est bien fidèle à l'album original, conçu et réalisé les par les artistes et non par des gestionnaires de fonds de catalogue qui ne connaissent pas grand chose  des artistes qu'ils "compilent"...

Norbert Gabriel

 

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05/06/2019 | Lien permanent

Pour quelques gouttes de rhum de plus...

Des routes, du rhum, ou des roms, sur les ailes du vent, et ...


Dis moi beau navire
Pour qui tu navigues
Et quel est ton pavillon ?
S'il est noir et rouge,
Nous ferons la route
Qui nous mène à l'horizon


Ecrirêveries...

C'était La Croix du Sud de Mermoz, Joshua de Moitessier, L'Oiseau Blanc de Nungesser et Coli, Le Kon Tiki, de Thor Heyerdahl, le Pourquoi pas de Charcot, la Calypso de Cousteau, le Pen Duick de Tabarly, le Vieux Charles de Guynemer, le Spirit of St Louis de Lindberg, l'Argo de Jason, le Pequod du capitaine Achab, l'Hermione de La Fayette, la Santa Maria de Colomb, la Belle Poule, l'Astrolabe, et le Renard de Surcouf, le Bounty ou le Hollandais Volant, et Géronimo de Kersauzon, le dernier chevalier des mers.

C'étaient des noms à rêver des voyages fabuleux, à la poursuite des nuages, d'une baleine blanche, à la poursuite de chimères magnifiques dans le sillage d'Ulysse, de Sinbad, de Bougainville, de Jean Bart, de Jacques Cartier, de Magellan, de Monfreid ou du capitaine Nemo. Et même parfois du captain Flint, de Long John Silver et de l'Hispaniola, avec jambe de bois, perroquet sur l'épaule et bandeau sur l'œil. Et un sabre dans la ceinture.

C'était le temps des héros solitaires, des chevaliers libres et fiers, sans peur et sans fil à la patte, les Don Quichotte superbes que les moulins à vent envoyaient dans les étoiles. Le temps de ces poètes fous d'espaces réinventés, Comme Moitessier, et Joshua, le fils du vent, sans radio, ni rien d'autre pour communiquer qu'un lance-pierre. Ce capitaine anarcho-rêveur d'utopies à découvrir au large des mondes artificiels, envoyait un message au lance-pierre sur le pont des cargos rencontrés, pour donner des nouvelles à la famille.

Allez savoir pourquoi les nouveaux coursiers des mers me défrisent le folklore et l'imaginaire. C'est Groupama, Crédit Agricole, Véolia, La boite à pizza (!!!) Sodebo, et Primagaz, (pour cuire les Crêpes Whaou?) et William-Saurin qui fendent les flots... Ah William-Saurin... Le rêve marin en forme de boite de haricots-saucisses... Vous, je sais pas, mais pour moi William-Saurin c'est d'abord une boite de conserve sur un rayon d'épicerie, pas vraiment la brise au large des Tuamotou. Pas non plus le fameux trois mâts fin un oiseau, le Shamrock, le Cutty Sark, le Rainbow Warrior, ou Santiano. William-Saurin, ça ne me transporte pas dans les mers du Sud, le Pacifique, les îles sous le vent, le cap Horn, Wallis et Futuna..

William-Saurin, ça renvoie à la cuisine, celle de l'ouvre boite... Et il y a  Crédit Agricole !!! Dans la Route du Rhum, ça me donne juste envie de me pochetronner avec un grand bol de La Mauny, rhum agricole plutôt que le crédit du même nom, pour oublier les arias et les manigances des banques que mon argent intéresse et que mes agios engraissent au delà du raisonnable.

Et ce bol de rhum me rappelle que parfois « quand j'ai vu, je bois double...» mais c'est une autre histoire. Quoi que, le rhum et le marin, c'est aussi une longue histoire. A tanguer et à rouler. Sur le pont ou sous la table..

Dis moi beau navire
Pour qui tu navigues
Et quel est ton pavillon ?

