28/03/2009
L'alouette en colère
C’était dans un autre temps, un autre continent, un autre siècle, les années 1970, au Québec.
Et pourtant, cette chanson résonne comme une prophétie... Deux couplets sont spécifiquement québécois, mais le reste est quasi universel, et en tout cas, très « hexagonal »
C’est le dernier couplet qui me squatte la mémoire depuis quelques mois... La colère ...
Et moi je sens en moi, Dans le tréfonds de moi, Malgré moi, malgré moi ,
Pour la première fois, Malgré moi, malgré moi, Entre la chair et l’os , S’installer la colère.
L’alouette en colère
J’ai un fils enragé
Qui ne croit ni à dieu
Ni à diable, ni à moi
J’ai un fils écrasé
Par les temples à finances
Où il ne peut entrer
Et par ceux des paroles
D’où il ne peut sortir
J’ai un fils dépouillé
Comme le fût son père
Porteur d’eau, scieur de bois
Locataire et chômeur
Dans son propre pays
Il ne lui reste plus
Qu’la belle vue sur le fleuve
Et sa langue maternelle
Qu’on ne reconnaît pas
J’ai un fils révolté
Un fils humilié
J’ai un fils qui demain
Sera un assassin
Alors moi j’ai eu peur
Et j’ai crié à l’aide
Au secours, quelqu’un
Le gros voisin d’en face
Est accouru armé
Grossier, étranger
Pour abattre mon fils
Une bonne fois pour toutes
Et lui casser les reins
Et le dos et la tête
Et le bec, et les ailes
Alouette, ah !
Mon fils est en prison
Et moi je sens en moi
Dans le tréfonds de moi
Malgré moi, malgré moi
Pour la première fois
Malgré moi, malgré moi
Entre la chair et l’os
S’installer la colère
Entre l’humeur, l’humour et la chanson, les temps présents m’incitent plus à l’humeur, et à l’humeur grognonne qu’à l’humour pétillant et léger comme un millefeuille de bonne naissance, accompagné d’un champagne du même tonneau.
L’hexagone gaulois m’exaspère globalement, le monde et ses quatre coins me désoblige la géographie élémentaire, tout autant que les quatre coins de l’hexagone me perturbent la géométrie primale.
De quelque côté que je me tourne, ça tourne pas rond, et pour la Terre, c’est préoccupant.
Si elle avait quatre coins, on comprendrait que ça tourne carré, mais pour une presque sphère, c’est embêtant.
O pleure, pleure, ma mère la terre
Des larmes de siècles et de sang
O pleure, pleure des gouttes d'océan.*
La terre est une femme, les guerres sont ses règles,
comme disait Staline aux gars du Ku-Klux-Klan
Ainsi chantait Herbert Pagani en 1972.
Les temps sont difficiles... Y en a marre, eh oui Léo, y en a marre !
On me dit que c’est le printemps, que le joli Mai va chanter, je veux bien le croire, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.
Norbert Gabriel
* Avec Michel Fugain et Claude Lemesle (la bête immonde)
Dernière heure: ce n'est plus de l'humeur, mais de la rage... Un rappeur Orelsan, invité dans des festivals importants a écrit, composé, filmé une chanson dans laquelle il promet à sa copine infidèle "de l'éventrer avec un Opinel". Ladite chanson n'étant pas prévue en scène, les programmateurs maintiennent "leur choix artistique". C'est comme si on invitait Le Pen en disant qu'il ne parlera pas des détails qui fâchent. Le texte de cette hum-chanson est immonde, mais c'est de la création selon les contorsions sémantiques des producteurs. Bon. Et certains commentaires dans les forums parlent d'humour, de liberté d'expression, de banalité dans les conflits conjugaux.
11:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
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