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13/03/2009

Welcome chez les Ch'tis !

 

 

Elle est à toi cette chanson,

Toi le chtimi qui sans façon

A donné un morceau de pain

à un immigré clandestin...

 

L'article L.622-1 du Ceseda punit de cinq ans de prison toute personne qui aura apporté une
aide à la circulation irrégulière d'un étranger en France. Nombre de membres de familles ou d'élus sont menacés de poursuites...

 

Eh oh, fais gaffe le ch’ti, et l’auvergnat aussi, vous tombez sous le coup de la loi, passibles d’embastillement, amendes, casier judiciaire, fichier Stic et tout le fourbi ... Citoyen, attention, même avec un Pass navigo de la RATP, t’es fiché, classé, cible pub potentielle, alors tu penses bien que si tu donnes un sandwich à un clandestin pour lui éviter de tomber d’inanition, t’es fait mon gars, le clandestin reprend son chemin, et toi « ... cinq ans de prison (pour) toute personne qui aura apporté une aide à la circulation... » Circulez, y a rien à boire ??? si en plus tu aggraves ton cas en lui donnant une bouteille d’eau...

Je comprends de mieux en mieux Leprest « quand j’ai vu, je bois double ! »

Du côté de Calais, un débat récent radio a mis en évidence que la majorité des gens qui aident les clandestins à survivre sont issus de structures associatives souvent chrétiennes. Voilà des dangereux hors-la-loi, idem les communistes,"les partageux"* idem les musulmans, car un bon musulman est un hors la loi potentiel, un présumé outlaw qui n’a plus sa place sur le territoire français. Et pourquoi ça s’il vous plait ? Parce qu’un bon musulman doit respecter quelques règles de base, parmi lesquelles l’aumône. Normalement un bon chrétien devrait faire la même chose, l’aumône, mais il semble que les bons chrétiens se fassent rares dans les rues et les chemins. Et un croyant qui fait l’aumône, ou qui partage un bout de pain, ou qui aide un frère humain en détresse va tomber sous le coup de la loi s’il n’a pas pris la précaution de s’assurer que le malheureux est bien un malheureux officiel, et pas un malheureux clandestin, ou un clandestin malheureux. C’est comme ça depuis la nouvelle civilisation des années 2009, « aimez-vous les uns les autres, sauf ... » Sauf les imprévoyants qui n’ont pas prévu le passeport pour « être aimable » pour avoir le privilège d’être secouru en cas de péril. Quant aux sauveteurs providentiels, idem, outlaw.

Art L622... délit de solidarité. Interdit, prohibé...  Condamnables celles et ceux pour qui fraternité n’est pas un terme exclusivement estampillé bleu blanc rouge.

Les gens de nulle part
Sont tous de quelque part

Ils ont tout simplement perdu leur paradis
Ils sont les rescapés d’immenses tragédies
Qu’on nomme avec pudeur
Bavures de l’histoire

 

Qui sont-ils ces gens de nulle part ? Qu’est-ce que je pourrais dire à Luc 7 ans, Roman 6 ans Clara 5 ans  ? leur répondre en chanson ? en bande dessinée ?

Un petit garçon est venu me voir tout à l'heure
Avec des crayons et du papier
Il m'a dit "je veux dessiner un homme en couleur
Dis-moi comment le colorier".

Je voudrais qu'il soit pareil à moi, quand je serai grand
Libre très fort et heureux
Faut-il le peindre en bleu, en noir ou en blanc
Pour qu'il soit comme je le veux.


J’ai eu envie de dire :  « Tiens voilà une bonne question, demande à Hugues Aufray la bonne réponse... »

Si tu le peins en bleu, fils, il ne te ressemblera guère
Si tu le peins en rouge, fils, on viendra lui voler sa terre
Si tu le peins en jaune, mon fils, il aura faim toute sa pauvre vie
Si tu le peins en noir, fils, plus de liberté pour lui.