Et voguez beaux voiliers ! En 2010, c'est « La boite à pizza, Crèpes Whaou, Fleury-Michon », et pourquoi pas Moule à gaufres tant qu'on y est ?? Moule à gaufres qui gagne la Route du Rhum, ça fait rêver hein ? Ça fait planer dans la mythologie, Moule à gaufres... Et en plus, Moule à gaufres, il est farci de tout un fourniment de zigouigouis électroniques. Quelque part à Paris, Londres, ou à Novosibirsk, il y a au 37 ème étage d'une tour un ordinateur qui calcule tout, la météo, la navigation, la force du vent, l'age du capitaine et la température du poisson rouge de la fille du capitaine. Oui, je sais ça sert à rien pour la course, mais l'ordinateur qu'on nommera Fozzy, pour faire plus convivial, apprécie les petites fantaisies distractives, comme la gestion de l'itinéraire de l'express Paris-Santiago du Chili,  en passant par l'ile de Pâques, Pierre-Bénite et Sauviat.

Avec arrêt-buffet à St Paul des Landes où le Cantal est particulièrement goûteux.

Fozzy surveille aussi la température du poisson rouge. Surtout quand il dort au fond du bocal, et qu'il fait semblant de faire le mort pour affoler la fille du capitaine. Et Fozzy, entre deux aiguillages entre Mozac et Santiago du Chili, il dicte au skipper de Moule à gaufres ce que qu'il faut faire, où, quand, comment, parce que! Et on parle d'une course en solitaire... Mais Fozzy, tout omniscient qu'il soit ne peut prévoir si une baleine facétieuse n'aura pas l'idée primesautière de chatouiller Moule à gaufres d'un coup de patte amical. En l'occurrence un coup de nageoire ou de queue, mais avec une créature de 30 tonnes, la caresse peut être rude. Même pour un Moule à gaufres à trois coques. Heureusement, le nombre de baleines se réduit de plus en plus, quand je dis heureusement, c'est malheureusement de l'humour noir. Et Fozzy, par solidarité, accompagne ses avis documentés de quelques chants de baleines, bleues ou blanches... Mais quand même, Fleury-Michon et Crêpes Whaou...

Voilà pourquoi je ne rêve plus avec ces objets navigants pseudo-nommés façon marketing. Néanmoins, il me reste une grande tendresse pour ce Don Quichotte des mers qui a apprivoisé les moulins des 4 vents Bernard Moitessier, et pour l'hérétique Joshua, libre, farouchement libre, Avec ses messages au lance pierre, bonsoir m'sieur dames, Joshua va bien, et bonjour chez vous. A charge pour le cargo d'activer le tam-tam interstellaire pour relayer la nouvelle.

Il aurait pu chanter quelques chansons de marins, Moitessier, pour une sérénade à la lune, aux étoiles de mer ou du ciel, ou bien « la chanson du portageur » ...

Je ne suis qu'un mot qui danse, sur des silences, comme un canot au fil de l'eau...

Un mot d'émoi, un mot d'amour qui cherche un écho, quelque part sous les nuages d'un ciel infini. Les nuages, les merveilleux nuages, sur une phrase de poète, et un air de Django.

Latcho drom, Joshua, ta longue route continue. Pour le rêve...

Dis moi beau navire
Pour qui tu navigues
Et quel est ton pavillon ?

Qu'importe la route
Qu'importent les doutes
Et qu'importe si la fleur
Est plantée à tes lèvres,
Tout au bout de ton arme
Tendue au poing, piquée au cœur


Mais dans la liste des voiliers, on peut encore voir Gitana, Brocéliande, peut-être l'Héautontimoroumenos  cousin d'un futur géant des mers, comme l'hippocampéléphantocamelos ? On n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel



Merci à Jacques Yvart pour ses chansons à rêver des voyages magiques, à Gilles Vigneault pour son canot qui danse.. à Fozzy et Lentéric, et à Jean Vautrin « Ecrirêveries »

"Quand j'ai vu, je bois double." du Leprest grand cru. 

When Joshua fit the battle of Jericho, il ne se doutait pas que 35 siècles plus tard un marin de légende ferait chanter les trompettes de la renommée pour un petit navire intrépide, Joshua...

De gauche à droite, Bernard Moitessier, Joshua, le Spray de Slocum, et Joshua toutes voiles dehors.

 

pano Joshua.jpg



 

1- Joshua fit the battle of Jericho And the walls come tumbling down .. . (Negro spiritual) La Bible dit que les murailles de Jéricho s'effondrèrent après que Josué et ses soldats aient tourné autour 7 jours en sonnant de la trompette. Des archéologues ont récemment mis au jour des sortes de souterrains qui auraient provoqué la ruine des murailles. Le coup des joueurs de trompettes c'était donc pour faire diversion, ou pour faire plus de bruit que le travail de sape sous les murs. Mais comme dit le journaliste Peabody « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende » (dans « L'homme qui tua Liberty Valance »)

2- Joshua Slocum canadien fait le premier tour du monde en solitaire sur le Spray (voilier de 11 mètres) "Seul autour du monde sur un voilier de onze mètres"  relate la longue route qu'il fit de 1898 à 1895 .

3- si vous passez du côté de La Rochelle, saluez Joshua de ma part, il navigue au large de Fort Boyard et de l'île de Ré. Et pour Moitessier , "La longue route" et son histoire avec Joshua, autour du monde.

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Musique à l'école

 

 

 

Ecole et musique

 

Depuis quelques années, l’éducation artistique à l’école a permis à beaucoup d’élèves de s’ouvrir à des activités qui apportent un peu de beauté humaine, et la musique en fait partie. Dans les années 50, tous les écoliers faisaient du théâtre, à l’école primaire, en préparant un spectacle de fin d’année, qu’on donnait sur une vraie scène, à la Maison du Peuple de Pierre-Bénite, à côté de Lyon. Dans ces petites pièces, chaque enfant avait un rôle, comprenait que chacun à sa place dans l’ensemble, en interprétant un rôle parlant, en faisant une figuration, en fabriquant les costumes et les décors.

Chacun pouvait éprouver ses qualités d’orateur, s’exercer à parler en public, petits jeux pouvant améliorer les facultés individuelles d’expression .

Et prendre un peu de confiance en soi.

Les nouvelles dispositions concernant l’enseignement modifient considérablement l’organisation de ces activités. N’étant pas un expert de la chose pédagogique, je vous renvoie à un spécialiste, Gérard Authelain, maître d'oeuvre des livrets "les enfants de la Zique" offerts aux enseignants qui mettent chanson et musique dans leurs programmes d'éducation artistique.

Je ne sais pas quel peut être le poids des réactions individuelles, ou collectives, mais il me semble que tous les parents, et grands parents, sont concernés, et peuvent, ou doivent exprimer leurs points de vue, mettre un peu de vie dans son art, et un peu d'art dans sa vie, ça ne peut pas faire de mal. Aux actes citoyens, on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

Norbert  Gabriel

 

 




Voici une lettre ouverte sur le danger de la "réforme" de la musique en milieu scolaire. A la lecture de cette lettre, je me dis que nos missions et celles des DUMIstes ne sont pas très éloignées.
Il me semble aussi que nous avons notre mot à dire quand nous constatons un recul de la présence de la musique dans la société....

En arrière toute !

Les enfants des écoles primaires ne sont pas dans la rue.  Quand ils y seront, en 2015 ou 2020, le mal sera fait, il sera trop tard : les lycéens ou étudiants qu'ils seront devenus n'auront pas eu l'éducation artistique à laquelle ils avaient droit et qu'on leur avait promise.  Je dis bien « éducation », c'est-à-dire conduite à travers un parcours qui les fasse sortir d'eux-mêmes en les ouvrant à des pratiques nouvelles pour eux. En musique comme en pédagogie, on appelle cela « accompagnement ».  Je n'ai pas dit « instruction publique », comme au temps de la première école républicaine, ou comme les produits de remplacement proposés aujourd'hui avec l'intronisation d'une heure d'histoire de l'art (dont il n'y a pas besoin d'être prophète pour deviner qu'elle viendra aisément en remplacement de toute pratique).