S'il fallait trouver une morale à ma chanson
Je crois qu'il faut dire à tous les enfants
Que la couleur ne fait pas l'homme.


Du côté de Calais, il y a des gens en détresse, il y a des gens qui n’acceptent pas de regarder ailleurs, qui pensent que le devoir de solidarité et la non assistance à personne en danger priment sur les arguties législatives, comme cet article l 622, qui est en contradiction avec les directives européennes. Et je commence à être convaincu que nous sommes tous des européens humains. Y a-t-il des humains clandestins de l’humanité ?

Bon, alors, comment on fait pour reconnaître un clandestin ? ça je sais pas, mais je vais me renseigner. Ce délit de solidarité serait tout-à-fait opposable à Coluche et l’abbé Pierre, mais ils sont intouchables, ils ont émigré vers d’autres cieux. Où on ne demande pas de passeport, ni de visa, ni de carte de séjour. Un jour ou l’autre, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel

 

avec la complicité bienveillante de Georges Brassens (Chanson pour l'auvergnat)    Herbert Pagani (Les gens de nulle part) et Hugues Aufray (Les crayons de couleurs adaptation d'un chanson anglo saxonne, écrite dans les années 60, quand l'apartheid était la loi en Afrique du Sud, et les pancartes White only banales aux USA)

*"les partageux": c'est ainsi qu'on appelait les communistes vers 1900, et dans mon innocence enfantine, j'étais fier de dire au catéchisme que mon grand père était un partageux, un communiste... Le curé a levé les yeux au ciel, pour un curé, c'est assez normal, je ne sais pas ce qu'il y a vu, et s'il a vu quelque chose, il m'a demandé qui était mon grand père... Giovanni Païer, Jean Païer, quoi ! Ah je vois... le curé avait l'air amusé... En ce temps là, c'était Don Camillo et Peppone qui squattaient les écrans de cinéma, et un communiste italien est une sorte d'exception idéologique, qui déteste le Pape, mais irait bien faire les 400 coups avec Jésus et sa bande de va-nu-pieds. Du côté de Calais par exemple.

Commentaires

Citer Aufry dans cet article est quand même une aberration ... lui qui a soutenu Jacques Chirac aux élections présidentielles de 1995 et 2001 et Nicolas Sarkosy en 2007.

Écrit par : djimu | 04/12/2009

je ne me suis pas occupé des opinions politiques affichées des auteurs, mais plutôt sur le souvenir et le ressenti de l'époque. Quand Aufray chantait 'les crayons de couleurs' on ne se posait pas la question de savoir pour qui il votait, le message contenu étant clair, sans équivoque, et universel. Et cette chanson était plus proche des valeurs humanistes que de l'opinion des volailles dans les poulaillers d'acajou.
Peut-être avons-nous été 'trahis' ? je ne crois pas, dans la mouvance autour de l'abbé Pierre par exemple, sur le terrain, les couleurs politiques étaient pour le moins bariolées, dans une convivialité rassurante. L'important me semble être ce que le public retient quand une chanson devient populaire, les étiquettes, quand il y en a, c'est très souvent un angle choisi par la presse, et un angle c'est une vision forcément réduite du paysage.

Écrit par : Norbert Gabriel | 05/12/2009

Ma grand-tante était mère supérieure d'un couvent à Tulle,et j'allais parfois la voir pendant les vacances d'été en Corrèze. Elle m'a raconté qu'elle avait caché des résistants,des juifs...Et aussi des allemands,pendant la guerre,elle ne leur a pas demandé leurs papiers,ils étaient en danger,elle les a protégés,c'est tout."Quand les hommes vivront d'amour...Il n'y aura plus de frontières." Et donc plus de papiers,"mais nous,nous serons morts mon frêre."Un an,déjà! Y aurait il un peu d'espoir ce soir,jour du premier tour des éléctions régionales?

Écrit par : Danièle Sala | 14/03/2010

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