Gravissime ? Oui, car si l'on parle musique, ou théâtre, ou peinture, il ne suffit pas de connaître les biographies des grands compositeurs ou des artistes de renom, il ne suffit pas d'avoir vu en reproduction à l'aide d'un vidéo projecteur quelques tableaux de Paul Klee ou Van Gogh, il ne suffit pas d'avoir écouté le Carnaval des animaux ou Pierre et le Loup.  Depuis longtemps on sait qu'un enfant apprend les choses en les expérimentant, qu'il apprend à parler en parlant, à écrire en faisant des rédactions, à gérer son patrimoine de billes ou de bonbons en faisant de l'arithmétique appliquée.

Faire de l'histoire de l'art sans passer aux actes (à savoir chanter, développer un geste rythmique, tenir un pinceau, porter haut et fort une parole en public), c'est raconter les mouvements de la nage en paroles et en images, et laissant à d'autres le soin de les mettre en ouvre dans une piscine.  Repousser après le temps de l'école, dans les structures associatives (c'est-à-dire privées), le temps de l'expérimentation, de la mise en ouvre, c'est sous couvert de libre choix accepter que seuls aient accès aux pratiques artistiques les enfants dont les familles s'en préoccupent ou ceux qui en ont les facilités d'accès.  C'est revenir aux années 1970 et antérieures, en ces époques où il était de bon ton de dénigrer l'école française par rapport aux Allemands ou aux Anglais qui, eux, savaient chanter, parce qu'ils faisaient cela dès leur plus jeune âge
dans les structures scolaires.

Et pourtant la France a inventé depuis 25 ans une profession qui a révolutionné les pratiques musicales à l'école, en ville comme dans les terres rurales les plus reculées : le musicien intervenant à l'école.
Celui-ci est un praticien de la musique dûment patenté, avec une spécialisation acquise au bout de deux années complètes de formation de haut niveau en matière de pratiques vocales, pratiques collectives, pédagogie, entraînement à l'innovation, aptitude au partenariat.  Ils sont environ 4000 diplômés en 2008, très souvent employés par les conservatoires et les écoles de musique qui marquent ainsi, à la demande des municipalités, un vrai souci pour l'éducation de tous à travers l'enseignement général.  Dans un rapport largement diffusé émanant d'un inspecteur général de l'Éducation nationale, l'auteur préconise que les familles puissent, pour l'éducation artistique, s'adjoindre les services d'un précepteur qui serait payé selon les modalités en vigueur avec le CESU.  De qui se moque-t-on ? Bien sûr, les responsables de l'Éducation nationale, dans leur réflexe endémique de corporatisme, continuent à dire qu'il n'y a pas besoin de ces professionnels.  Le bulletin officiel de leur organisme les ignore majestueusement : la musique à l'école primaire est faite par les instituteurs.  Sauf que cette fanfaronnade ne tient pas un instant : il n'y a pratiquement plus de formation musicale dans les IUFM pour les futurs professeurs d'école. Si l'enseignant n'a pas bénéficié, par chance familiale ou volonté personnelle, d'une bonne pratique musicale, il n'y a guère de risque que les élèves d'une école primaire s'attaquent à une pièce contemporaine comme celles que proposent les éditions Mômeludies ou dépassent en chanson le niveau du petit pont de bois et de l'enfant au tambour.  Prendre un enfant par la main, a pourtant chanté Duteil, c'est aussi « pour l'emmener vers demain, pour lui donner confiance en son pas ».
Donc « En arrière toute ! » : le ministre de l'Éducation nationale a décidé de supprimer deux heures de cours par semaine, ce qui favorise la politique de réduction des effectifs des enseignants.  Ce qui aura surtout l'effet de pénaliser d'abord les matières « gratuites », c'est-à-dire celles qui ne servent ni à compter, ni à lire, ni à écrire.  Et pour que ça ne se voie pas, on met à la place un cours d'histoire de l'art en nous faisant croire que la priorité à l'éducation artistique est sauvée du naufrage.

De ce fait, tout sera reporté en « hors scolaire ».  On en revient aux temps de l'animation socio-culturelle, on aura des séances de pratiques musicales où seront exclus tous ceux qui dans le secteur rural sont soumis aux horaires des « cars de ramassage » (et où évidemment on n'aura pas un transport supplémentaire pour les 20 % qui souhaiteraient faire de la musique à partir de 17 heures).  On pénalisera tous ceux qui ne s'inscriront pas dans ces temps hors scolaires, à cause d'une image que l'école ne leur aura pas permis de rectifier par une pratique active et dynamisante, avec un musicien intervenant qui sait faire autre chose qu'apprendre à chanter le répertoire des chants patriotiques comme le voulait Jean-Pierre Chevènement.
Mauvaise foi évidente : il faudra que les inspecteurs de l'Education nationale nous expliquent comment une éducation de l'enfant, qui selon eux et à juste titre, doit pouvoir être ressaisie par l'instituteur dans l'ensemble des acquis pour être assimilée (c'est pour cela que les musiciens intervenants sont obligés de travailler en étroite collaboration avec les enseignants), pourra être désormais profitable quand elle sera faite en hors scolaire sans la présence dudit enseignant.

Nous appelons avec vigueur les professeurs des écoles, les musiciens intervenants, les directeurs d'écoles de musique, les maires et adjoints aux affaires scolaires, à ne pas se laisser entraîner dans cette voie catastrophique pour l'avenir de la jeune génération : nous n'en paierons les dividendes que dans 5 ou 10 ans, mais il sera trop tard, les actuels responsables qui nous valent ces périls auront leur retraite assurée et on les aura oubliés.  Ils seront peut-être même bénévoles dans des associations de soutien, mais le mal aura été fait.  Que les motifs qui les animent aujourd'hui soient financiers, idéologiques, ou relèvent de l'incompétence, peu importe : la résistance s'impose par tous les moyens.  Pour les enfants.
Pour la dignité humaine que nous permet de développer l'accès à la culture et la pratique des arts.  Pour l'avenir qui se prépare aujourd'hui et dont on nous demandera compte.


Gérard Authelain,

président de la « Plateforme des associations régionales du spectacle vivant »,

ancien directeur du CFMI Rhône-Alpes

 

http://www.leducation-musicale.com/

 

 

 

 

 

 

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09/09/2008 | Lien permanent

Chanter, la langue de chez nous ..

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 «La chanson est l'expression la plus authentiquement populaire. Le seul art qui soit resté près de ses sources. Un des rares où toutes les valeurs Qulturelles (avec un Q soit mises échec)

(…) Piaf et Brassens étaient aussi des parias de l'éducation. Tout comme Gershwin et Django Reinhardt. La pauvreté du bagage scolaire n'a jamais empêché qui que ce soit de chanter.

Un aphone inculte, par sa seule sensibilité, peut émouvoir. Mieux que la voix ou le cerveau les plus cultivés.»

 

Ces lignes sont de Georges Moustaki, «Questions à la chanson 1973». Elles sont d'une pertinence éternelle. Dans le débat qui revient régulièrement à la une des interrogations existentielles sur la chanson à texte, ou la chanson « pas à texte », on ergote sur le fait que la bonne chanson se doit d'être forcément dans la langue de chez nous. Qu'on soit bantou, auvergnat, alsacien, patagon ou brésilien, hors du langage natal, pas de salut. Peut-être. Ou peut-être pas. Il y a parfois des mystères qui nous dépassent. Je connais assez bien quelqu'un qui a été élevé au bel canto, l'opéra à la TSF, ou dans l'atelier de mon grand-père, Luis Mariano ou Caruso dans la cuisine-salon-salle à manger, et qui un jour, vers 13-14 ans a découvert « Fleuve profond » une émission qui racontait le negro-spiritual, un choc émotionnel d'une intensité inouïe, c'était quelque chose que je ressentais comme si c'était en moi depuis toujours. Sans comprendre le sens des mots, je percevais bien le sens de la musique, et la force du propos. Ce n'est pas pour autant que j'ai balancé à la poubelle Bécaud et « mes mains qui dessinent dans le soir la forme d'un espoir qui ressemble à ton corps » ou Brassens, Marie-Josée Neuville, ou Brel, ou Félix Leclerc, eux qui me parlaient avec

«cette langue belle à qui sait la défendre.
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu'il faut pour vivre en harmonie. »

Il n'était plus question d'ergoter sur le bien-fondé de l'imparfait du subjonctif et des beautés de Ronsard ou Malherbe dans leur écriture, la chanson était devenue un formidable générateur d'émotions, portées par des voix, des voix venues de partout

C'est pas seulement ma voix qui chante
C'est l'autre voix, une foule de voix
Voix d'aujourd'hui ou d'autrefois
Des voix marrantes, ensoleillées
Désespérées, émerveillées
Voix déchirantes et brisées
Voix souriantes et affolées
Folles de douleur et de gaieté

et qu'elles chantent en slang, en argot, en russe ou en patois javanais, quand il y a une émotion qui passe, pas besoin de sous-titres. C'est pourquoi, avec ma pile en vrac jamais rangée, à côté de la chaîne, avec Ferrat, Jacques Yvart, Elisabeth Wiener, Higelin, Pagani, Pauline Julien et Anne Sylvestre, Pierre Barouh, une partie de ceux qui sont là depuis plus de 20 ans, il y a aussi Melody Gardot, Madeleine Peyroux, Alela Diane, Vissotski, qui ne sont pas tout à fait francophones, mais qui me racontent des histoires. Comme Serge Utgé-Royo, dont tout le répertoire est inspiré d'une histoire, celle des exilés. Et de tous les exilés finalement. Utgé-Royo m'a fait comprendre une chose que je n'avais pas vraiment cernée, c'est la qualité de son écriture dans une langue parfaitement maîtrisée qui crée cette addiction à cette forme de chanson qui raconte. Elle est « à texte », bien sûr, mais ce n'est pas toujours suffisant. Il faut le fond et la perfection de la forme pour ne pas casser la magie par une rime hasardeuse, qui me ferait décrocher.

Il y a des interprètes ou auteurs qui essaient de me raconter des histoires, mais quand j'entends «le soleil-le dans le ciel-le, sur le port-re...» je peux pas. Et il y aussi «un mirador-re» pour achever le tableau. Bien que la voix soit belle, la mélodie réussie, ça ne passe... Et je suis beaucoup plus touché par la voix de Léonard Cohen, celle de Billie Holiday, ou celle de Lou Doillon récemment, entendue en aveugle à la radio. Sans pré annonce, ni quoi que ce soit. Sans image glamour, la voix, l'expression vocale, quelque chose qui émeut, c'est tout. Le fait que ce soit en français, n'est pas une garantie d'extase textuelle. Sinon les rappeurs seraient en orgasme perpétuel avec leurs rimes appuyées et scandées en mode marteau piqueur. Durant des années, «My gypsy wife» de Léonard Cohen m'a bouleversé sans que j'aie jamais eu envie de chercher la traduction. Une fêlure dans la voix, un écho de violon

Il est sûr que je suis souvent devant les scènes françaises, celles de Louis Ville, Agnès Debord, Valérie Mischler, Bernard Joyet, et celles et ceux des Lundis de la chanson, n'empêche que Chappel Hill m'a envoyé dans les nuages un peu comme The Doors ou Johnny Cash. Mais pas Presley … Sorry Elvis, t'as une belle voix mais ça ne me raconte pas grand chose.

Le travers qui se répand chez les néo french rockers babillant en anglais canada dry, est en effet préoccupant, c'est vide, c'est creux, c'est sans intérêt. Mais ça peut faire gigoter en buvant une bière, et en discutant avec les copains.

Aujourd'hui, tout le monde se fait un point d'honneur de reprendre les chansons de Leprest... Pourquoi pas? Il n'y a pas tant de maîtres dans ce domaine, mais combien savent vraiment apporter quelque chose de neuf, de mieux que l'original? Ce qui vaut aussi pour les adaptations qui émigrent, mais c'est un autre débat.

J'aime assez le parcours de Louis Ville, qui a fait du rock en anglais, et qui s'est mis à écrire en français pour être plus précis et riche dans ce qu'il voulait partager. «Cinémas, cinémas» c'est de la chanson qui raconte, qui a du sens et du son . Une chanson dont Pierre Dac aurait dit:«Pour bien comprendre les gens, le mieux est d'écouter ce qu'ils disent.» Bien sûr qu'on comprend mieux quand c'est la langue de chez nous.

Que ce soit une langue belle et riche, personne ne devrait contester ce fait Que la chanson soit un art populaire, c'est aussi une évidence. Mais la musique est aussi un langage universel, sans frontières, qui s'enrichit de métissages heureux, et qui s'appauvrit quand des néo-rockers babillent des insignifiances en anglais, parce que c'est tendance, et que ça se «dance»... Comme «La danse des canards», c'est dansant, et français. Mais il ne suffit pas non plus que ce soit en français pour avoir un label de qualité systématique. Genre vu dans «Nos Enchanteurs» qui ne serait qu'Only French, mais si on y chante plus souvent dans la trace de Jehan Rictus ou Gaston Couté, et leurs descendants que dans celle d'Eric Morena ou de Chantal Goya, ce serait dommage de se priver d'Elisabeth Caumont, cervantesque princesse Micomiconne qui explore avec bonheur les espaces ellingtoniens ou ceux de Chet Baker. Et irait-on se priver aussi de Paco Ibanez ou Angélique Ionatos parce qu'ils ne chantent pas qu'en français ?

Peut-être que ça se discute, c'est un point de vue qu'on peut ne pas partager. Peut-être que c'est un crime de lèse majesté de saluer un album qui ne parle pas français.

Mais j'ai du mal à limiter mes enchantements au format hexagonal quand je peux avoir le monde entier à découvrir.

« Le monde ouvert à ma fenêtre... » a toujours des airs balladins à découvrir, on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle.

 

Norbert Gabriel

 

 Tu me diras que j'ai tort ou raison,

Ça ne me fera pas changer de chanson,

Je te la donne comme elle est,

Tu pourras en faire ce qu'il te plaît.

Et pourtant dans le monde

D'autres voix me répondent

Et pourtant dans le monde...

Bande son:

Pour le langage universel de la chanson, voici l'archétype de la réussite, avec images si on veut, ce serait dommage de se priver d'Elisabeth Masse, mais la première fois, c'était sans autres images que celle générées par la voix de Louis Ville  ...http://video.mytaratata.com/video/iLyROoafzmlS.html

«The gypsy wife « (avec commentaire de Leonard Cohen) http://www.youtube.com/watch?v=H2byWWMmf20  ( from the record: Field Commander Cohen. Tour of 1979 (Sony Music ent. Columbia. 501225 2

Et la version studio, la première .. http://www.youtube.com/watch?v=l9K-3JTzP6I

 

Merci à Yves Duteil et Jacques Prévert pour « La langue de chez nous » et « Cri du coeur »

et Georges Moustaki, « Et pourtant dans le monde »

 

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Jazz aux Puces 2010

Les gens de nulle part

dédié à tous les fils du vent, les bohémiens, les tziganes, les manouches, les gitans, les romanis, tous ceux de l’alma sinti, tous ceux qui ce n’est le bout du chemin qui compte, mais la route..

 

Cousins de Manitas, ou frères d’Arménie,

Ils font peur aux bourgeois et plaisent à leurs dames

Ce sont des Brel sans voix marins à Amsterdam

Ou bien des Clark Gable au volant d’un taxi

On dit qu’ils sont barbares ils parlent au moins 3 langues

Exercent dix métiers dont un de contrebande

Et savent faire l’amour à tous les instruments

 

Et puis y a les vainqueurs, les rois du violon, les dieux de la guitare

Qu’on applaudit debout, qui trouvent en tous pays des foules de fidèles

S’ils sont partout chez eux pareils à l’hirondelle

D’où vient qu’ils ont l’accent ces gens de nulle part ?

Les gens de nulle part

Sont tous de quelque part

Ils ont tout simplement

Perdu leur paradis

Ils sont les rescapés

D’immenses tragédies

Qu’on nomme avec pudeur

Bavures de l’histoire..

 

Mais qu’ils  soient des Einstein, ou bien des Menuhin, ou des romanichels

Qu’ils cassent en deux l’atome, qu’ils remplissent Pleyel ou vident vos tiroirs

Ils sont d’une même famille les gens de nulle part

Et faute de racines faut bien qu’ils aient des ailes.

©Herbert Pagani

 

 

Jazz aux Puces 2010

D'une rencontre, d'un regard , jaillit la musique ... et le bonheur de partager, sans parfois qu'on sache le nom du musicien rencontré...

 

Pano Jazz Puces 1 A 1 photo.jpg

Dans ce tableau aux couleurs très Django, pour un Minor Swing, ou quelques Nuages,Mathieu Aubourg a fait quelques passes amicales avec .... ? un guitariste manouche croisé quelques minutes avant, on ne s'est pas présenté dans les règles, un accord a suffit...

 

Pano Jazz puces 2.jpg

 

et une gitane ?

peut-être...

 

 

 

Et la fête continue, c'était hier samedi 19 Juin, à suivre..

 

Pano Jazz puces 1.jpg

 

à suivre avec de nouvelles images, et un album pour mieux voir le jeune fan de Norig, accompagnée par l'excellent guitariste Sébastien Giniaux, au jeu fluide, élégant, subtil...

à droite un joli trio, pour le moment anonyme, mais j'y retourne ce dimanche.

 

Car dans ces journées Jazz aux Puces,  il se vérifie chaque fois qu'on n'est jamais à l'abri d'une bonne nouvelle, et d'une bonne chope de swing.

 

Dimanche 20 Juin

Comme en 2009, au Relais des Brocs Aurore Quartet (parfois Quintet) suscite l'enthousiasme du public, du jeune public, voire du très jeune public.

 

Pano Aurore la relève 1.jpg
Et d'un regard croisé, on se dit que dans quelques années, peut-être...
Pano La relève 2.jpg
L'album s'est complété de quelques images des années passées, avec quelques amis qu'on aimerait bien revoir, et entendre quelque part, un de ces jours, salut à Lodie et Patrick.
Norbert Gabriel
( si quelques passants sur ce blog peuvent préciser le prénom des héros inconnus du jour, il y a un espace "commentaire" pour celà)

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Les ricains 6 Juin 44

Capa 6 juin.jpg

 
Si les Ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie*
A parler de je ne sais quoi
A saluer je ne sais qui.

 

* Depuis quelques années on sait que ce serait plutôt "Vous seriez tous en Bolchevie" si j'ose dire, mais en 1968, le mythe américain faisait rêver  ..  Le rideau de fer un peu moins...

 

Bessie Smith, Crazy Horse, Strange fruits, Wounded Knee, Sand Creek et quelques autres pages noires de l'histoire des USA restent présentes, envers et contre tout . Mais le 6 juin, je ne peux m'empêcher d'avoir dans la tête cette chanson « Les ricains » ces ricains que les gens de ma génération ont toujours perçus comme les libérateurs venus rendre à La Fayette le service rendu 267 ans avant.

 

Dans les années 70, Michel Sardou a chanté « Les ricains »... Dans la version originale, il y avait un extrait de voix hitlériennes pour planter le décor. Ce qui a suffi à quelques follicullaires pour fustiger une apologie du nazisme, et se dispenser sans doute d'écouter la suite.. Dont le sens est assez clair pour n'importe qui ayant une compréhension normale du français... Il y eût une récidive des mêmes (repris parfois en 2018) pour considérer que cette pochade « Le joli temps des colonies » est une ode au colonialisme... Peut-être que ces lectures particulières conduisent aussi à démontrer que Ferré était zoophile avec Pépée, et Brassens pédophile avec «  La princesse et le croque notes » ...

Mais revenons au 6 Juin et aux ricains avec la première version enregistrée en 1968 sur 45T puis en 70 sur 33T (dans les suivantes, l'intro et le final ont été supprimés. )

 


 

 

La même, en direct, avec le geste qui a aussi provoqué des réactions à ceux qui ont les portugaises ensablées.


 

On ne va pas se priver d'une parodie de Renaud, mais je me demande s'il assume aujourd'hui ses points de vue sur la question...


 

Et parfois je me dis qu'il n'a pas toujours tort Sardou... Le constat est cruel et il y en a pour tout le monde...

 


 

Pour finir sur une note plus fantaisie, voici ce qui a nourri les enfances des old timers nés dans les années 40, avec Mickey et Hyawatta... l'immense Cab Calloway et Betty et quelques grains de poivre dans l'ice-cream à la vanille... Merci aux ricains pour ça..

 


 

Norbert Gabriel  6 Juin 2018

 

 

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